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et au chef de la religion, la liberté de publier ses actes et de parler à son peuple par la voie de l'impression.

Une violente persécution fut dirigée en même temps contre ses sujets les plus fidèles. On emprisonna plusieurs officiers des troupes de ligne papales, pour avoir refusé d'être incorporés aux troupes françaises; et ils furent traduits la plupart à Mantoue et dans d'autres forteresses de l'Italie.

Cette rigueur tyrannique pénétra profondément l'âme du Saint-Père; il lui semblait affreux qu'après tant de violations on voulût punir ceux qui, n'étant ni infidèles ni parjures, cherchaient à conserver leur honneur, la seule richesse de l'homme qu'on puisse regarder comme durable et digne de prix. N'était-ce pas la subversion des principes qui doivent être communs à tous les 'hommes?

Sa Sainteté, qui voyait surtout avec surprise et douleur l'incorporation forcée de sa troupe de ligne aux troupes françaises, au mépris de ses réclamations, prit le parti décisif de changer la cocarde au peu de soldats qui lui restaient, afin de rendre ainsi public son désaveu formel. Mais les autorités françaises firent prendre aussitôt cette même cocarde à la garde pontificale.

C'était un outrage de plus fait à la dignité du

Saint-Père. Un seul de ces attentats suffisait pour détruire les prétextes dont s'était servi Napoléon quand il avait dirigé ses troupes vers Rome. Il ne s'agissait plus de purger cette ville de prétendus brigands napolitains, mais de détruire le régime spirituel de l'Eglise, en détachant de son chef suprême les membres nécessaires à la direction des affaires ecclésiastiques, sans en excepter même son grand-vicaire et son premier ministre.

Les personnages immédiatement attachés au service du Pape et à celui de l'Eglise; les cardinaux les plus fidèles, tels que Ruffo Scilla, archevêque de Naples (1); Pignatelli, Saluzzo, Carraciolo, Carraffa-Trajetto et Firao, reçurent l'intimation, par le commandant militaire français, de quitter Rome, et de se rendre à Naples dans le terme de vingt-quatre heures. Quatorze autres cardinaux reçurent, peu de jours après, l'ordre positif de sortir de Rome sous trois jours. C'étaient les cardinaux Valenti, Caradini, Casoni, Crivelli, Joseph Doria, de la Somaglia, Roverella, Scotti, Dugnani, Braschi Onesti, Litta, Galeffi, Antoine Doria et Locatelli.

Le cœur pénétré d'une vive douleur, Pie VII

f1) Voyez Pièces justificatives, no 7.

défendit à chacun d'eux, en vertu de l'obéissance qu'il lui avait jurée, de s'éloigner de Rome s'il n'y était contraint positivement par la force; bientôt la force armée les conduisit hors des Etats du Pape.

Sa Sainteté conféra à d'autres cardinaux, mais seulement comme vicaires, les emplois de ceux qui venaient d'être déportés. Ainsi le pro-secrétaire d'état cardinal Cazoni, fut remplacé par le cardinal Gabrielli; le pro-secrétaire des brefs cardinal Braschi, par le cardinal Antonelli; le pro-camerlingue, Joseph Doria, par le cardinal Vincenti; le pro-secrétaire des mémoriaux, par le cardinal Albani; et enfin le pro-vicaire de Rome, cardinal Somaglia, par le cardinal Dezpuig, espagnol, archevêque de Séville.

Ainsi l'attentat commis par les troupes françaises sur la personne des cardinaux du royaume de Naples s'était renouvelé sur les cardinaux du royaume d'Italie et des domaines réunis de la France.

Il était évident qu'on ne voulait pas seulement détruire la souveraineté temporelle du Pape, mais qu'on attaquait de front le régime spirituel de l'église romaine représentée dans le sacré collége qui forme le sénat du souverain pontife.

Jamais aucun prince chrétien n'avait entrepris d'arracher ainsi par la force tant de coopérateurs

de l'église universelle à son chef; tous les souve rains avaient respecté le caractère éminent qui lie si étroitement les cardinaux au saint-siége.

Pénétré du préjudice qui en résulterait pour le régime spirituel de l'Eglise, Pie VII fit rẻclamer hautement contre des mesures si affligeantes; il demanda la restitution des cardi'naux qu'on lui avait enlevés contre le droit des gens (1).

Après avoir exposé et détaillé tous ses griefs, dans un brefadressé à l'empereur Napoléon (2), le Saint-Père en appelait au droit de tous les peuples, aux devoirs sacrés des souverains, et à ceux des Français eux-mêmes; il en appelait enfin à la justice du Très-Haut. Foulant aux pieds, s'écriait le Pontife, tous les devoirs « sacrés, vous abusez de la force, principale<«<ment au préjudice de l'Eglise; mais songez <«< que vous nous forcerez à faire usage, dans « l'humilité de notre cœur, de cette force mo<< rale que le Dieu Tout-Puissant a mise en nos <«< mains, et que les maux qui pourront en ré<< sulter, tomberont sur votre responsabilité per<< sonnelle. »

Toujours résigné aux volontés du Très-Haut,

(1) Voyez Pièces justificatives, n° 8.
(2) Voyez Pièces justificatives, no 9.

et n'ayant négligé aucun devoir, aucun effort pour détourner la tempête, Pie VII en laissait au ciel la protection spéciale, et confiait à la Providence le jugement de sa propre cause.

Tout annonçait que les autorités françaises allaient s'emparer des rènes du gouvernement pontifical, et que Pie VII n'aurait à opposer qu'une résistance inutilé à ce système perfide" d'invasion.

Dès le 3 avril, le ministre Champagny avait exprimé, dans une note au cardinal Caprara, légat du saint siége, la volonté décisive de Napoléon. Faire entrer le Pape dans une ligue offensive et défensive avec les princes d'Italie, en le menaçant de le dépouiller de son domaine temporel, s'il n'adhérait pas à la ligue, tel était l'objet de cette note ministérielle.

Quatre jours après la notification et avant que le Saint-Père pût en avoir aucune connaissance, un détachement français se présente à la porte du palais Quirinal. Le suisse de garde déclare à l'officier du détachement qu'il ne peut permettre l'entrée du palais à des gens armés, mais qu'il ne la lui refusera pas à lui-même, pourvu qu'il entre seul. L'officier ordonne à sa troupe de faire halte; le suisse ouvre aussitôt la porte, l'officier entre et fait un signe à ses soldats, qui s'élancent en tournant la baïonnette contre le suisse.

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