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l'ordre qu'il avait reçu, au moyen d'un billet qu'il a écrit en présence de l'officier, et qu'il a fait soumettre à Sa Sainteté.

Le Saint-Père, après avoir lu cet ordre, a daigné descendre dans la chambre du soussigné, et a intimé, d'un ton en même temps résolu et plein de dignité, à l'officier français, d'aller dire de sa part à M. le général, qu'il était fatigué de souffrir les violences et les outrages qu'on faisait, chaque jour, à son caractère sacré qu'il était las de se voir arracher de ses côtés les ministres qui le servent, non seulement en sa qualité de souverain temporel, mais encore en qualité de chef de l'Eglise; que sa volonté expresse était que le cardinal soussigné n'obéit point à l'intimation qu'il avait reçue d'une autorité qui n'a aucun droit sur sa personne; qu'il voulait l'emmener avec lui dans son appartement pontifical, et qu'il partageât dorénavant sa prison. Que, si la force se portait jusqu'à vouloir l'arracher violemment de son sein, il faudrait auparavant enfoncer toutes les portes qui conduisent à son appartement; mais que, un pareil cas, il déclarerait M. le général responsable de toutes les conséquences qui pourraient résulter de cette démarche, tant à Rome que dans l'univers catholique.

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Après que Sa Sainteté a eu chargé l'officier de

faire connaître à M. le général ses sentimens irrévocables, elle a pris le soussigné par la main, et l'a conduit dans son appartement, où elle lui a ordonné de vivre comme elle en qualité de prisonnier.

Le Saint-Père a fait défendre ensuite à sa garde suisse de permettre désormais l'entrée de sou palais à quelque soldat français que ce fût; et, dans le cas où il se présenterail quelque officier, il lui a enjoint d'avoir à lui déclarer, avec toute la civilité possible, que le cardinal soussigné, habitant l'appartement de Sa Sainteté, la décence s'opposait à ce qu'il reçût les officiers français; mais qu'ils avaient la liberté de communiquer avec lui par écrit. Sa Sainteté a enfin ordonné au soussigné de faire connaître ce nouvel événement à messieurs les ministres étangers résidant auprès du SaintSiége, afin qu'ils instruisent leur cour de cette nouvelle violence, des résolutions du Saint-Père et de ses protestations.

Le cardinal soussigné, fidèle exécuteur des ordres qu'il a reçus, prie votre excellence d'agréer les sentimens de sa considération la plus dislinguće.

Le cardinal BARTHÉLEMI PACCA.

N. XXV.

A Messieurs les Ministres étrangers.

Du palais Quirinal, le 7 septembre 1808.

LE cardinal Pacca, pro-secrétaire d'Etat, après avoir communiqué à votre excellence, par l'ordre de Sa Sainteté, la nouvelle de l'attentat auquel on s'est porté hier sur sa personne, doit encore, pour obéir au Saint-Père, vous faire connaître une nouvelle violence que la force militaire française vient de se permettre sur la personne de monseigneur le cardinal Antonelli, doyen du sacré Collége. Hier, vers les deux heures après midi, il s'est présenté chez monseigneur le cardinal un officier français avec huit grenadiers, pour lui intimer l'ordre de son arrestation, laissant des sentinelles à vue devant son hôtel, dans sa salle et dans son antichambre. Deux heures après, l'officier français est revenu pour lui signifier l'ordre de partir de Rome dans la nuit même, sans égard pour son grand âge, pour son caractère d'évêque, ni pour les importans services qu'il rendait à l'église catholique, en qualité de Préfet de la Sacrée Pénitencerie et de secrétaire des brefs. Arraché par la force, il a dû partir vers les six heures de cette nuit, escorté de six dragons français.

La troupe française s'est permis hier une autre violence sur la personne de monseigneur Arezzo, pro-gouverneur de Rome. Ce respectable prélat vaquait aux fonctions de sa charge, dans le palais public du Gouvernement, lorsqu'il vit se présenter un officier français avec trente grenadiers, lequel lui intima son arrestation, et l'obligea de se rendre sur-le-champ à son logis, où il le fit conduire, escorté par quinze grenadiers, gardé étroitement à vue, et privé de la liberté de parler à personne. Ce prélat a été déporté vers les huit heures du soir, suivant ce que l'on prétend, en Toscane.

Beaucoup de gouverneurs des provinces ont été arrêtés et conduits à Rome, pour s'être fidèlement prêtés à l'affiche de la déclaration que Sa Sainteté leur avait ordonné de publier, par laquelle le Saint-Père condamnait l'enrôlement de quelques soldats pontificaux dans une troupe civique portant cocarde italienne et francaise.

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Ce matin on a appris que la force militaire française avait arraché violemment de son diocèse, et conduit à Rome, l'évêque d'Anagni, qui a été enfermé au château Saint-Ange. Le palais Quirinal, la propre habitation de Sa Sainteté, est bloqué par la troupe française ; des sentinelles sont placées nuit et jour autour de sa demeure. On porte l'audace jusqu'à arrêter et visiter les voitures

qui sortent de ce palais. On a arrêté et conduit chez le commandant de la place plusieurs personnes qui en sortaient avec des commissions pour les visiter; comme il est arrivé à un portier de la secrétairerie d'Etat, qui portoit des papiers officiels à la Sacrée Consulte. Une accumulation de tant de violences éclatantes, que l'on ne peut voir s'exercer sans frémir, et qu'on n'entendra point raconter sans frissonner et sans horreur, démontre clairement que la persécution se dirige tous les jours plus directement contre le chef de l'église; que tout tend à lui rendre l'exercice de son ministère apostolique plus difficile, et que l'on cherche tous les moyens pour rompre le frein de sa patience héroïque.

En même temps que le soussigné proteste au nom de Sa Sainteté contre des excès aussi abominables, et qu'il déclare que la persécution, quelle qu'elle puisse être, ne sera point capable d'ébranler ses maximes et ses principes fondés sur la sainte Religion; il a reçu l'ordre de porter tous ces événemens à la connaissance de votre excellence, afin qu'elle puisse en instruire sa Cour.

Le cardinal soussigné, en exécutant les ordres de Sa Sainteté, a l'honneur de renouveler à son excellence les sentimens de sa considération la plus distinguée.

Le cardinal BARTHÉLEMI PACCA,

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