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PRÉFACE

HISTORIQUE ET CRITIQUE

Sur les ouvrages de M. Arnauld, contenus dans ce volume.

ARTICLE PREMIER.

Réflexions, ou Paraphrafe, fur le Pfeaume CXXXVI. Super flumina Babylonis, &c. (I. Claffe, N°, 1, ) ..

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L feroit à fouhaiter que M. Arnauld eût expliqué, ou paraphrafé, tous les Pfeaumes. Quelle lumiere n'étoit-il pas capable de répandre fur ces divins cantiques? Nous en jugeons par la feule paraphrafe qui eft venue à notre connoiffance, & qui eft probablement l'unique. : c'eft celle du Pfeaume 136. Il y a lieu de croire que l'auteur ne l'avoit compofée que pour s'édifier lui-même. Feu M. Girard de Villethierri, de qui nous avons un grand nombre de livres de morale & de piété, destinés à inftruire les différents états de la vie, ayant vu cette paraphrase entre les mains mêmes de M. Arnauld, qui le connoiffoit & eftimoit, la lui demanda, l'obtint, & l'inféra dans fon ouvrage intitulé le Chrétien étranger fur la terre (a). Il n'en donna cependant qu'une partie ; peut-être n'en avoit-il pas vu davantage. Nous donnons l'écrit complet, d'après un manufcrit où M. Arnauld en eft expreffément déclaré l'auteur. On y trouvera d'excellentes réflexions fur les épreuves, les perfécutions, & divers autres fujets également intéreffants, qui y font tous traités avec cette force & cette liberté qu'on a toujours admirées dans l'auteur.

ARTICLE IL

Hiftoire, ou Concorde, des quatre Évangiles. (I. Claffe. N°. 11. )

latine.

I. Nous donnons, après cette paraphrafe, l'Hiftoire & la Concorde des Évan giles. On n'a jamais douté qu'elle ne fût de M. Arnauld. On fait que cette Concorde forte d'ouvrages, qui demande beaucoup d'attention & de jufteffe d'efprit, confifte à mêler & à fondre enfemble les textes des quatre Evangéliftes, pour en faire une hiftoire fuivie de la vie de Jefus Chrift. M. Arnauld y a ajouté quelques notes, pour concilier les contradictions apparentes qui fe trouvent entre les Evangéliftes. Ce fut M. le Maître de Sacy qui confeilla de compofer un ouvrage fur ce plan. Perfuadé que la lecture de l'Ecriture Sainte doit être la bafe & le fondement de toutes les études éccléfiaftiques, il infiftoit en particulier, comme tous les autres Théologiens de Port-Royal, fur l'utilité de faire celle du Nouveau Teftament dans la Concorde, afin de fe former une juste

(a) Hift. de P. R. Par M. Befoigne.T. V, p. 450, 461.

Ecriture-Sainte. Tome V.

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Concorde

idée du miniftere du Sauveur du monde. On goûta fon projet, on en fentit les avantages; & M. Arnauld fut prié de le remplir. Il y travailla à Port-Royal des Champs, où il s'étoit retiré vers 1644, à l'occafion des premiers troubles excités par les adverfaires du livre de la Fréquente Communion. Il fut aidé dans ce travail par François Baudry de Saint Gilles d'Afon, Gentilhomme du Poitou, qui touché par la lecture du livre de la Fréquente Communion, avoit choifi le même lieu pour fa retraite. Il étoit d'autant plus capable de feconder M. Arnauld, qu'il avoit fait de très bonnes études, qu'il favoit la langue grecque, & qu'il avoit fuivi avec fuccès en Sorbonne, le cours des études de Théologie pendant trois ans. (a)

Cette Concorde fut d'abord compofée en latin. Il y en a qui datent la premiere édition de 1651 (b). Nous la croyons de 1653, à Paris, chez Charles Savreux : l'approbation des Docteurs, au nombre de trois, était du 23 Juin de la même année. Savreux en donna une feconde édition, auffi en latin, en 1660. Celle-ci eft corrigée & augmentée par l'auteur anctior, emendation & ornatior. Dans le privilege, accordé pour cette feconde édition le 10 Décembre 1659, on attribue l'ouvrage à M. A. B. Docteur en Théologie, par où on a prétendu cacher, ou défigner, la perfonne de M. Antoine Arnauld, de qui il eft incontestablement. Guillaume Defprez le fit réimprimer en 1678, ou du moins il y mit un nouveau frontispice. Il en avoit paru une troifieme ou quatrieme édition, entiérement conforme à la feconde, en 1675, à Louvain, chez Adrien de Witte, avec l'approbation du fameux Licencié ès Droitsy Nicolas Dubois, Cenfeur des livres, & le privilege de Charles II, Roi d'Efpagne. On en fit une cinquieme à Anvers en 1689; & enfin une fixieme à Liège en 1701, chez Broncart; quoique dans le titre elle ne foit donnée que pour la quatrieme. Le Pere le Long cite ces éditions dans fa Bibliotheque facrée. (c)

