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Il est vraisemblable cependant qu'elle sut mauvais gré à Bossuet de ce qu'il continua à voir quelquefois M.me de Montespan depuis son retour à la Cour. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle vécut dans une disposition peu favorable à son égard jusqu'à l'époque de l'affaire du quiétisme, où, par les conseils de l'évêque de Chartres, elle s'abandonna entièrement à sa conduite et à ses inspirations (1).

Bossuet continua en effet à voir M.me de Montespan; mais c'étoit toujours chez M.mede Thianges, sa sœur, et en observant à son égard la gravité et la dignité de son ministère. * De son côté, M. me de Montespan lui montra constamment autant d'estime que de confiance. Ce fut de sa main qu'elle voulut recevoir tous les gens de mérite qui présidèrent à l'éducation de ses enfans. L'amitié qu'elle conserva toujours pour lui fut si inaltérable, celle de Bossuet étoit si désintéressée, que lorsqu'elle quitta la Cour en 1687 pour se retirer à Saint-Joseph, il continua à la voir encore plus souvent, surtout depuis qu'elle se fixa entière

et

(1) C'est ce qu'on voit par une note manuscrite de l'abbé Fleury. « Par-là (par l'affaire du quiétisme), M. de Meaux, écrit l'abbé » Fleury, rentra en commerce avec M.me de Maintenon, qui » étoit aliénée depuis quelques années ».

* Mts. de

Ledieu.

ment dans cette retraite. Elle avoit laissé à Versailles M.lle DE BLOIS, sa fille, entre les mains de

M.

me de Maintenon; et à l'époque du mariage de cette princesse avec M. le duc de Chartres, depuis duc d'Orléans et régent du royaume, M.me de Montespan se montra quelquefois au PalaisRoyal, mais jamais à la Cour. Se trouvant en 1695 à Frênes, diocèse de Meaux, elle alla voir Bossuet à Germigny avec l'abbesse de Fontevrauld sa sœur, la duchesse de Nevers sa nièce, et le duc de Nevers. M.me de Montespan mourut en 1707, trois ans après Bossuet, à l'âge de soixante-six ans.

Lors même que M.me de Montespan eut entièrement quitté la Cour, ce fut toujours Bossuet que Louis XIV consulta pour le choix des instituteurs qu'il vouloit donner aux princes ses enfans. Nous avons sous les yeux une lettre qu'il lui écrivit de sa propre main en 1691. Les expressions affectueuses et sensibles dont il se sert à son égard, montrent tout le goût et toute l'estime qu'il avoit pour lui; on sait que Louis XIV étoit encore plus réservé dans ses lettres, que dans son maintien et dans ses discours. Cette lettre offre également une nouvelle preuve de l'attention. qu'il apportoit aux plus petits détails de sa fa

mille et de son gouvernement jusque dans le tumulte des camps et au milieu des mouvemens d'une armée.

« Au camp près de Mons, 11 avril 1691.

XI.

Lettre de Louis XIV à

» Je suis persuadé que la prise de Mons et mon >> retour à Versailles vous feront plaisir. Je vous Bossuet, co» ai dit devant que de partir, que je ne souhai- piée sur l'original. » tois pas que l'abbé Girard retournât auprès du » comte de TOULOUSE, et que je vous ferois savoir » mes intentions avant que d'arriver. Faites-lui » entendre ce que je désire, et l'assurez en même » temps que j'aurai soin de lui (1). Songez à quel» qu'un pour mettre à sa place, afin que je puisse » l'établir à mon arrivée, ou peu de jours après, » auprès du CoмTE. Je serai à Versailles le mardi

>>

d'après Pâque, s'il n'arrive rien qui m'en empêche. Prenez vos mesures là-dessus, et croyez » qu'on ne peut avoir plus d'estime que j'en ai » pour vous, jointe à beaucoup de confiance. >> LOUIS ».

Peu de temps après que Bossuet eut prononcé le discours de la profession des vœux de M.me de la Vallière, la France perdit* celui de ses capitaines qui a laissé la plus longue et la plus honorable mémoire, celui dont ses contemporains

(1) Louis XIV le nomma quelque temps après à l'évêché de Poitiers.

*Le 27 juil

let 1675.

* M.me de ont dit, «* qu'on ne pouvoit ni l'aimer, ni étre Sévigné. » touché de son mérite sans en être plus honnéte » homme, et que jamais homme n'a été si près » d'être parfait ».

me

Bossuet fut long-temps inconsolable, ajoute M.me de Sévigné; car, lorsqu'on parle de la mort de M. de Turenne, c'est toujours de M. de Sévigné qu'il faut emprunter les expressions de la douleur publique et des douleurs particulières. Turenne étoit resté l'ami et l'admirateur de Bossuet après avoir été son disciple, et si Bossuet ne fut point appelé à rendre à la mémoire de Turenne les derniers honneurs dans sa pompe nèbre, il l'a encore plus honorée, lorsqu'en présence même du cercueil du grand CONDÉ, il a établi entre ces deux fameux capitaines ce beau parallèle, qui laisse la postérité encore indécise sur la prééminence qu'elle doit accorder à l'un ou à l'autre.

fu

FIN DU LIVRE CINQUIÈME.

HISTOIRE

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