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XXXII.

Calvin chaffé de Genève s'é

XIII.

En 1538 il fit recevoir à Genève un for mulaire de foi & un catéchisme qu'il avoit tablit à Straf- dreffés. Il trouva d'abord de l'oppofition bourg, & y fonde une E- mais avec le fecours de Farel & d'un autre glife pour les hérétique auffi ardent, il vint à bout de faire Ecole de Stur- jurer aux Magiftrats & au peuple, de fui

François.

mius.

vre la doctrine de fon formulaire : ce qui mettoit le sceau à l'apoftafie de cette malheureuse ville. Dans le même tems Calvin écrivit en France, pour faire voir qu'il ne fuffifoit pas d'être attaché intérieurement à fa doctrine, mais qu'il falloit en faire ouver tement profeffion, & renoncer à toutes les pratiques de la Religion Catholique, qu'il traitoit d'idolâtrie. Cependant le Canton de Berne tint un fynode, qui fit perdre à Calvin, au moins pour un tems, l'autorité qu'il avoit dans Genève. Cette Affemblée décida qu'on ne fe ferviroit point de pain levé dans la€êne;qu'il y auroit dans l'église des Fonts Baptifmaux; que l'on célébreroit les Fêtes auffibien que le Dimanche. Calvin à qui ce réglement ne plaifoit pas, demanda qu'avant qu'on le reçût, on écoutât fes raifons dans un fynode qui devoit être tenu à Zurich; & par provifion, il voulut qu'on fe fervit de pain levé; qu'on ôtât des églifes les Fonts Baptifmaux, & qu'on abolît toutes les Fêtes. Cet entêtement de Calvin choqua plufreurs Magiftrats, qui vinrent à bout de le faire chaffer avec Farel, parce qu'ils n'avoient pas voulu célébrer la Cêne felon le réglement du Canton de Berne, Lorsqu'on fignifia à Calvin l'ordre des Magiftrats, il dit que s'il avoit fervi les hommes, il se croiroit mal récompenfé; mais qu'heureu

fement il avoit travaillé pour un Maître qui ne manque jamais de fidélité à ses serviteurs. Il fe réfugia à Strasbourg, où Bucer & Capiton le reçurent avec joie, & obtinrent pour lui des Magiftrats la permiffion de fonder une églife, dont il fut le premier miniftre. Peu de tems après ils le firent auffi nommer Profeffeur de Théologie. Ce qui attira Calvin à Strasbourg, fut principalement la grande réputation du College que Jacques Sturmius venoit d'établir. Cette nouvelle Ecole devint fi floriffante en peu de tems, qu'on y venoit non feulement du fond de l'Allemagne, mais même des autres pays les plus éloignés. Sturmius qui en étoit le Fondateur, étoit né à Srafbourg en 1490 d'une des premieres familles de la ville. Il paffa par les premieres charges, & rendit de grands fervices à la patrie. Comme il étoit très-favorable aux nouvelles héréfies, & que la ville de Strasbourg recevoit avec plaifir les Réformés chaffés de leur pays, Calvin y trouva beaucoup d'agrément, & obtint aisément la permiffion d'y établir'une église pour les François. Il fe maria dans eette ville l'anpée fuivante à une nommée Idelette Burie veuve d'un Anabaptifte. Il n'en eut qu'un fils, qui mourut avant lui. Il fut député par les Réformés de Strasbourg à la Diéte de Ratisbonne qui fe tint en 1541, & où il conféra fur la Cêne, avec Bucer & Melanchton. On croit que ce fut lui qui engagea les Princes Proteftans, à écrire au Roi de France en faveur de ceux qui profeffoient la nouvelle Religion, & que l'on pourfuivoit vivement dans le Dauphiné & la Provence.

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XIV.

Au mois de Septembre de la même ann Calvin rétabli 1541, Calvin fut rappellé à Genève à Genève. Sa la faction qui lui étoit favorable, & Cathéchifme. étoit devenue la plus puiffante. Il fut re Progrès de fa avec de grands témoignages de joie, &

