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c'est-à-dire révélé expressément ou virtuellement par la saincte Escriture, ou par la tradition que Dieu a faict passer jusqu'à nous par le moyen de son Église, cela, il y faudra déférer sans réserve, en supposant que c'est le Sainct-Esprit qui parle et qui dirige son Église in omnem veritatem.

D'où il s'ensuit que celuy qui est dans cet esprit de sousmission, quand il croiroit quelque hérésie sans le sçavoir, il ne seroit pas hérétique formel pour cela, et quand il seroit excommunié ou retranché (clave errante), il ne seroit point schismatique non plus.

De plus, comme celuy qui se trompe avec quelque apparence de raison dans la personne du vray pape, en ne le reconnoissant point ou en reconnoissant un antipape, n'est pas véritablement schismatique, parce que son erreur consiste dans le faict et non dans le droit, de mesme ceux qui doutent si un tel concile est œcuménique ou non, et se croyent fondés en bonnes raisons, et en sont si persuadés que leur erreur est moralement invincible dans l'estat présent des choses, ne sont pas hérétiques, pourveu qu'ils reconnoissent sincèrement et de bonne foy le pouvoir des conciles de l'Église catholique. Les exemples ne manquent point; car en France, et en partie en Allemagne, les conciles de Constance et de Basle ont passé ou passent pour œcuméniques; mais les Italiens n'en demeurent pas d'accord. De l'autre costé, le dernier concile de Latran, tenu par le pape Léon X, passe en Italie pour un concile légitime œcuménique; et cependant il y a des catholiques qui en doutent, comme le reconnoist le cardinal Bellarmin, XVI, 2

De conciliorum auctoritate, cap. xш: « De concilio inquit, Lateranensi (ultimo) nonnulli dubitant an fuerit vere generale, ideo usque in hanc diem quæstio superest (de superioritate pontificis respectu concilii) etiam inter catholicos. » Mesme, lorsque le concile de Trente fut terminé, on fit mine en France de ne pas le tenir pour un concile œcuménique, comme le tesmoignent les actes et mémoires qu'on a publiés; et quoyque le clergé ait désiré, dans l'assemblée des estats tenue après la mort de Henry IV, qu'il fust reconnu comme tel par un acte authentique, le tiers estat et les cours souveraines s'y opposèrent. Il est vray néanmoins qu'à présent il semble qu'au moins quoad fidem le concile de Trente est reconnu tacite

ment.

Venons maintenant aux principes des protestans, pour voir s'ils seront réconciliables avec ceux de l'Église catholique et romaine. Or je suppose que c'est dans la confession d'Augsbourg qu'il les faut chercher; car les auteurs particuliers varient trop, les universités mesmes se combattent, et les autres livres symboliques ne sont pas si généralement receus; au lieu que ceux-là mesme qui s'appellent réformés ont protesté hautement qu'ils approuvoient la confession d'Augsbourg, et c'est en vertu de cette déclaration qu'ils ont voulu prendre part à la paix de religion avant celle de Westphalie. Et lorsque les docteurs de Dillingen accusoient les protestans qu'on appelle luthériens de s'estre écartés de la confession d'Augsbourg, et par conséquent d'estre incapables de jouir de cette tolération accordée à ceux de cette confession, les théologiens de Saxe publièrent des livres ex

près, par ordre de l'électeur leur maistre, pour faire paroistre le contraire. Encore depuis peu, le comte Collonitsch (1), évesque de Neustadt, maintenant cardinal et archevesque de Strigonie, primat de Hongrie, ayant ordonné qu'on publiast un livre qui fist voir combien on s'estoit éloigné de ladite confession, un théologien de Saxe, par ordre de l'électeur, n'a pas manqué à soustenir le contraire et à protester qu'on leur faisoit tort. Or les électeurs, princes et villes libres de l'Empire qui ont signé d'abord, et tous les autres rois, princes et Estats qui ont approuvé depuis la confession d'Augsbourg, ont déclaré dès l'entrée de cet ouvrage, qui fut délivré et lu dans la diète d'Augsbourg (1530), en présence de l'empereur Charles V, qu'ils ne refusoient pas le jugement de l'Église déclaré dans un concile général. Car ils disent d'abord que, Sa Majesté impériale ayant tesmoigné dans l'intimation de la diète qu'elle avoit dessein d'entendre les protestans et de tascher de rétablir la concorde, et puis ayant faict proposer à l'ouverture de la diète que chacun exposast son opinion en latin et en allemand, et ayant déclaré ailleurs qu'elle ne pouvoit rien décider en matière de foy, mais qu'elle feroit des efforts auprès du pape pour faire assembler un concile général; lesdicts électeurs, princes et Estats s'offrent en toute obéissance de comparoistre dans ce concile général, auquel ils tesmoignent d'avoir déjà appelé juridiquement et en forme deue; et protestent qu'à moins d'un accord ils n'entendent pas quitter cette appellation

