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concilier avec le Roi. Tout vainqueur qu'il étoit, il demanda la paix, & le Roi vaincu - n'ofa l'accepter, tant il craignoit le Duc de Guife & la Ligue. Guife dans ce temps-là même venoit de diffiper une Armée d'Allemands. Ces fuccès du Balafré humilierent encore davantage le Roi de France, qui se crut à la fois vaincu par les Ligueurs & par les Réformés.

Le Duc de Guife, enflé de fa gloire, & fort de la foibleffe de fon Souverain, vint à Paris malgré fes ordres. Alors arriva la fameuse journée des Barricades, & où ce peuple chaffa les Gardes du Roi, & où ce Monarque fut obligé de fuir de fa Capitale.

Guife fit plus, il obligea le Roi de tenir les Etats Généraux du Royaume à Blois, & il prit fi bien fes mefures, qu'il étoit prêt de partager l'autorité Royale, du confentement de ceux qui repréfentoient la nation, & fous l'apparence des formalités les plus refpectables. Henri III. réveillé par ce preffant danger, fit affaffiner au Château de Blois cet ennemi fi dangereux, auffi bien que fon frere le Cardinal, plus violent & plus ambitieux encore que le Duc de Guife.

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Ce qui étoit arrivé au parti Proteftant près la Saint Barthélemi, arriva alors à la Ligue. La mort des chefs ranima le parti. Les Ligueurs leverent le mafque, Paris ferma fes portes. On ne fongea qu'à la vengeance. On regarda Henri III. comme l'afaffin des défenfeurs de la Religion & non comme un Roi, qui avoit puni des fujets coupables.

Il fallut que Henri III. preffé de tous côtés fe réconciliât enfin avec le Navarrois. Ces deux Princes vinrent camper devant Paris ; & Tom. I.

B

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c'eft-là que commence la HENRIADE.

Le Duc de Guise laiffoit encore un frere; c'étoit le Duc de Mayenne, homme intrépide, mais plus habile qu'agiffant; qui fe vit tout d'un coup à la tête d'une faction inftruite de fes forces, & animée par la vengeance & par le fanatifme.

Prefque toute l'Europe entra dans cette guerre. La célébre Elizabeth, Reine d'Angleterre, qui étoit pleine d'eftime pour le Roi de Navarre, & qui eut toujours une extrême paffion de le voir, le fecourut plufieurs fois d'hommes, d'argent, de Vaisseaux ; & ce fut Dupleffis - Mornay qui alla toujours en Angle terre folliciter ces fecours.

D'un autre côté la branche d'Autriche, qui régnoit en Espagne, favorifoit la Ligue dans l'efpérance d'arracher quelques dépouilles d'un Royaume déchiré par la guerre civile. Les Papes combattoient le Roi de Navarre, nonfeulement par des Excommunications; mais par tous les artifices de la politique, & par les petits fecours d'hommes & d'argent que la Cour de Rome peut fournir.

Cependant Henri III. alloit fe rendre maître de Paris, lorfqu'il fut affaffiné à Saint Cloud par un Moine Dominicain, qui commit ce parricide dans la feule idée, qu'il obéïffoit à Dieu, & qu'il couroit au Martyre; & ce meurtre ne fut pas feulement le crime de ce Moine fanatique, ce fut le crime de tout le parti. L'opinion publique, la créance de tous les Ligueurs, étoit qu'il falloit tuer fon Roi s'il étoit mal avec la Cour de Rome. Les Prédicateurs le crioient dans leurs mauvais Sermons; on l'imprimoit dans tous ces livres pitoyables qui inondoient la France, & qu'on

trouve à peine aujourd'hui dans quelques Bibliothéques, comme des monumens curieux d'un fiécle également barbare & pour les lettres & pour les mœurs.

Après la mort de Henri III. le Roi de Navarre, (Henri le Grand) reconnu Roi de France par l'Armée, eut à foutenir toutes les forces de la Ligue, celles de Rome, de l'Efpagne, & fon Royaume à conquérir. Il bloqua, il affiégea Paris à plufieurs reprises. Parmi les plus grands hommes qui lui furent utiles dans cette guerre, & dont on a fait quelqu'ufage dans ce Poëme, on compte les Maréchaux d'Aumont & de Biron, le Duc de Bouillon &c. Dupleffis - Mornay fut dans fa plus intime confidence jufqu'au changement de Religion de ce Prince; il le fervoit de fa perfonne dans les Armées, de fa plume contre les Excommunications des Papes & de fon grand art de négocier, en lui cherchant des fecours chez tous les Princes Proteftans.

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Le principal chef de la Ligue étoit le Duc de Mayenne: celui qui avoit le plus de réputation après lui, étoit le Chevalier d'Aumale jeune Prince, connu par cette fierté & ce courage brillant, qui diftinguoient particuliérement la Maifon de Guife. Ils obtinrent plufieurs fecours de l'Espagne; mais il n'est question ici que du fameux Comte d'Egmont, fils de l'Amoral, qui amena treize ou quatorze cens Lances au Duc de Mayenne.

On donna beaucoup de combats, dont le plus fameux, le plus décifif, & le plus glorieux pour Henri IV. fut la Bataille d'Ivry, où le Duc de Mayenne fut vaincu, & le Comte d'Egmont fut tué.

Pendant le cours de cette guerre, le Roi

28 Hift. abregée serv. defond. à la Henriade.

étoit devenu amoureux de la belle Gabrielle d'Eftrées ; mais fon courage ne s'amollit point auprès d'elle, témoin la Lettre qu'on voit encore dans la Bibliothéque du Roi, dans laquelle il dit à fa Maitreffe: Si je suis vaincu, vous me connoillez assez pour croire, que je ne fuirai pas ; mais ma derniere pensée sera à Dieu, 5 l'avant-derniere à vous.

Au refte, on obmet plufieurs faits confidérables, qui n'ayant pas de place dans le Poëme n'en doivent point avoir ici. On ne parle ni de l'expédition du Duc de Parme en France, qui ne fervit qu'à retarder la chûte de la Ligue, ni de ce Cardinal de Bourbon, qui fut quelque temps un fantôme de Roi, fous le nom de Charles X.

Il fuffit de dire, qu'après tant de malheurs & de défolation, Henri IV, fe fit Catholique & que les Parifiens, qui haiffoient fa Religion, & révéroient fa perfonne, le reconnurent alors pour leur Roi.

29

L

IDÉE

DE LA

HENRIADE.

E fujet de la HENRIADE eft le Siége de Paris, commencé par Henri de Valois & Henri le Grand, achevé par ce dernier feul. Le lieu de la fcéne ne s'étend pas plus loin que de Paris à Ivry, où fe donna cette fameu fe Bataille, qui décida du fort de la France & de la Maison Royale.

Le Poëme eft fondé fur une Hiftoire connuë, dont on a confervé la vérité dans les événemens principaux. Les autres moins refpectables ont été, ou retranchés, ou arrangés fuivant la vraisemblance qu'éxige un Poëme. On a tâché d'éviter en cela le défaut de Lucain, qui ne fit qu'une Gazette empoulée, & on a pour garant ces vers de Mr. Defpréaux.

Loin ces rimeurs craintifs dont l'efprit flegmati

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Pour prendre Lille, il faut que Dôle foit rendu :

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Et que leur vers exact, ainfi que Mezeray,
Ait fait tomber déjà les remparts de Courtray.

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