II. M. Arnauld traduifit lui-même cette Concorde. Néanmoins dans la prefrançoife. miere édition de cette traduction, donnée en 1669, à Paris chez Saureux, les fix Docteurs qui l'ont approuvée, en défignent l'auteur par ces lettres initiales L. D. M. Leur approbation eft du 28 Août 1669. Dans une feconde édition, qui "fuivit celle-ci de près, qui eft corrigée augmentée des notes & explications de la Concorde latine, le nouvel Éditeur dit en propres termes, dans la courte préface qu'il y a ajoutée, que cette traduction eft de M. Arnauld. La même édition fe trouve dans le troifieme tome de la Bible en latin & en françois, imprimée à Liege en 1701, en trois volumes in folio. Elle eft conforme à la feconde édition. Les autres font celles de Foppens à Bruxelles 1700, & de Guil laume Defprez & J. B. des Effarts, à Paris 1712., Le texte de celle de Foppens. eft le même que celui de la premiere édition. L'Éditeur y a ajouté les notes de la feconde, & une préface particuliere, différente de celle qu'on lit dans les éditions antérieures. Le texte de celle de Paris 1712, eft copié fur la feconde édition, avec les notes, les explications & la préface, traduites de la Concorde latine. Mais on n'y trouve pas la traduction des extraits de S. Auguftin, de S. Jérôme, & de S. Chryfoftome, fur l'autorité, le nombre, les écrits & l'accord des Évangéliftes. Enfin on a çette Concorde', en latin & en françois, dans le tome troisieme de la Bible imprimée à Paris 1717, in-folio. On y a mis la préface de M. Arnauld, avec quelques changements; & l'on en a retranché, fans qu'on en voie la raison, les articles IX, X, & XI.

(a) Hit de R. P. en fix vol. T. IV. p. 107.
(b) Ibid. T. V. p. 450.

(c) Biblioth. facra, in-folio, page 449, col. feconde.

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Il n'y a qu'une voix fur le mérite de cet ouvrage, Monfieur de Tillemont certifie, dans l'avertiffement du I. volume de fon Hiftoire Eccléfiaftique (p. 9.), éorit 40 ans après la premiere édition de la Concorde de Monfieur Arnauld qu'elle a été reçue avec une approbation générale, de l'aveu même de ceux qui en ont voulu depuis faire de nouvelles. Il ajoute, dans fa troifieme lettre au P. Lami (T. 2 in fine, p. 72), qu'elle eft la plus approuvée de toutes, au ju gement même de ce Pere. Le P. Mauduit, dans la préface de fon Analyfe des Évangiles, avoue qu'il a fuivi ordinairement la Concorde de M. Arnauld, comme la plus exacte; mais qu'il l'a néanmoins abandonnée dans quelques occafions. Enfin le favant auteur de la préface de la Bible de Liege, (édit. de 1742,) en donnant la Concorde de M. Arnauld comme la meilleure qui eût paru jufqu'alors, ajoute qu'elle eft feule capable d'accorder toutes les contradictions apparentes que les Athées, les Infideles, & quelques Hérétiques prétendent trouver dans les narrations des quatre Évangéliftes.

Quoique la Concorde latine & la françoife aient M. Arnauld pour auteur, nous nous contenterons de donner la premiere, comme plus complette, pour ne pas furcharger le public d'un ouvrage d'ailleurs très-répandu.

ARTICLE III.

Remarques fur les principales erreurs d'un livre intitulé: L'ancienne nouveauté de l'Ecriture Sainte, ou l'Eglife triomphante en terre, &c. (I. Claffe. N°. 111.)

:

Ces remarques furent compofées dès 1657; mais on ne les imprima qu'en 1665, à Paris, chez Pierre Promé, in-12. Quoique MM. Petit-pied & Faure, dans leur approbation du 18 Février 1664, faffent auteur de cet ouvrage, le Sieur de Bonneval, Eccléfiaftique, on eft affuré qu'il eft de M. Arnauld. Il lui eft attribué formellement dans l'hiftoire abrégée de fa vie par le P. Quefnel (a); dans la vingt-fixieme des nouvelles lettres de M. Nicole (b), & ailleurs. L'écrivain que M. Arnauld réfute, eft le Sieur Nicolas Charpy de Sainte Croix, fameux vifionnaire & fanatique. Il étoit né à Sainte Croix, village fitué près de Louhans, dans la Breffe Châlonnoife (c). Le célebre hiftorien Eudes de Mézeray, qui l'avoit connu, le peint ainfi Il avoit été, dit-il, Sécretaire de M. de Cinq,, Mars, & il étoit hors de fervice quand il fut arrêté à Narbonne. Il s'étoit mêlé de bien des chofes. En 1648, il avoit fait un faux fceau. Deux de fes compagnons furent pris. Un mourut en prifon; l'autre s'évada durant la » guerre, par un trou de la Conciergerie, avec 80 autres prifonniers. Ils avoient accufé Charpy, qui fut pendu en effigie à la Greve. Il fe tint caché pendant près d'un mois, dans une cave, jufqu'à ce que la Cour eût fui de Paris durant la nuit. Dans ce défordre il gagna une guérite, & fe réfugia en "Savoye, où il prit le nom du lieu de fa naiffance. Revenu depuis en France, il fut accueilli à la Cour, & entra dans le Miniftere." Nous voyons en effet que dans un éloge du Cardinal Mazarin, qu'il a écrit & publié en la tin, il prend le titre de Confeiller d'Etat. Mézeray ajoute Maintenant il est tombé en dévotion enthoufiaftique, & fait le Prophete. On en voit la preuve dans deux de fes livres. Le Hérault de la fin des temps, ou l'Hiftoire de l'Eglife triom

