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afin que, par son canal, elle parvienne à la connaissance de sa cour.

Le soussigné, en exécutant les ordres de son souverain, profite de cette occasion pour renouveler à votre excellence les assurances de sa considération distinguée.

Le cardinal BARTHELEMI PACCA.

N. XXXI.

A Monseigneur le Trésorier.

Du palais Quirinal, le 31 décembre 1808.

LE cardinal pro-secrétaire d'Etat s'est fait un devoir de faire connaître à la Sainteté de Notre Seigneur le désir que M. le général Miollis a manifesté, par votre canal, monseigneur, de se rendre demain à l'audience de Sa Sainteté, conjointement à tout l'état-major, pour lui offrir l'hom mage de leurs félicitations, non seulement comme au chef de l'église catholique, mais encore comme au souverain de Rome.

Sa Sainteté a daigné charger le soussigné de vous répondre qu'elle est sensible à cette pensée de dévouement; qu'elle verrait bien volontiers monsieur le comte Miollis et tous les officiers de l'étatmajor, comme individus de cette nation dont elle ne peut se souvenir sans tendresse et sans complaisance, pour les témoignages non équivoques

qu'elle lui a donnés, de respect et d'attachement; mais que sa tendresse même lui fait désirer de ne pas les voir sous la qualité d'exécuteurs (peut-être contre leurs propres sentimens) d'un plan si ignominieux, et qui avilit trop aux yeux du monde entier l'auguste caractère du chef de l'Eglise et du souverain de Rome.

En conséquence, le Saint-Père veut que vous, Monseigneur, qui avez été l'organe de ces intentions obligeantes, vous fassiez connaître à monsieur le général, et par son canal, à tout l'étatmajor, que le chef de l'Eglise et le souverain de Rome se fait à lui-même une privation, en se refusant à les recevoir, et qu'il n'aime, dans son état d'emprisonnement, qu'à se concentrer dans l'humiliation de son esprit, en présence de Dieu, pour lui dire: << Seigneur, si c'est ainsi que je dois « vivre, et si les rigueurs de ma vie ont leur source << dans de si grandes afflictions, il est bien vrai << que, sous l'apparence de la paix, je souffre une <«< amertume plus grande que toute autre amer<< tume. >>

Tels sont les sentimens précis avec lesquels Sa Sainteté a chargé le soussigné de vous répondre, monseigneur; et il vous renouvelle, en attendant, les sentimens de sa considération la plus distinguée.

Le cardinal BARTHELEMI PACCA.

N.° XXXII.

A M. le général MtoLLis.

Du palais Quirinal, le 5 janvier 1809.

LE cardinal Pacca, pro-secrétaire d'Etat, a reçu l'ordre formel de Sa Sainteté de signifier à votre excellence que, quelque grand qu'ait été son étonnement, en apprenant que, dans la Gazette Romaine, qu'elle a si hautement réprouvée, on faisait croire au public qu'elle autorisait les masques, les banquets et les courses, pendant le temps du prochain Carnaval, son étonnement et sa douleur n'ont pas été moindres, quand elle a su que le commandant militaire français avait fait enlever de force, du Capitole, les barrières qu'on a coutume d'y laisser; qu'il avait intimé au chef conservateur de Rome l'ordre de remplir, pendant le Carnaval, les fonctions accoutumées qui concernent sa place, le menaçant d'emprisonnement en cas de refus; enfin, qu'on se prévaut de l'empire de la force, prenant toute espèce de mesures pour faire exécuter à grands frais les mascarades, les banquets et les courses; obligeant par violence les sujets pontificaux à agir contre la volonté de leur souverain légitime.

Le Saint-Père, au moyen de la notification du

18 décembre dernier, non seulement avait détrompé son peuple sur l'autorisation annoncée par les gazetiers romains ; mais il avait, de plus, rendu manifeste son opposition formelle à d'aussi bruyans spectacles, et il en avait fait sentir les motifs.

Connaissant parfaitement, par une suite non interrompue de preuves consolantes, l'esprit docile, soumis et attaché à sa personne, de ses fidèles sujets, il était assuré que ses intentions auraient été respectées et suivies.

Il devait croire aussi qu'une troupe étrangère, stationnée dans ses Etats, et qui subsiste aux dépens de son trésor, qu'elle a déjà presque épuisé, se serait abstenue de prendre un langage impérieux dans cette circonstance; mais l'événement démontre le contraire.

Votre excellence ne peut ignorer qu'un des attributs essentiels de la souveraineté est de régler les actes populaires : sans cela l'anarchie succéderait à l'ordre social. Les spectacles publics formant un des objets importans de ces actes, les permettre ou les prohiber, est un droit qu'on ne peut rendre indépendant de l'autorité souveraine, à moins qu'on ne veuille tomber dans la contradiction de reconnaître en paroles, et de méconnaître dans les faits, cette même souveraineté.

Une force étrangère quelconque qui s'attribue l'autorité de permettre de pareils spectacles, non

seulement usurpe le pouvoir souverain qu'elle proteste de reconnaître, mais elle se contredit elle même dans ses principes. En permettant ces spectacles, elle attente non seulement aux droits du souverain chez qui elle se trouve, mais elle attente encore aux droits de la souveraineté en général, et aux maximes essentielles de l'ordre politique, en excitant les sujets à secouer le joug de leur souverain naturel. On ne peut pas imaginer un exemple plus fatal à tous les gouvernemens. Si cet exemple est fatal et nuisible, lorsqu'une force étrangère prend sur elle-même le droit d'accorder ce que le souverain de l'Etat n'a pas accordé, à combien plus forte raison sera-t-il fatal et absurde, lorsque ce souverain s'est opposé à la violation de ses droits, et a expressément défendu ce qu'on veut permettre et faire exécuter au mépris de sa volonté ?

Si cet exemple est fatal et absurde, lorsque la force étrangère veut permettre et exécuter ce que le prince a expressément défendu, combien n'est-il pas plus extraordinaire et plus funeste, lorsque cette force ne se contente pás de solliciter les sujets de ce prince à la désobéissance, mais qu'elle les menace encore de punition, s'ils ne se rendent pas coupables d'un délit aussi grave?

Et n'est-ce pas tyranniser la fidélité et la vertu? N'est-ce pas entraîner, par la violence, les peu→

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