(1) Léopold, comte de Kollonicz, à qui succéda Spinola comme évêque de Neustadt en 1685. N. E.

interjettée ny luy déroger par d'autres traités ou négotiations. Or il est constant que celuy qui appelle à quelque juge en reconnoist la jurisdiction; d'où il s'ensuit que leur engagement subsiste encore, puisqu'ils prétendent que ce concile œcuménique et légitime n'a pas encore esté tenu, et que tous les protestans professent d'estre entièrement dans les sentimens déclarés dans la confession d'Augsbourg; et quoyque les protestans ayent publié les raisons qui les ont empeschés de reconnoistre le concile de Trente comme légitimement tenu, entre autres, parce qu'ils allèguent qu'il a passé outre sans les entendre, cela n'empesche point qu'ils ne soient encore aujourd'huy obligés de se sousmettre à un concile général qui se tiendra en forme deue, à moins que de renoncer ouvertement à la confession d'Augsbourg.

Cette considération, que les docteurs catholiques, en escrivant contre les protestans, n'ont touchée qu'en passant, et sur laquelle ils semblent n'avoir pas insisté assez, a esté reprise en main et poussée par la négotiation de M. l'évesque de Tina, autorisé de la párt de Sa Majesté impériale. Car ledict prélat, ayant eu des lettres de recommandation ou de créance de la part de Sa Majesté impériale, s'est rendu dans les cours de plusieurs électeurs et princes protestans de l'Empire, pour demander une déclaration positive et pour sçavoir d'eux s'ils sont encore dans le sentiment de leurs ancestres et prests de se sousmettre au jugement de l'Église universelle, en cas qu'il plust au pape de faire assembler un concile général et le faire tenir en forme deue, et pour apprendre aussi d'eux, en mesme temps, en quoy, selon eux, cette forme deue doit consister,

et comment ils prétendroient s'y gouverner, afin que ce qu'on feroit ne fust pas élusoire et inutile; offrant les bons offices de Sa Majesté impériale auprès de Sa Saincteté pour cet effect, à l'exemple de Charles V et d'autres grands empereurs.

De plus, ledict prélat a eu ordre et intention de sonder les esprits pour sçavoir s'il ne seroit pas possible de trouver des moyens d'une réunion préliminaire, mais véritable; en sorte que les protestans, particulièrement en Allemagne et en Hongrie et autres pays héréditaires ou propres de Sa Majesté impériale (au bien desquels en particulier, et celuy de la chrestienté en général, il tesmoignoit d'avoir principalement esgard), fussent réconciliés avec la saincte Église catholique, apostolique et romaine, en attendant la décision dudict concile futur, et sans estre obligés tant de se désister d'abord de toutes les opinions rejettées dans le concile de Trente que de signer tous les canons et anathématismes de ce mesme concile de Trente, et sans estre tenu de changer ce qu'il y a de tolérable dans leurs rites et dans leur discipline, pourveu qu'ils fissent ce refus, non pas dans un esprit de désobéissance à l'égard des décisions de l'Église catholique, mais sur l'hypothèse qu'on pourroit regarder chez les catholiques comme une erreur de faict, sçavoir que ledit concile n'a pas esté légitimement tenu; et pourveu qu'ils déclarassent sincèrement et de bonne foy qu'ils révèrent le chef ministériel de l'Église catholique dans le premier des évesques, à qui ils devroient promettre, avant toutes choses, une véritable obéissance filiale; ou enfin pourveu qu'ils avouassent nettement le pou

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