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prétation de la loi, aimaient à l'entendre. Mais bientôt il s'éleva à des travaux plus importans : il prononça des censures contre des villes entières, Capharnaum, Corosaïm, Bethsaïde 86. Rappelant les temps des Isaïe et des Jérémie, il tonna contre les chefs du peuple avec une véhémence dont on s'épouvanterait de nos jours 87. Le peuple alors se plaît à le considérer comme un prophète 88; on l'entend prêcher dans les campagnes et dans les villes sans que personne y mette obstacle; on le voit s'entourer de disciples, à l'exemple de tous les hommes savans de l'époque : quel que soit leur ressentiment, les chefs se taisent, tant qu'il reste dans le droit.

Mais Jésus, en présentant des idées nouvelles, en donnant de nouvelles formes à des idées déjà répandues, parle de lui-même comme d'un Dieu; ses disciples le répètent, et la suite des événemens prouve avec la dernière évidence qu'ils l'entendaient ainsi *. C'était un horrible blasphème aux yeux des citoyens : la loi com

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L'expression fils de dieu était d'un usage ordinaire chez les Hébreux, pour marquer l'homme d'une haute sagesse, d'une haute piété. Ce n'est point dans ce sens que s'en servait Jésus-Christ; elle n'aurait pas causé une si vive sensation. D'ailleurs, si or. allait prétendre, pour en faire un sujet d'accusation contre ces mêmes Hébreux, que Jésus ne se proclamait pas dieu d'une manière expresse, on s'exposerait de leur part à cette réponse: pourquoi donc le croyez-vous ?

mande de ne s'attacher qu'à Jéhovah, l'unique; de ne croire jamais à des dieux de chair et d'os, ayant ressemblance d'homme ou de femme; de ne pas écouter, de ne pas épargner le prophète qui, faisant même des miracles, annoncerait un dieu nouveau, un dieu qu'eux et leur père n'auraient point connu 89. Jésus en effet ayant dit un jour : « Je suis descendu du ciel pour faire toutes ces choses », les Juifs qui jusque là lui avaient prêté attention murmurèrent et s'écrièrent : «< N'est-ce point Jésus fils du charpentier Joseph et de Marie? nous connaissons son père, sa mère et ses frères, pourquoi donc dit-il qu'il est descendu des cieux 9°. » Un autre jour, les Juifs irrités par la même cause prirent des pierres et le menaçèrent; Jésus leur dit : « J'ai fait devant vous de bonnes œuvres par la puissance de mon père, pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider? Ce n'est pour aucune bonne œuvre, lui répondirent les Juifs qui rendent en quelques mots tout le procès, mais à cause de ton blasphème; car étant un homme, tu te fais Dieu "'. »

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* Voilà le fait aussi nettement établi que possible; et remarquez qu'il n'y avait eu jusque là ni prévention ni inimitié dans l'esprit de ce peuple, puisqu'on avait écouté Jésus avec la plus grande attention, puisqu'on n'avait pas mis la moindre hésitation à reconnaître en lui tout ce que le droit public permettait d'y reconnaitre, c'est-a-dire un prophète, un homme bien inspire,

Son langage n'était pas toujours clair. Souvent ses disciples eux-mêmes ne le comprenaient point. Parmi ses maximes, dont les unes offraient la plus grande douceur, il s'en présentait que les Hébreux, qui n'étaient frappés que de leur sens naturel, jugeaient criminelles. «< Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre, je ne suis pas venu y apporter la paix, mais l'épée ; je suis venu séparer l'homme d'avec son père, la fille d'avec sa mère, et la belle-fille d'avec sa belle-mère. L'homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison: il faut quitter pour moi, père, mère, frère, sœur 92. » Enfin, s'il faisait des miracles devant certaines personnes du peuple, ses réponses aux questions des docteurs étaient en général évasives 93.

Sous le rapport politique, il occasionnait des dissensions 9. Un grand nombre de gens de mauvaise vie qu'il avait l'intention de ramener au bien, mais qui inspiraient des craintes au conseil national, se rangeaient autour de lui 95; ses discours les flattaient d'autant plus qu'il prononçait des anathèmes contre les riches. Sachez, leur criait-il, qu'il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux 96 5. » Dans cet état de choses, le conseil délibère; les uns sont d'avis de le regarder

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comme un insensé 97, les autres disent qu'il cherche à séduire le peuple 98. Caïphe, le grandsacerdote, que sa dignité même oblige à défendre la lettre de la loi, observe que ces dissensions seraient pour les Romains une raison d'accabler la Judée, et que l'intérêt de la nation devait l'emporter sur un homme il se constitue son accusateur 99. L'ordre est donné de le saisir. Mais arrêtons-nous sur un fait de la plus haute importance. Le sénat ne commence point par s'emparer de Jésus, comme cela se pratiquerait de nos jours; il commence par rendre après débats un jugement pour qu'il soit saisi 100. Ce jugement est public; il est connu de tous, de Jésus en particulier. Aucun empêchement ne s'oppose à ce qu'il dépasse la frontière : sa liberté dépend en entier de lui-même *. Ce n'est pas tout, ce jugement de prise de corps

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Mais, dit-on, Jésus ne voulait pas s'exiler; il avait depuis long-temps annoncé sa mort comme devant accomplir les prophéties; soit. Mais alors ce sont les prophéties qui l'ont fait mourir et nullement les Hébreux; car si ces Hébreux eussent été plus forts qu'elles, et ne l'eussent pas condamné, les prophéties se seraient trouvées fausses; et si elles s'étaient trouvées fausses, Jésus n'aurait pas été dieu.... Ainsi, en suivant les conséquences du système chrétien, on aurait eu de bien plus grandes plaintes à faire contre les Juifs, si par la non condamnation ae Jésus ils avaient fait manquer toutes les choses annoncées. Avouons donc qu'on les a placés dans une position bien singulière! Condamnaient-ils! ils tuaient Dieu, ils étaient déicides. Ne condamnaientils pas! ils étaient bien plus deicides encore, puisqu'en mettant

a été précédé par un autre jugement, d'admonition. Un jour, Jésus étant entré dans le temple, y prit une autorité contraire au droit commun; puis il prêcha le peuple et s'écria: «< Que ceux qui auraient la foi en lui pourraient faire toute chose; que lors même qu'ils diraient à une montagne, ôte-toi de là et 'jette-toi dans la mer, elle le ferait. » Alors les princes des sacerdotes et les sénateurs allèrent le trouver, et lui dirent: «< Par quelle autorité fais-tu tout cela; qui t'a donné ce pouvoir to1? >>

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Cependant un perfide découvre le lieu où s'était retiré le prévenu; les gardes autorisés par le grand-pontife et par les anciens * accourent le saisir. Un de ses disciples, se mettant en révolte ouverte, abat d'un coup de sabre l'oreille à l'un d'eux, et s'attire le blâme de son maître ***. Dès que Jésus est arrêté l'enthousiasme des apôtres s'éteint: tous l'abandonnent 103. On le conduit devant le grand-conseil où les sacerdotes soutiennent l'accusation. Les témoins déposent, et ils durent être nombreux, puisque

en défaut la vérité des prophéties et des paroles de Jésus-Christ, ils tuaient bien plus directement encore la divinité de JésusChrist lui-même,

* On se souvient que le sénat tenait ses séances sous un des portiques du temple. Dans ce temps là le pontife présidait le sénat, de sorte que les gardes du grand-prêtre, des anciens et du temple, ne sont pas autres que la milice légale.

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