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que
le cardinal d'Estrées voulut en cette occa-
sion favoriser les Jésuites qu'il affectionnoit.

Ces religieux se voyoient obligés à leur tour de se défendre contre cette même assemblée, dont le père de la Chaise avoit secondé avec zèle les premiers mouvemens. La plupart des propositions dont Bossuet provoquoit la condamnation étoient extraites des ouvrages de plusieurs casuistes de leur société. Il étoit d'autant plus affligeant pour elle d'avoir à expier les torts de quelques-uns de ses membres, que l'on convient généralement que nul ordre religieux ne se rendit plus recommandable par la régularité des mœurs et par la sévérité de son régime.

La séparation imprévue de l'assemblée affligea Bossuet, mais ne le découragea pas. Il étoit si pénétré de la nécessité de venger l'honneur de l'Eglise catholique compromis par les maximes des casuistes, qu'il prit le parti d'envoyer tout son travail à Rome. Il se flattoit que le Pape l'adopteroit, et lui imprimeroit le sceau de l'autorité du saint Siége sous la forme d'une bulle solennelle, qui pourroit être reçue dans tous les pays catholiques.

XXV.

Elle est suspendue par la séparation

de l'assem

blée.

*T. XXXVII des OEuvres

Il expose sa pensée, ses espérances et ses vues dans une lettre à M. Dirois, en date du 13 juil- de Bossuet,

let 1682 *.

P. 262.

On m'avoit chargé dans la commission de faire » un projet de censure et un de doctrine. Nous » prétendions par-là donner une pleine instruc» tion à nos prêtres contre ces damnables doctrines, dont presque tous les livres de morale » sont infectés depuis près de cent ans. Notre >> intention étoit d'envoyer le tout au Pape, prin»cipalement la censure, pour en demander la » confirmation à Sa Sainteté, et la supplier de » nous la donner; ou en tout cas de censurer » les propositions par une bulle en forme, que >> nous eussions reçue avec toutes les marques » de respect qu'on peut jamais rendre au saint Siége.

>>

» Nous avions réduit en chapitres les proposi»tions pour une plus grande commodité. Les qua»lifications projetées étoient fortes, mais modé»rées, et sans rien outrer; soutenues presque » toutes par des passages précis de l'Ecriture, et >> par une doctrine qui eût éclairé l'esprit. C'étoit >> du moins notre dessein.

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» Le corps de doctrine eût achevé ce que la » censure seule n'auroit pas pu faire; parmi les >> propositions condamnées, nous aurions mis » toutes celles d'INNOCENT XI, et celles d'ALEXAN>> DRE VII; nous n'en aurions omis que quelques>>unes, ou qui n'étoient point dans nos mœurs,

» ou que nous ne jugions pas à propos d'étaler ici » aux hérétiques, qui en auroient fait des sujets » de raillerie.....

>> On n'eût pas pu s'empêcher de marquer qu'on » désiroit sur ces matières un décret dans une » autre forme que celle qui a paru; car vous savez » qu'on ne peut jamais reconnoître ici le tribu»nal de l'inquisition; mais on l'eût fait avec tout » respect, et seulement pour ne point donner un

» titre contre nous.....

» Voilà le projet, qui apparemment auroit été » suivi, puisqu'on en étoit déjà convenu avec » M. de Paris, et avec les meilleures têtes de l'as» semblée. C'est de quoi j'ai voulu vous instruire » pour que vous puissiez, en tant que vous pour» rez, exciter les prélats de la Cour de Rome à » achever l'ouvrage d'ALEXANDRE VII et d'Inno» CENT XI; car encore que ce qu'ont fait ces deux >> papes soit grand, ce n'est rien faire que de » laisser soupirer encore la probabilité, déjà en» tamée à la vérité, mais toujours venimeuse » quoique traînante, et qui bientôt se rétablira >> si on ne l'achève.....

>> Mandez-nous les nouvelles courantes sur la » paix (avec la Cour de Rome). Nous souhai>> tons qu'elle soit prompte, et qu'on n'ait jamais » besoin de nous rassembler pour de si malheu>> reux sujets ».

XXVI.

blée de 1682

livre de l'Exposition.

Mais INNOCENT XI étoit si exaspéré contre l'assemblée de 1682, qu'on ne put jamais le faire consentir à adopter un travail qui étoit l'ouvrage de cette assemblée. Bossuet sentit lui-même qu'on insisteroit vainement auprès d'un pontife aigri par ses préventions. « Pour la morale, écrivoit-il, » je conçois bien que ce n'est pas le temps d'en » parler à Rome; il faut vider les autres affaires >> auparavant ».

Mais nous verrons Bossuet reprendre ce grand ouvrage au bout de dix-huit ans, et le conduire à sa perfection dans l'assemblée de 1700.

Bossuet eut l'honorable satisfaction de voir L'assem- l'assemblée de 1682 imprimer le sceau de son approuve le approbation à son Exposition de la foi catholique; elle proposa cet ouvrage comme une des méthodes les plus utiles à l'instruction des hérétiques. Ce fut en cette occasion que M. de Harlay, qui s'étoit refusé jusqu'alors à attacher son nom à tant de noms illustres que Bossuet' comptoit parmi ses approbateurs, se vit en quelque sorte forcé par le vœu de l'assemblée à rendre cet hommage tardif au mérite d'un tel ouvrage.

FIN DU LIVRE SIXIÈME.

HISTOIRE

DE BOSSUET.

LIVRE SEPTIÈME.

Genre de vie de Bossuet dans son diocèse et

dans son intérieur.

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