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grâces en ce temps où il les offre toutes pures, afin de nous pardonner, et qu'une malheureuse attache ait plus de pouvoir pour nous rendre coupables que sa Croix pour nous faire Saints! Au moins, Chrétiens, pendant ce temps suspendez vos crimes, je ne demande que quinze jours seulement; essayez si vous pouvez faire trève avec Jésus et vous séparer de cette attache; et après cela, si vous vous ennuyez de Dieu, si sa bonté vous fâche, vous ferez tout ce que vous voudrez. Mais épargnez la Croix de mon Sauveur pendant quinze jours seulement : le terme n'est pas long, et la peine ne sera pas grande. Quand ce ne serait que pour demander la paix à Dieu et pour rendre nos prières plus efficaces, nous en avons besoin. Justice de Dieu, que je vois irritée contre la France, dont je vois descendre les fléaux sur ce royaume, ah! que vous nous donnez de sanglantes lumières pour nous découvrir les nécessités que nous avons du pardon! Ce sont nos péchés qui ont appelé la justice, ce sont nos péchés aujourd'hui qui empêchent la paix. Nous avons beau faire des oraisons de quarante heures; nous en défaisons plus en un quart d'heure par nos péchés que nous n'en ferions en quarante ans. Nous combattons nos prières par nos médisances, par nos impuretés et par nos ambitions. Peut-être, hélas ! que ce sont nos péchés qui allument encore ces feux; et peut-être

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Dieu n'attend-il que notre pénitence pour nous pardonner, après laquelle il sera satisfait. S'il est ainsi, hâtons-nous de donner trève à nos péchés; donnons au Sang du Sauveur quelques larmes de pénitence pour satisfaire à sa justice; ce sera par ce moyen que nous contenterons Fun et que nous préviendrons l'autre. Essayons au moins, pendant ce temps, de rendre nos prières efficaces, en ne continuant pas d'offenser Dieu. Croix adorable de mon Sauveur! c'est à vous à faire la paix entre les hommes, puisque vous avez fait la paix des hommes avec Dieu. Nous venons embrasser votre bois sacré pour vous demander pardon des crimes qui irritent votre colère. Pardonnez à ces pécheurs gémissants, effacez leurs péchés, acceptez leurs prières que je vous adresse de leur part, accordez-leur les grâces nécessaires pour vivre en véritables Chrétiens en ce monde, afin d'obtenir en l'autre la gloire éternelle. C'est ce que je vous souhaite, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

SERMON SUR LE JUBILE, PAR BOURDALOUE.

Exhortamur vos, ne in vacuum gratiam Dei recipiatis. Ait enim: Tempore accepto exaudivi te, et in die salutis adjuvi te. Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc dies salutis.

Nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car Dieu nous dit lui-même, dans l'Écriture: Je vous ai exaucé au temps favorable, et je vous ai aidé au jour du salut. Or, voici maintenant ce temps favorable, voici ces jours de salut. (Dans la seconde Epitre aux Corinthiens, ch. VI.)

C'est ainsi que l'Apôtre saint Paul parlait aux premiers Chrétiens de la grâce générale de leur conversion, et je me sers aujourd'hui de ses paroles, pour vous exhorter vous-mêmes, mes Frères, à recevoir efficacement et utilement la grâce particulière que l'Église vous présente, en vous accordant la plus authentique de toutes les Indulgences, qui est celle du Jubilé; car je puis bien vous dire, comme le Docteur des nations le disait aux Corinthiens, que voici maintenant le temps favorable, que voici les jours de salut, où le Père des miséricordes se dispose à répandre sur nous les bénédictions les plus abondantes. C'est pour cela

qu'il ordonne à ses ministres de vous annoncer ce Jubilé, et de vous l'annoncer à tous, puisque tous, justes et pécheurs, y peuvent et y doivent participer; c'est pour cela que l'Église redouble ses prières et qu'elle vient d'offrir solennellement le sacrifice de l'Agneau. Heureux si nous connaissons le don de Dieu, et plus heureux encore si, pour nos propres intérêts et pour la sanctification de nos âmes, nous en savons faire l'usage que Dieu prétend ! L'Apôtre, après avoir représenté à ceux de Corinthe la sainteté du temps où ils vivaient et où la lumière de l'Évangile commençait à les éclairer, concluait par cette importante leçon: « Ayons donc soin de >> nous comporter comme de dignes disciples de >> Jésus-Christ, et de nous rendre recomman»dables en toutes choses par les jeûnes, par les » veilles, par les travaux » : Exhibeamus nosmetipsos sicut Dei ministros, in laboribus, in jejuniis, in vigiliis. Voilà, mes chers auditeurs, ce que je vous dis moi-même : Prenons bien garde à consacrer ce saint temps où nous entrons, ce temps d'indulgence et de grâce, par les exercices de notre pénitence, par la ferveur de nos oraisons, par toutes les pratiques de la religion et d'une piété vraiment chrétienne. C'est à quoi je veux vous porter dans ce discours, qui sera moins une prédication qu'une instruction sim

1 II Cor., VI, 4.

ple, mais solide. Or, pour vous proposer d'abord tout mon dessein, il y a dans le Jubilé surtout trois choses dignes d'être considérées et que j'entreprends de vous expliquer. Premièrement, ce que c'est que la grâce du Jubilé; secondement, ce qui est nécessaire pour avoir part à la grâce du Jubilé; et, en troisième lieu, ce que doit opérer dans nous la grâce du Jubilé. C'est une Indulgence, et je vais vous montrer en quoi consiste cette Indulgence, et quel en est l'esprit ce sera la première partie; ce qu'il faut faire pour gagner cette Indulgence, et quelles dispositions nous devons y apporter : ce sera la seconde partie; enfin, quels effets salutaires doit produire en nous cette Indulgence, et quels fruits nous devons en retirer: ce sera la conclusion. Daigne le Ciel seconder le zèle qui m'anime, et puissiez-vous bien apprendre à ne pas perdre un avantage si précieux! Adressons-nous pour cela à Marie, et disons-lui: Ave.

Première partie.

Qu'est-ce, Chrétiens, que l'Indulgence du Jubilé? Le Jubilé, dans l'ancienne Loi, était une année de rémission et de grâce pour le peuple de Dieu. Nous en voyons l'origine et l'institution dans le vingt-cinquième chapitre du Lévitique, où Dieu ordonna à Moïse qu'en même temps que les prêtres qui devaient lui succéder dans le ministère auraient fait l'ouverture de

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