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corpore, et qu'elle rend l'objet des complaisances divines! Une étroite alliance existe entre cette grâce et la présence de l'Esprit-Saint; car si l'âme venait à donner entrée au péché mortel, l'Esprit cesserait d'habiter cette âme infortunée, au moment même où s'éteindrait en elle la grâce sanctifiante.

Mais il veille soigneusement sur son héritage, et il n'y demeure pas oisif. Les vertus qu'il a infusées dans cette âme si chère ne doivent pas demeurer inertes; il faut qu'elles produisent les actes vertueux, et que le mérite qu'elles obtiendront vienne accroître la puissance de l'élément fondamental, fortifier et développer cette grâce sanctifiante qui enchaîne si étroitement le chrétien à Dieu. L'Esprit-Saint ne cesse donc de mouvoir l'âme vers l'action soit à l'intérieur, soit à l'extérieur, par ces touches divines que la théologie appelle grâces actuelles. I obtient ainsi que sa créature s'élève de plus en plus dans le bien, qu'elle s'enrichisse et se consolide toujours davantage, enfin qu'elle serve à la gloire de son auteur qui la veut féconde et agissante.

Dans cette intention, l'Esprit qui s'est donné à elle, qui l'habite avec une si vive tendresse, la pousse à la prière par laquelle elle pourra tout obtenir, lumière, force et succès. « Mais, dit l'A«pôtre, savons-nous comment il faut prier? » А cette question il répond lui-même d'après son expérience: « Ce sera l'Esprit qui demandera pour a nous dans des gémissements inenarrables. » Ainsi le divin Esprit s'associe à tous nos besoins; il est Dieu, et il gémit comme la colombe, afin de mettre ses accents à l'unisson des nôtres. « Il crie

1. Rom. VIII, 26.

<< vers Dieu dans nos cœurs, » dit le même Apôtre 1; nous certifiant ainsi par sa présence et ses opérations en nous que nous sommes les enfants de Dieu. Se peut-il rien de plus intime, et devons-nous nous étonner que Jésus nous ait dit qu'il n'y avait qu'à demander pour recevoir 3, lorsque c'est son Esprit même qui demande en

nous ?

Auteur de la prière, il coopère puissamment à l'action. Son intimité avec l'âme fait qu'il ne laisse à celle-ci que la Hiberté nécessaire au mérite; pour le reste, il la meut, il la soutient, il la dirige, en sorte qu'à son tour elle n'a plus qu'à coopérer à ce qu'il fait en elle et par elle. A cette action commune de l'Esprit et du chrétien, le Père céleste reconnaît ceux qui lui appartiennent, et c'est pour cela que l'Apôtre nous dit encore que << ceux-là sont les enfants de Dieu qui sont con<< duits par l'Esprit de Dieu '. » Heureuse société qui mène le chrétien à la vie éternelle, qui fait triompher Jésus en lui, Jésus dont l'Esprit-Saint imprime les traits dans sa créature, afin qu'elle soit un membre digne d'être uni à son Chef!

Mais, hélas ! cette société fortunée peut se dissoudre. Notre liberté, qui ne se transforme qu'au ciel, peut amener et amène trop souvent la rupture entre l'Esprit sanctificateur et l'homme sanctifié. Le désir malheureux de l'indépendance, les passions que l'homme aurait le moyen de régler s'il était docile à l'Esprit, ouvrent le cœur imprudent à la convoitise de ce qui est au-dessous de lui. Satan, jaloux du règne de l'Esprit, ose faire briller aux yeux de l'homme la trompeuse image

1. Gal. Iv, 6. 2. Rom. viii, 16. 3. Luc. XI, 9. 4 Rom. vIII, 14.

d'un bonheur ou d'un contentement hors de Dieu. Le monde, qui est aussi un esprit maudit, ose rivaliser avec l'Esprit du Père et du Fils. Subtil, audacieux, actif, il excelle à séduire, et nul ne pourrait compter les naufrages qu'il a causés. Il est cependant dénoncé aux chrétiens par Jésus lui-même qui nous a déclaré qu'il ne prierait pas pour lui, et par l'Apôtre qui nous avertit que ce n'est pas l'esprit du monde que << nous avons reçu, mais bien l'Esprit qui est de << Dieu 2. »

