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N. XI.

Note de S. Ex. M. de CHAMPAGNY, a son éminence le cardinal CAPRARA, légat apostolique, à Paris.

LE soussigné, ministre des relations extérieures de S. M. l'empereur des Français et roi d'Italie, a mis sous les yeux de S. M., la note de S. E. le cardinal Caprara, et il a été chargé de faire la réponse suivante :

L'Empereur ne saurait reconnaître le principe que les prélats ne sont point sujets du souverain sous le domaine duquel ils sont nés.

toute

Quant à la seconde question, la proposition dont l'Empereur ne se départira jamais, est : que l'Italie, Rome, Naples et Milan, forment une ligue offensive et défensive, afin d'éloigner de la presqu'île les désordres de la guerre. Si le Saint-Père adhère à cette proposition, tout est terminé ; s'il s'y refuse, i annonce, par cette détermination, qu'il ne veut aucun arrangement, aucune paix avec l'Empereur, et qu'il lui déclare la guerre. Le premier résultat de la guerre est la conquête, et le premier résultat de la conquête est le changement de gouvernement; car si l'Empereur est forcé

d'entrer en guerre avec Rome, ne l'est-il pas encore d'en faire la conquête, d'en changer le gouvernement, d'en établir un autre qui fasse cause commune avec les royaumes d'Italie et de Naples, contre les ennemis communs ? Quelle autre garantie aurait-il de la tranquillité et de la sûreté de l'Italie, si les deux royaumes étaient séparés parun Etat, où leurs ennemis continueraient d'avoir une retraite assurée ?

Ces changemens, devenus nécessaires, si le SaintPère persiste dans son refus, ne lui feront pas pour cela perdre aucun de ses droits spirituels; car il continuera d'être évêque de Rome, comme l'ont été ses prédécesseurs, dans les huit premiers siècles, et sous Charlemagne. Néanmoins, ce sera un motif de douleur pour Sa Majesté, que de voir l'imprudence, l'aveuglement, détruire l'ouvrage du génie, de la politique et des lumières.

Au moment même que le soussigné recevait Pordre de faire cette réponse à M. le cardinal Caprara, il recevait aussi la note que son éminence lui fit l'honneur de lui envoyer, le 30 mars.

Cette note a deux objets : le premier, d'annoncer la cessation des pouvoirs du légat du Saint-Siége; de la notifier contre l'usage et les formes ordinaires, et à la veille de la semaine sainte, temps où la Cour de Rome, si elle avait été encore animée d'un véritable esprit évangélique, aurait cru de

voir multiplier les secours spirituels, et prêcher, par son exemple, l'union entre tous les fidèles. Quoi qu'il en soit, le Saint-Père, ayant retiré ses pouvoirs à son éminence, ne le reconnaît plus pour légat.

L'Eglise gallicane rentre dans toute l'intégrité de sa doctrine... Ses lumières, sa piété, continueront de conserver en France la Religion catho lique, que l'Empereur mettra toujours sa gloire à faire respecter et défendre.

Le second objet de la note de son éminence M. le cardinal Caprara, est de demander ses passe-ports comme ambassadeur, Le soussigné a l'honneur de les lui adresser. Sa Majesté voit avec regret cette demande des passe-ports, dont l'usage de nos temps modernes a fait une véritable déclaration de guerre... Rome est donc en guerre avec la France, et dans cet état de choses, Sa Majesté a dû donner les ordres que la tranquillité de l'Italie rendait nécessaires.

Le parti qu'a pris la Cour de Rome, de choisir, pour cette rupture, un temps où elle pouvait croire ses armes plus puissantes, peut faire prévoir de sa part d'autres extrémités; mais les lumières du siècle en arrêteraient l'effet: le temporel et le spirituel ne sont plus confondus. La diguité royale, consacrée par Dieu même, est au-dessus de toute

Le soussigné désire que les observations qu'il a sreçu ordre de transmettre à son éminence M. le cardinal Caprara, puissent déterminer le SaintSiége à accéder aux propositions de Sa Majesté, et il a l'honneur de renouveler à son éminence les sentimens de sa considération distinguée.

CHAMPAGNY.

No. XII.

Réponse de S. E. le cardinal GABRIELLI, pro- secrétaire d'Etat, à la Note de S. E. M. de CHAMPAGNY, adressée à M. LEFEVRE, chargé d'affaires pour PEmpire français.

Du palais Quirinal, le 19 avril 1802.

DEPUIS que vous avez fait connaître, Monsieur, au Saint-Père, que la volonté décisive de Sa Majesté Impériale et Royale est qu'il entre dans une ligue offensive et défensive avec les princes d'Italie, comme son excellence monsieur de Champagny l'avait déclaré par sa note du 3 du courant à monsieur le cardinal Caprara, on a reçu les dépêches de ce cardinal, qui a transmis la note originale dudit ministre.

Le Saint-Père, après l'avoir lue et examinée

attentivement, a ordonné au cardinal Gabrielli, pro-secrétaire d'Etat, de vous manifester ses sentimens sur les articles qu'elle renferme.

Commençant par celui qui forme la base de tous les autres, Sa Sainteté a vu avec peine que la dernière proposition qu'on lui fait d'une ligue offensive et défensive, est accompagnée de la menace d'être dépouillée de son domaine temporel, si elle n'y adhère pas.

Si les considérations humaines étaient le mobile de la conduite du Saint-Père, il aurait, dès le commencement, cédé aux volontés de Sa Majesté, et il ne se serait pas exposé à souffrir tant de calamités; mais le Saint-Père ne se règle que sur la considération de ses propres devoirs, et d'après sa

conscience.

Comme ses devoirs et sa conscience l'ont empêché de consentir à la fédération, ils l'empêchent de même de consentir à la ligue offensive et dẻfensive, qui ne diffère guère de la fédération que par le nom, puisque de sa nature elle n'excepte aucun prince dont le Pape ne puisse devenir l'ennemi, Sa Sainteté trouve même que cet article rend sa -condition pire, au lieu de l'améliorer.

Dans les articles présentés à M. le cardinal de Bayanne, on proposait la fédération contre les seuls Infidèles et les Anglais : mais dans celui-ci on parle en termes généraux; et si l'on n'indique

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