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ses études. On l'envoya d'abord à Chalencey où il fut confié aux soins d'un maître savant et vertueux qui lui apprit les premiers élémens de la langue latine. Ensuite il fut envoyé à Langres où il termina ses études sous les Jésuites qui tenoient alors le college de cette ville.

Ses progrès dans les lettres furent extrêmement rapides; mais ils n'étoient pas moins sensibles dans la pratique de toutes les vertus.

Il forma dès-lors le projet d'entrer dans la société des Jésuites où il se sentoit attiré par son zèle pour la religion et par. son amour pour l'étude; et sa vocation ne fit que se prononcer davantage lorsqu'il se trouva dans le collége de Dijon, où il étoit venu pour étudier la philosophie. Ses rares qualités qui se développoient chaque jour davantage le firent remarquer par tous ses professeurs qui devinrent bientôt ses amis et ses collègues.

En effet, il entra presqu'aussitôt dans la Société. Ses parens dont il se séparoit ainsi pour toujours, ne s'opposèrent point à son choix. Leur piété les eut bientôt décidés dans le sacrifice qu'ils faisoient au Seigneur de leur premier né,

Les talens précoces que montroit notre jeune novice, et que ses supérieurs savoient bien apprécier, ne furent pas perdus pour cette compagnie célèbre. I

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avoit à peine atteint sa 21° année, qu'il fut envoyé à Langres pour y professer la rhétorique. Il n'y resta que très peu de temps; il fut envoyé ensuite comme professeur de rhétorique à Verdun, à Pont à Mousson où les Jésuites avoient un collége célèbre, puis à Metz, et enfin à Nancy. Il étoit dans cette dernière ville, lors de la mort du roi Stanislas. Cet événement lui fournit le sujet de quelques pièces d'éloquence et de poésie qui se trouvent dans ses manuscrits. Il professoit encore à Nancy, lors de l'édit qui supprima l'illustre société dont il faisoit partie. Cette suppression lui causa la plus vive douleur; mais s'il s'affligeoit de la destruction d'un ordre auquel il étoit singulièrement attaché, il s'affligeoit plus encore de voir dans cette mesure au moins injuste, le triomphe de l'impiété et de cette philosophie du jour qui, impatiente d'arriver au renversement de l'autel et du trône, se hâtoit d'anéantir d'abord la congrégation qui étoit leur plus ferme appui.

Forcé de se séparer de ses chers confrères, M. Couturier revint dans sa famille; mais il n'y resta pas long-temps: il fut appelé à Paris pour y soigner l'édu cation de deux jeunes seigneurs étran gers. Ces élèves étant peu après retournés dans leur patrie, M. Couturier qui avoit refusé de les suivre, fut appelé par l'E

vêque de Soissons dont il avoit été connu pendant qu'il étoit jésuite. Il fut employé d'abord à une mission qui se faisoit dans le diocèse; et ensuite l'Evêque qui vouloit le fixer près de sa personne, le nomma chanoine de Saint-Vaast. Mais la sévérité de l'édit porté contre les Jésuites, força M. Couturierà revenir dans sa province.

Il y rentra, et fut bientôt après nommé à la cure de Léry dans le diocèse de Dijon. Léry est une petite paroisse composée de quarante à cinquante feux, dont la cure étoit de celles que

l'on nom

moit alors à portion congrue. C'est dans ce petit village que furent relégués des talens et des vertus dignes peut-être de figurer sur un plus grand théâtre. Mais ils n'y furent pas inutiles, et les fruits qu'ils devoient produire ne tardèrent pas à se développer. Bientôt cette petite paroisse changea totalement de face. La régularité et la dévotion y remplacèrent le désordre et la licence qui déjà commençoient à se répandre même dans les campagnes.

Les habitans de cet heureux village jusque-là sans doute fort négligens dans les pratiques de la religion,s'empressoient alors d'assister aux offices de la paroisse où ils étoient attirés moins peut-être par le sentiment de leur devoir, que par le plaisir d'entendre les instructions touchantes de leur nouveau pasteur. Car M.

Couturier savoit mêler aux leçons de doctrine qu'il donnoit à ses ouailles, des réflexions si intéressantes et si bien appropriées à ses paroissiens; il le faisoit surtout d'un ton si pénétré, si plein d'onction, que ses auditeurs, presque toujours attendris jusqu'aux larmes, trouvoient trop tôt écoulé le temps qu'ils passoient à l'entendre, et ne sortoient jamais de l'église sans le désir d'y revenir bientôt pour l'entendre encore.

Ce fut dans les premières années de ce nouveau ministère, que M. Couturier composa le Catéchisme qu'il nous a laissé. C'est un résumé des leçons qu'il faisoit au catéchisme dans son église. Il y appeloit, et il avoit la consolation d'y voir non-seulement les enfans qu'il préparoit à leur première communion, mais les personnes qui l'avoient déjà faite, mais les pères et mères, et les vieillards eux-mêmes. Voilà pourquoi son ouvrage, quoique destiné principalement à la jeunesse, est cependant propre à tous les âges et à toutes les conditions.

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Ce n'étoit pas seulement dans son églique M. Couturier se montroit comme un digne pasteur; chaque jour, chaque instant de sa vie étoit consacré au soin de son cher troupeau. Il employoit ordinairement la matinée au travail de son cabinet; c'étoit dans ces momens qu'il mé

ditoit les instructions qu'il devoit faire à son peuple, et qu'il préparoit les ouvrages que nous avons de lui. La soirée étoit employée à parcourir son village et les hameaux écartés qui en dépendoient. Il entroit chez tous les pauvres, chez tous les malheureux, et jamais il ne quittoit leurs chaumières sans y avoir laissé des consolations, des soulagemens et quelques aumônes.

Il visitoit plus souvent encore ses paroissiens infirmes ou malades; et quelles touchantes exhortations ne leur adressoit-il pas ! Comme il savoit relever à leurs yeux les avantages d'une autre patrie! Comme il savoit ranimer leur espérance en leur montrant le bonheur céleste plus particulièrement promis à ceux qui ont été malheureux sur la terre! Et quand le moment étoit venu de leur administrer les derniers secours de l'Eglise, c'étoit alors qu'animé d'un zèle plus vif encore, il paroissoit à leurs yeux non plus seulement comme un tendre pasteur, mais comme un ange descendu du ciel pour leur en ouvrir les portes et leur en faciliter l'entrée. Nous l'avons vu plusieurs fois remplir cet intéressant ministère ; et nous pouvons dire avec vérité que jamais nous n'avons entendu rien de plus touchant et de plus sublime que les exhortations qu'il adressoit aux mourans,

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