difcipline.Son

nouveaux Syndics lui donnerent un pouv abfolu, pour gouverner leur églife com il le jugeroit à propos. En conféquen Calvin régla la difcipline, à peu près com on la voit encore aujourd'hui dans les ég fes Prétendues - Réformées. Il établit Confiftoires, des Colloques, des Synode des Anciens, (au lieu de Prêtres) des Di cres & des Surveillans. Il dreffa la form des prieres & des prêches, & la maniere célébrer la Cêne, de donner le Baptême & d'enterrer les morts Il établit une juri diction confiftoriale, à qui il prétendit po voir donner le droit d'impofer des pein canoniques, & même de prononcer l'e communication. H compofa auffi un cate chifme latin & françois par demandes & på réponses, fort différent de celui qu'il avoi déja publié, & beaucoup plus ample. Fre. melius Juif, qui faifoit profeffion de Chril tianifme, le traduifit en hébreu, & Henr Etienne en grec. Tous ces changemens fai foient de la peine aux Réformés, & il y e eut plufieurs à Genève qui s'oppoferent l'établiffement de la nouvelle regle de fo & de difcipline. Mais Calvin l'emporta. I fut ordonné dans une assemblée de tout le peuple, que le nouveau catéchisme auroit déformais force de loi; & le clergé & les laïcs s'engagerent pour toujours à s'y conformer. La févérité avec k

quelle ce légiflateur moderne exerçoit fon pouvoir fans bornes & les droits de fon confiftoire, lui attira beaucoup d'ennemis, & caufa même quelquefois du défordre dans la ville; mais le nouvel apôtre ne s'étonnoit de rien. L'orgueil dont il étoit animé le rendoit inflexible dans fes réfolutions. I vouloit qu'on foufcrivit aveuglément à ce. qu'il avançoit, & il fe mettoit en colere contre quiconque ofoit le contredire. L'année fuivante 1542 il reçut un grand nombre d'étrangers, & fur-tout de François, qui abandonnoient leur patrie, pour avoir la liberté de vivre & de penfer fuivant les principes de la nouvelle fecte. En arrivant à Genève ils s'attachoient tous à Calvin, qui de fon côté avoit foin de leur procurer quelques établissemens, & d'empêcher qu'on ne leur fit aucune injuftice. Sa follicitude s'étendoit encore fur d'autres Royaumes, où il avoit déja des partifans, & il n'étoit occupé que des moyens d'en groffir le nombre. XV.

-XXXIV.
Zèle du Rof

Le Roi François I voulant arrêter le progrès du Calvinisme en France, renouvella les Edits qu'il avoit déja publiés contre de France & de ceux qui abandonnoient l'ancienne Reli- Théologie de gion. Les Magistrats eurent ordre d'en faire Paris contre le

la Faculté de

Calvinifme.

une exacte recherche: mais il étoit fort dif- Décret de la

ficile de les surprendre, parce qu'ils tenoient Faculté.
leurs affemblées pendant la nuit d'une ma-
niere très-fecréte. Parmi les Prédicateurs il
s'en trouvoit plufieurs qui étoient infectés
des nouvelles erreurs, & qui les débitoient
dans leurs fermons. C'est ce qui obligea le
Clergé de feconder le zéle du Roi, pour
empêcher les funeftes effets qu'une telle

licence auroit pù produire. La Faculté d Théologie de Paris s'affembla chez les Ma thurins le dix-huitiéme de Janvier 1542 & après la Meffe du Saint-Efprit, ell dreffa des Articles en forme de profeffio de Foi, qui contenoient clairement & di tinctement ce qu'il falloit croire, & ce qu les Prédicateurs devoient enfeigner fur to tes les matieres controverfées. Čomme no fommes obligés, eft-il dit dans ce Décret à l'exemple de faint Paul, de confiderer dangers évidens qui menacent les Chr tiens, par la détestable doctrine de quelqu Prédicateurs, qui ne rougiffent point d'in pirer aux Fidéles par leurs difcours des e reurs pernicieuses: Voulant remédier à un grand mal, autant qu'il eft en nous, fuivant les obligations de notre état, qui nou engage à maintenir la Doctrine falutaire de faintes Ecritures & de l'Eglife Catholique nous avons cru devoir renfermer en abrég fous certains titres quelques Articles Foi que tout Chrétien doit croire, afin qu'o connoiffe plus facilement les opinions d chacun, & ce qu'il faut particuliérement pre cher au peuple dans le tems où nous fom mes. (Beau modéle que donnent ici ces an ciens Docteurs de Paris, pour les tems où fe trouveroit dans l'Eglife des Prêtres qui enfeigneroient des erreurs foit dans leurs fermons, foit ailleurs. Alors le devoir des Théologiens eft d'établir clairement, fuivant la lumiere de l'Ecriture fainte & de la Tradition, les vérités qui font exposées la contradiction, & que l'on voudroit anéantir; s'appliquer enfuite d'une maniere par Liculiére à en inftruire les Fidéles, & les avertir

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