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(a) Premiere édit. page 91. Seconde édit. page 108.

(b) Voy. la vie de M. Nicole, par M. l'Abbé Gouget, p. 166, &c.

(c) Voy. le dict. de Moreri, derniere édit. article Sainte Croix.

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phante, in-4. de huit pages feulement, imprimé, fans date, à Paris, par Guillaume Defprez; & l'Ancienne nouveauté, &c. dont il s'agit ici.

Charpy, malgré l'attachement qu'il paroiffoit avoir à fes nouvelles opinions, eut affez de modeftie pour defirer de favoir le fentiment de M. Arnauld fur ce fecond écrit. Dans cette vue il le communiqua à M. Nicolas Thibouft, Prêtre, Chanoine de S. Thomas du Louvre, dont le Chapitre fubfifte aujourd'hui dans l'Eglife de S. Louis du Louvre. M. Thibouft, pour fe conformer à fes intentions, remit l'ouvrage à M. Arnauld, qui l'examina, & le renvoya à fon ami, avec les Remarques que nous remettons au jour. Il y joignit la lettre fuivante, datée du 28 juillet 1657. (a)

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Monfieur. Je vous envoie des Remarques fur le livre que vous m'avez adreffé, de la part d'une perfonne que je n'ai pas l'honneur de connoître, & que vous me témoignez néanmoins avoir defiré de favoir le jugement " que je ferois de fon ouvrage. Je vous avoue que cette déférence m'a embarraffé, & que fi je n'avois confulté que les regles de la civilité ordinaire, j'aurois plutôt cherché des excufes pour ne rien dire, que de m'engager à dire des chofes qu'on pourroit juger ne lui être pas favorables. Mais je croirois lui faire tort, fi je penfois qu'il eût demandé de moi une complaifance humaine, & non pas une déclaration fincere de mes fentiments fur fon li„vre. J'efpere qu'il les prendra de cette forte; & qu'il me fera l'honneur de croire que l'éloignement que j'ai de fes penfées, qui me paroiffent contraires à la vérité, n'empêche point que je ne reffente pour lui au fond de mon cœur, toute l'affection qu'on peut avoir pour une perfonne qu'on ne connoît qu'en J. C. en qui tous les fideles, quelqu'inconnus qu'ils foient entr'eux, ne laiffent pas d'être étroitement unis. Je fuis, &c.

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Les Remarques de M. Arnauld, que M. Nicole (lettre XXVI.) appelle folidement feches, & féchement folides; mais juftes bien faites, n'empêcherent pas le Sieur de Sainte Croix de faire imprimer fon ouvrage cette même année. Mais il en profita dans la fuite; & felon le P. Quefnel, qui pouvoit en être bien informé (Hiftoire de la vie des ouvrages de M. Arnauld) il renonça aux vifions dont fon livre eft rempli. Ce qu'il y a de certain; c'eft que les Remarques de M. Arnauld fur fon écrit, furent bien accueillies du public, lorfque M. Nicole les mit au jour, avec l'avertiffement court, mais très-fenfé, que l'on voit à la tête.

Voici le jugement qu'en porte l'auteur du Journal des Savans, du lundi premier Mars 1666. Nous le rapportérons dans fes propres termes.

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En 1657, dit le Journaliste, il parut un livre fans nom d'auteur (b), ni d'Imprimeur, intitulé: L'ancienne Nouveauté de PEcriture Sainte, qui contient des prédictions de ce qui doit arriver à l'Eglife, jufqu'à la fin du monde. La doctrine qui y eft enfeignée, n'ayant pour fondement que les rêveries de fon auteur, eft plus extravagante que dangereule; car ce nouveau Prophete s'eft imaginé que l'Antechrift doit naître dans ce fiecle, & qu'après » qu'il aura excité une cruelle perfécution contre l'Eglife, fa puiffance fera détruite par un Roi de Juda, auquel il donne la qualité de Lieutenant Géné ral de J. C. fur la terre. Il prétend que fous fon regne, les Juifs fe con

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(a) Cette léttre fut publiée dans la feconde édition des Remarques, &c. en 1735.

(b) Son nom étoit défigné par les lettres initiales, à la fin de l'ép, dédicat. N. C. D. S. C..

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