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fidèles à éviter les rechutes avec plus de soin que jamais, de peur qu'il ne leur arrive pis, et que, comme dit le Sauveur, leur dernier état ne soit pire que le premier.

Le. sentiment que doit inspirer la grâce reçue, c'est de dire avec l'Épouse: Je me suis lavée, me souillerai-je de nouveau ? Serai-je comme le chien qui ravale ce qu'il a vomi et comme un pourceau qui, après avoir été lavé, se vautre de nouveau dans la boue? ainsi que parle saint Pierre. A Dieu ne plaise !

Nous vous admonestons en Notre-Seigneur, nos chers frères les curés, prédicateurs et confesseurs, de faire de ces vérités le principal sujet de vos instructions dans le temps du Jubilé. Et vous, nos chers frères et nos chers enfants, pour lesquels nous sommes nuit et jour dans le travail de l'enfantement, tâchant de vous engendrer en Jésus-Christ, d'être attentifs à notre parole et du nombre de ces brebis dont il est écrit: Mes brebis écoutent ma voix et me suivent; car en vain écouteriez-vous la voix du Pasteur, si vous ne le suiviez aux pâturages où il vous conduit pour y avoir la véritable vie.

INSTRUCTION SUR LE JUBILÉ PAR MASSILLON.

Pænitemni igitur et convertimini, ut deleantur peccata vestra.

Faites donc pénitence et convertissezvous, afin que vos péchés soient effacés. (Act., III, 19.)

C'est ce que saint Pierre, au sortir du cénacle, disait autrefois à une multitude de Juifs consternés et tous fondant en larmes, après leur avoir reproché le Sang du Juste qu'ils venaient de répandre, et exposé toute l'énormité du crime dont ils s'étaient depuis peu rendus coupables. Il vous reste encore une ressource, mes frères, leur disait le premier dispensateur des grâces de l'Église vos iniquités ont comblé la mesure de vos pères; vous avez rejeté le don de Dieu, vous vous êtes séparés comme des anathêmes de l'espérance d'Israël; mais le Seigneur vient de jeter des regards de miséricorde sur vous; il va répandre son esprit sur toute chair, sur ses serviteurs comme sur ses ennemis, sur les âmes justes comme sur celles qui avaient opéré l'iniquité: le ciel va s'ouvrir sur la terre; des prodiges de grâce et de miséricorde vont enfin sanctifier tout l'univers : Dabo prodigia in cœlo sursùm, et signa in terra deor

sùm. Profitez donc de ce temps de visite et de propitiation, présentez des cœurs brisés de componction à l'indulgence et à la rémission que la bonté du Seigneur vous offre, et ouvrez vos âmes, par les désolations d'une pénitence salutaire, aux grâces dont nous allons être les dispensateurs et les ministres : Panilemini igitur et convertimini, ut deleantur peccata

vestra.

Et voilà, mes frères, ce que nous vous disons aujourd'hui dans une circonstance presque toute pareille : vous avez eu le malheur d'oublier Dieu, de violer sa loi sainte et de crucifier Jésus-Christ dans votre corps, en faisant servir vos membres à des passions injustes; mais voici un temps de salut et de réconciliation; toutes les grâces de l'Église viennent au devant de vous; le don de Dieu, l'effusion de son esprit va sanctifier toute chair; la rémission est offerte à tout pécheur; l'Église, touchée de vos malheurs, ouvre ses trésors pour payer elle-même le prix de votre délivrance: entrez donc dans ses vues de miséricorde et de bonté sur vos âmes; détestez les crimes qui vous ont rendu son indulgence nécessaire; brisez vos cœurs par un repentir qui seul peut vous le rendre utile: plus elle paraît se relâcher de sa sévérité, plus vous devez être touchés de vos misères, et ne pas faire de ses grâces mêmes le motif de votre impénitence: Pænitemini igitur, etc.

En effet, les grâces que l'Église va répandre sur tous les fidèles dans ces jours de miséricorde ne sont accordées que pour suppléer à notre faiblesse, et non pas pour la ménager; pour nous aider dans notre pénitence, et non pas pour nous en décharger; pour récompenser notre componction, et non pas pour l'affaiblir: elles sont donc, et je vous prie de le remarquer, elles sont les suppléments de la faiblesse, les secours de la pénitence, les récompenses de la componction. Développons ces vérités capitales.

Première Réflexion.

Je dis premièrement qu'elles sont les suppléments de notre faiblesse: car c'est une vérité du salut que, par le péché, l'homme devient redevable à la justice divine, et qu'il ne peut plus se réconcilier avec elle qu'en subissant la peine due à son iniquité. Il faut que tout péché soit puni, afin qu'il soit pardonné; mais comme toute la vie d'un pécheur qui a oublié son Dieu devrait être une pénitence continuelle, que toutes les créatures qui ont servi à ses passions devraient devenir les instruments de ses peines; que tous les plaisirs lui sont interdits; que tous les soulagements accordés à l'innocence, ce n'est que par grâce qu'il peut se les permettre; que son corps, qui a toujours servi au péché, ne devrait plus servir qu'à la pénitence, et que

sa faiblesse souvent ne lui permet pas de fournir cette carrière longue et laborieuse, et de réparer par des satisfactions proportionnées l'énormité et la durée de ses égarements, l'Église, toujours attentive à faciliter à ses enfants les voies du salut et de la vie éternelle, leur donne la main, pour ainsi dire, de peur que la rigueur du chemin ne décourage leur faiblesse. Elle offre à la justice de Dieu les trésors dont elle est dépositaire, et rachète à ce prix une partie des malédictions auxquelles le pécheur était condamné; elle reprend, sur la multitude surabondante des mérites de Jésus-Christ et de ses Saints, ce qui manque aux œuvres laborieuses du pénitent infirme et impuissant; et, devenant faible avec les faibles, pour les sauver tous, elle aime mieux suppléer à la faiblesse du pécheur par son indulgence que l'accabler ou le désespérer, en ne relâchant rien de sa sévérité.

Les grâces de l'Église, mes frères, ne sont donc que les suppléments de votre faiblesse. Si vos forces répondent à vos crimes, si votre corps est capable de pénitence, comme il a été capable de péché; si vos membres peuvent servir à la justice, comme ils ont servi à l'iniquité; si vous avez de quoi payer un Dieu irrité, et que cependant vous demeuriez lâchement dans l'inaction, désabusez-vous, mes frères, l'Église ne prétend pas vous décharger de vos dettes,

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