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gner tout scandale public et la surcharge des particuliers,

Enfin, en conservant toujours intactes les maximes énoncées ci-dessus, et sans préjudice des droits incontestables de l'Eglise, Sa Sainteté vous autorise à accorder le pouvoir d'agir tant activement que passivement; de connaître des causes civiles et criminelles, et de les juger, ainsi que celles qui concernent la profanation des églises et lieux sacrés, ou attentatoires aux personnes des ecclésiastiques, et autres revêtues d'immunités. Sa Sainteté accorde ces pouvoirs extraordinaires, uniquement dans la vue de pourvoir aux circonstances actuelles, et d'éviter les dommages qui pourraient résulter pour les parties intéressées, vu qu'elles ne pourraient obtenir justice d'un autre côté que par l'intermédiaire des tribunaux laïques, attendu l'oppression qui empêche le for ecclésiastique d'exercer ses droits légitimes et incontestables. Le Saint-Père vous accorde des pouvoirs aussi étendus pour l'espace d'une année, si toutefois le besoin l'exige durant autant de temps; en ayant l'attention d'exprimer dans les actes respectifs, la délégation expresse que vous avez reçue à cet effet du siége apostolique.

Au reste, Sa Sainteté recommande à votre seigneurie, avec toute la chaleur possible, de redoubler de zèle dans les circonstances actuelles. Elle

compte que votre vigilance pastorale préservera votre troupeau des maximes perverses qu'on voudrait lui inculquer, ainsi que de la corruption des mœurs; en mesurant toutes vos démarches, de telle manière qu'elles ne puissent jamais se trouver en opposition avec la doctrine de l'Eglise catholique, ni porter préjudice aux droits et aux libertés de cette même Eglise.

Voilà tout ce que je suis chargé de faire connaître à votre seigneurie, pour lui servir de règle. Rempli d'estime pour elle, je lui souhaite la félicité la plus parfaite.

Le Cardinal JULES GABRIELli.

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Du palais Quirinal, le 12 juin 1808.

DEUX officiers français se sont présentés hier, vers les trois heures de l'après-midi, par ordre exprès de votre excellence, dans l'appartement du cardinal Gabrielli, pro-secrétaire d'Etat. Ils se sont permis de mettre le scellé sur le secrétaire qui renferme des porte-feuilles de son ministère, de placer en face 'une sentinelle, et d'intimer au

soussigné de partir de Rome dans l'espace de deux jours, pour se rendre dans son évêché de Sinigaglia.

Il est facile de se représenter quelle a été la surprise du soussigné, en voyant un attentat aussi grave; non qu'il en ait été frappé par aucun motif de considération personnelle, mais envisageant uniquement le caractère dont il est revêtu, et le poste qu'il occupe.

En ayant rendu compte hier au soir à Sa Sainteté, le Saint-Père, outré et indigné de l'énormité d'un si grand nombre d'attentats, a expressément ordonné au soussigné de déclarer à votre excellence;

Premièrement: Qu'il était réservé au dixneuvième siècle d'accumuler outrage sur outrage, d'ajouter blessure sur blessure, de fouler aux pieds, sans aucune pudeur, la dignité du chef de l'Eglise, et de sévir avec cruauté contre des innocens déjà opprimés.

Secondement: Que parmi les abus prodigieux qui ont été faits de la force, et dont le souvenir surprendra la postérité, le plus horrible est celui commis hier sur la personne du soussigné, tant en sa qualité de cardinal, d'évêque, qu'en celle de ministre d'état. Abus commis pour un objet purement spirituel, auquel le soussigné n'a eu d'autre part que celle qui lui est prescrite par une obéissance légitime; abus commis contre les lois les plus

sacrées et les plus respectables du droit des gens, reconnues par tous les peuples, et dans tous les temps, depuis qu'il existe une civilisation.

Troisièmement: Que si le domicile d'un ambassadeur étranger auprès d'un autre souverain est réputé sacré; si l'on considère comme une infraction du droit des gens tout acte de violence qui serait commis dans son domicile, que devra-t-on dire de la violence exercée sur la personne du ministre particulier, sur le territoire de son propre souverain, et dans sa propre habitation? Que devra-t-on dire de cette violence, si elle s'est portée jusqu'à s'emparer du dépôt le plus inviolable de la foi publique, tel qu'est le porte-feuille de ce ministre? Que devra-t-on dire enfin de cette violence bien caractérisée par l'audace qu'on a eue de placer une sentinelle chargée de le garder à vue?

Quatrièmement: Que ce ministre n'est pas seulement ministre politique d'un prince temporel, mais le ministre d'un souverain, dont la première qualité est d'être le chef de l'Eglise, et que ce ministre est non seulement chargé du soin des affaires temporelles de son souverain, mais encore des intérêts spirituels de tout l'univers ca tholique.

Cinquièmement: Que l'injure qui lui a été faite, n'est pas seulement la plus grande violation que l'on puisse commettre contre tous les principes

du droit public, mais qu'elle est encore la plus outrageante pour la dignité du premier chef de la hiérarchie, pour la liberté, l'indépendance et la sûreté dont il doit jouir par tous les rapports religieux de sa suprématie spirituelle, qu'on proteste en paroles de vouloir respecter, mais qu'on foule aux pieds par le fait.

Sixièmement: Qu'il reconnaît dans cette action une violence qui n'a point de nom, une violence dont se sont toujours réciproquement abstenus les souverains dans leurs déclarations de guerre, au moment même de l'ouverture des hostilités; une violence contre laquelle, après avoir proteste devant Dieu, Sa Sainteté entend protester hautement en face de l'univers entier.

Septièmement: Que sa volonté expresse est que le soussigné ne s'éloigne point de ses côtés, et qu'il ne se soumette point à l'ordre qui lui a été intimé par une puissance illégitime, qui n'a aucun droit sur lui: que si la force, abusant, suivant son habitude, de ses moyens, et foulant aux pieds les principes les plus sacrés, doit l'arracher violemment de son sein, on verra se renouveler un spectacle qui offre autant de sujets de blâme pour celui qui le donne, qu'il est glorieux pour celui qui en est la victime.

Voilà les sentimens précis du Saint-Père, que

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