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* Mts. de Ledieu.

mais à aucun devoir de bienséance. Les ministres

et tous les grands de la Cour vouloient être comptés au nombre de ses amis, et la bienveillance même des princes venoit le chercher jusque dans sa retraite.

<< * Il vécut à la Cour avec la frugalité et la mo» destie dont il a fait profession toute sa vie. Sa » table étoit servie d'une manière convenable, >> mais sans délicatesse et sans profusion; ses meu»bles très-simples, son équipage modeste, sa >> maison peu nombreuse et composée des seuls domestiques nécessaires à son service. Sans >> faste, sans ostentation, sans vains amusemens, » il ne parut jamais rien sur sa personne que de » grave et de sérieux; on eût cru voir un simple >> ecclésiastique »>.

>>

Bossuet n'étoit pas seulement à la Cour le précepteur du Dauphin. Déjà placé par l'opinion publique au premier rang des grands hommes d'un grand siècle, sa renommée avoit fixé autour de lui un certain nombre de disciples choisis, qui s'honoroient d'être admis à l'école d'un tel maître. La plupart étoient ecclésiastiques, et attachés à la Cour par les fonctions qu'ils y exerçoient; quelques magistrats et des gens de la Cour qui partageoient le même goût pour l'étude et la retraite, étoient aussi admis dans cette société si distinguée.

Tous ces hommes plus ou moins célèbres, que leur rang et leur profession sembloient devoir rendre étrangers à un genre de vie si grave et si sérieux, venoient se réunir tous les jours chez Bossuet à une heure marquée. Lorsque le temps et la saison le permettoient, ils se rendoient tous ensemble à la promenade pendant les séjours de la Cour à Saint-Germain, à Versailles et à Fontainebleau.

Pendant toute sa vie et même au dernier voyage que Bossuet fit à Versailles, peu de mois avant sa mort, pendant l'été de 1703* « il ne » parut jamais à la Cour dans les promenades » publiques, qu'environné de l'élite du clergé ». Les générations s'étoient succédées; d'autres disciples avoient remplacé les premiers disciples de Bossuet; mais il étoit toujours resté le chef et l'oracle de cette école de religion et de science.

>>

« * C'étoit un spectacle imposant pour tout cé qui habitoit Versailles, de voir jusqu'à la fin de » sa vie ce vieillard vénérable par ses cheveux » blancs, et plus encore par tant de travaux et de gloire, se promener, suivi de ce nombreux » cortége, dans les allées du petit parc de Ver»sailles, et surtout dans celle que toute la Cour >> étoit convenue d'appeler l'allée des Philoso» phes, » pour consacrer en quelque sorte le sou

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* Ibid.

* Ibid.

Ledieu.

venir des promenades de Bossuet et de ses dis

ciples.

Ces philosophes (1) étoient, comme on l'a dit, Fénélon, l'abbé Fleury, Pélisson, l'abbé Renaudot, l'abbé de la Broue, l'abbé de Langeron, l'abbé de Saint-Luc, la Bruyère, l'abbé de Lon*Mts. de guerue, Cordemoi et quelques autres. «< * C'étoit » dans ces promenades qu'on voyoit Bossuet ré>>soudre les difficultés qu'on proposoit sur l'E>>criture sainte, expliquer un dogme, traiter » un point d'histoire ou une question de philosophie. Là régnoit une entière liberté. On par>>loit de tout indifféremment sans gêne, sans prétention. Aux plus graves discussions sur la » religion et sur la philosophie se mêloient des » réflexions sur les nouveaux ouvrages de litté>> rature qui occupoient le public; et souvent >> Bossuet, entraîné par son goût pour tout ce qui étoit grand et sublime, récitoit avec une » mémoire imperturbable les plus beaux mor» ceaux des poètes anciens et modernes ».

* Ibid.

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>>

Quelquefois même avec cette simplicité naïve que n'exclut pas le génie, «<* il laissoit lire de» vant lui quelques fragmens de ses propres ou» vrages; il recueilloit les observations de tous

(1) Il est assez piquant d'observer comment en moins d'un siècle, ce nom de philosophe a changé d'acception.

>> ceux qui l'écoutoient; il profitoit de leurs avis » pour y faire tous les changemens et toutes les » corrections qu'on paroissoit désirer. C'est ainsi, » ajoute l'abbé Ledieu, que fut lue et corrigée » en 1703, aux promenades qu'il fit pendant son » dernier séjour à Versailles, sa Politique sacrée, » à laquelle il mettoit la dernière main, et qu'il » étoit prêt à publier ».

L'abbé de Choisy, revenu de ses voyages et des égaremens de sa jeunesse, alors occupé d'études plus sérieuses, ne parle qu'avec enthousiasme du bonheur qu'il a trouvé à entendre Bossuet, et à vivre avec lui.

>>

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* Quels agrémens dans sa société ! quelle *Eloge de égalité dans son humeur ! quels charmes dans Bossuet par

l'abbé de

» sa conversation! nous y apprenions toujours en Choisy.
» nous réjouissant sans cesse, chacun avoit la
» liberté d'y mettre du sien; le maître de la mai-
» son ne vouloit point de préférence; et si la su-

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périorité de son génie ne l'avoit pas fait recon>>noître, sa modestie l'eût fait oublier ».

II.

Conféren

Ces promenades philosophiques, qui rappellent en quelque sorte celles de Platon et des pre- ces sur l'Ecrimiers fondateurs des écoles de la Grèce, avoient ture sainte. commencé dès 1673, à Saint-Germain, où la Cour étoit encore fixée pendant les hivers (1); il

(1) Dès 1672, Louis XIV fixa son séjour à Saint-Germain pen

n'y avoit point alors les après-midi d'office divin les dimanches ni les fêtes à la Chapelle du château. Ce fut pour en tenir lieu, que Bossuet proposa à ses disciples de consacrer leur promenade accoutumée à l'étude de l'Ecriture sainte ; et comme on étoit alors dans l'avent, ce fut par la lecture des prophéties d'Isaïe, que l'on commença ce grand travail.

On se servit d'un exemplaire de la grande Bible de Vitré, qui appartenoit à Bossuet, et dont les marges offroient tout l'espace nécessaire pour recevoir les notes, qui devoient être le résultat de ces utiles discussions; l'abbé Fleury fut choisi pour tenir la plume, et transcrire au retour de chaque promenade les notes à la marge, à mesure qu'elles étoient convenues et arrêtées (1). Ces promenades et ces lectures continuées pendant une longue suite d'années, produisirent les notes et les commentaires de Bossuet sur les différentes parties de la Bible.

dant les hivers, et il alloit passer les étés à Versailles. Cette dis'position subsista jusqu'en 1682. Mais depuis l'été de 1682, Louis XIV s'établit entièrement à Versailles, et ne fit plus aucun séjour à Saint-Germain.

(1) Cet exemplaire de la Bible de Vitré, qui appartenoit à Bossuet, et sur lequel sont inscrites les notes de l'abbé Fleury, et quelques notes de la main de Bossuet, appartient aujourd'hui à un libraire de Paris nommé Brajeux.

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