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dans le cœur de sa sainteté la plaie profonde qu'y avaient faite les abus nombreux de la force qu'on avait vu se succéder rapidement dans Rome depuis l'entrée des troupes françaises.

Ce n'était plus le crime qu'on punissait, mais la vertu et les sentimens de fidélité qui font le patrimoine le plus précieux de l'homme d'honneur, sentimens dont la nation française ellemême s'était montrée jalouse dans tous les temps.

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Nuit et jour Pie VII était assiégé par la pensée affligeante que trois de ses officiers de ligne avaient été traduits à la forteresse de Mantoue en récompense de leur fidélité; qu'en récompense également de leur fidélité, les nobles romains composant sa garde-du-corps, avaient été enfermés dans le château Saint-Ange, où ils étaient encore détenus; enfin que c'était aussi à cause de son dévouement et de sa fidélité incorruptible, qu'un prélat d'une intégrité notoire, l'un des principaux ministres de l'autorité, venait d'être déporté et confiné dans une forteresse au milieu des Alpes, exposé au climat rigoureux de la Sibérie du Piémont.

Si les événemens douloureux qui avaient déjà frappé l'àme du Saint-Père, eussent été capables de l'abattre, le coup que venait de lui porter Napoléon aurait déconcerté sou courage; mais sa:

Sainteté y était déjà préparée. Ferme dans sa résolution de ne point trahir ses devoirs sacrés, de ne point déplaire à Dieu pour s'attirer les suffrages des hommes, elle souffrait avec constance la spoliation d'une grande partie de ses Etats. Les armes célestes du Saint-Père semblaient avoir la vertu de le raffermir dans sa persévérance. Tels étaient les remparts spirituels et les traits divins qui le protégeaient contre les machinations des méchans.

Le Saint Père avait protesté en présence de Dieu et à la face du monde catholique et des cardinaux de la sainte église romaine, contre toute Occupation militaire faite par les Français des Etats qui lui avaient été confiés, et qu'il avait reçus dans toute leur étendne, de ses prédécesseurs; tout en reconnaissant que sa souveraineté temporelle n'était ni absolue ni héréditaire, mais simplement élective et de confiance.

C'était en profanant la sainteté même du serment, que Napoléon cherchait à détacher du SaintPère les ecclésiastiques habitant les provinces pontificales envahies. Le serment, tel qu'on l'exigeait des évêques et des curés, ne pouvait être permis par sa Sainteté, d'autant plus qu'on prétendait l'étendre aux lois parmi lesquelles se trouvaient compris le code civil et les fameux décrets organiques destructifs du concordat.

En conséquence, sa Sainteté adressa aux évêques des provinces réunies au royaume d'Italie, une instruction qui fut expédiée et envoyée secrètement. Sa Sainteté déclarait qu'aucun ecclésiastique ne pouvait, sans une injustice manifeste, et même sans une sorte de sacrilége, prêter aucnne adhésion, faveur, coopération et approbation à ce gouvernement intrus et envahisseur;

Qu'il ne leur était point permis de préter un serment absolu, parce que ce serait un serment d'infidélité et de félonie envers le souverain pontife;

Qu'il n'était pas permis non plus d'accepter et bien moins encore d'exercer des emplois et des commissions qui auraient une tendance plus ou moins directe à reconnaître, સ appuyer, à aider et à consolider le nouveau gouvernement dans l'exercice de son pouvoir usurpé;

Enfin qu'il n'était pas permis aux évèques et aux autres pasteurs ecclésiastiques, de se présenter au chant du Te Deum, un tel chant devenant alors plutôt une insulte qu'un acte religieux.

Le serment que prescrivait le Saint-Père était restreint à une promesse de fidélité et d'obéişsance passive qui garantissait néanmoins la sûreté et la tranquillité publique par une déclaration de soumission et de non opposition (1).

se permettraient d'arborer une cocarde étrangère.

Mais ces assurances étaient trompeuses. L'organisation des compagnies civiques fut continuée. A Terni, à Narni, les cocardes aux couleurs du royaume d'Italie furent arborées au détriment manifeste des droits de la souveraineté du Pape, avec un mépris évident de la justice, et au péril de la tranquillité publique.

En vain sa Sainteté adressa les plus vives réclamations contre ce nouvel attentat, qui devait avec tant d'autres frapper d'étonnement la postérité.

Mais le plus grand de tous, mais un attentat qui appelait sur lui l'attention et l'intérêt de toutes les puissances de la terrre, pour la sûreté de leurs représentans et la sauve-garde de leurs dépêches, fut commis dans la personne du cardinal Jules Gabrieli, pro-secrétaire d'Etat, et dans la demeure même de son souverain. Deux officiers français se présentent le 11 juin, par ordre exprès du général Miollis, dans l'apparte ment du cardinal Gabrielli, et mettent les scellés sur le secrétaire qui renfermait les porte-feuilles de son ministère; ils placent en face une sentinelle, et intimemt au cardinal l'ordre de sortir de Rome, dans l'espace de deux jours, pour se rendre dans son évèché de Sinigaglia.

Cette mesure violente fut dirigée contre le ministre de sa Sainteté, en haine de l'influence morale et religieuse qu'exerçait encore le souverain Pontife, par ses instructions paternelles, par sa résignation admirable et par ses malheurs, qui excitaient la sollicitude et la pitié des fidèles.

Le Saint-Père, indigné et outré de l'énormité d'un si grand nombre d'attentats dirigés contre sa personne et contre l'Eglise elle-même, fit siguifier au général français sa réclamation et ses protestations contre des actes aussi révoltans qu'injustes (1).

Tous les jours on se portait à Rome même, et dans les provinces pontificales, à un grand nombre d'arrestations qui renfermaient la violation la plus manifeste du droit des gens, regardé comme sacré par toutes les nations, et qui portaient des blessures toujours plus cruelles à la majesté du souverain Pontife.

Sa Sainteté fut particulièrement sensible à l'ar. restation de M. Riganti, secrétaire de la Sacrée Consulta, déporté dans la ville d'Ancône; de M. Barberi, fiscal du gouvernement, homme

(1) Voyez Pièces justificatives, no 20.

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