Néanmoins un cruel divorce s'opère fréquemment entre l'homme et son hôte divin. Il est précédé pour l'ordinaire par un refroidissement qui se manifeste du côté de la créature envers son bienfaiteur. Un manque d'égards, une légère désobéissance, sont les préludes de la rupture. C'est alors qu'a lieu chez le divin Esprit ce froissement qui montre si clairement l'amour qu'il porte à l'âme, et que l'Apôtre nous rend d'une manière expressive, lorsqu'il nous recommande de ne pas contrister l'Esprit-Saint qui nous marqua de son sceau au jour où la rédemption venait à nous 3. Parole remplie d'un sentiment profond, et qui nous révèle la responsabilité qu'entraîne après lui le péché véniel. L'habitation de l'Esprit-Saint dans l'âme devient pour lui une cause d'amertume, une séparation est à craindre; et si, comme l'enseigne saint Augustin, « il n'abandonne pas « qu'il ne soit abandonné, » si la grâce sanctifiante demeure encore, les grâces actuelles deviennent plus rares et moins pressantes.

Mais le comble du malheur est dans la rupture du pacte sacré qui unissait l'âme et l'Esprit divin

1. JOHAN. XVII, 9.

2. I Cor. 11, 12.

3. Eph. iv, 30.

dans une si étroite alliance. Le péché mortel est l'acte d'une souveraine audace et d'une cruelle ingratitude. Cet Esprit si rempli de douceur se voit expulsé de l'asile qu'il s'était choisi, et qu'il avait embelli en tant de manières. C'est le comble de l'outrage, et l'on n'a pas droit de s'étonner de l'indignation de l'Apôtre quand il s'écrie: « Quel « supplice ne mérite-t-il pas celui qui a foulé aux << pieds le Fils de Dieu, méprisé le sang de l'alliance, et fait une telle injure à l'Esprit de « grâce 1? »

Cependant cette situation désolante du chrétien infidèle au Saint-Esprit peut encore exciter la compassion de celui qui, étant Dieu, a été envoyé vers nous pour être notre hôte plein de mansuétude. Il est si triste l'état de celui qui, en chassant l'Esprit divin, a perdu l'âme de son âme, qui a vu s'éteindre au même moment le flambeau de la grâce sanctifiante, et s'anéantir tous les mérites dont elle s'était accrue. Chose admirable et digne d'une reconnaissance éternelle! L'Esprit-Saint expulsé du cœur de l'homme aspire à y rentrer. Telle est l'étendue de la mission qu'a reçue du Père et du Fils celui qui est amour, et qui par amour ne veut pas abandonner à sa perte le chétif et ingrat vermisseau qu'il avait voulu élever jusqu'à la participation de la nature divine 2.

On le verra donc, avec une abnégation sublime dont l'amour seul a le secret, faire le siège de cette âme, jusqu'à ce qu'il ait pu s'en emparer de nouveau. Il l'effrayera par les terreurs de la justice divine, il lui fera sentir la honte et le malheur où se précipite celui qui a perdu la vie de son âme. Il le détache ainsi du mal par ces premières

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atteintes que le saint Concile de Trente appelle «<les impulsions de l'Esprit-Saint qui meut l'âme <«< au dehors, sans l'habiter encore au dedans 1. » L'âme inquiète et mécontente d'elle-même finit par aspirer à la réconciliation; elle rompt les liens de son esclavage, et bientôt le sacrement de Pénitence va répandre en elle l'amour qui ranime la vie, en consommant la justification. Qui pourrait exprimer le charme et le triomphe de la rentrée du divin Esprit dans son domaine chéri ! Le Père et le Fils reviennent vers cette demeure souillée naguère, et peut-être depuis longtemps. Tout revit dans l'âme renouvelée; la grâce sanctifiante y renaît telle qu'elle était au moment où l'âme sortit de la fontaine baptismale. Les mérites acquis en avaient développé la puissance, mais nous les avons vus tristement sombrer dans la tempête; ils sont restitués en leur entier, et l'Esprit de vie se réjouit de ce que son pouvoir est égal à son amour.

Un changement si merveilleux n'a pas lieu une fois dans un siècle; chaque jour, chaque heure le voient s'accomplir. Telle est la mission de l'Esprit divin. Il est descendu pour sanctifier l'homme, il faut qu'il le sanctifie. Le Fils de Dieu est venu; il s'est donné à nous. Nous ayant trouvés en proie à Satan, il nous a rachetés au prix de son sang; il a tout disposé pour nous conduire à lui et à son Père; et s'il a dû remonter aux cieux pour nous y préparer notre place, bientôt il a fait descendre sur nous son propre Esprit, afin qu'il soit notre second Consolateur jusqu'à son retour. Voici donc à l'œuvre ce divin auxiliaire. Eblouis de la magnificence de ses opérations, célébrons

1. Sess. XIV, Cap. iv.

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