Obrazy na stronie
PDF
ePub

» un de ses principaux ministres, sait mieux que » personne que l'engagement que j'ai pris, se ré» duisoit à ne pas faire exécuter l'édit de 1682. » On lui a supposé contre la vérité, que j'ai » contrevenu à l'engagement pris par la lettre » que j'écrivis à son prédécesseur; car je n'ai » obligé personne à soutenir contre sa propre opi»nion les propositions du clergé de France. Mais » il n'est pas juste que j'empêche mes sujets de » dire et de soutenir leurs sentimens sur une ma»tière qu'il est libre de soutenir de part et d'autre, » comme plusieurs autres questions de théologie, » sans donner la moindre atteinte à aucun des » articles de foi.

» Sa Sainteté n'est donc pas fondée à se plaindre » que je manque aux engagemens que j'ai pris » avec son prédécesseur; mais j'aurois moi-même » de trop justes sujets de me plaindre qu'elle ne » satisferoit pas aux concordats faits entre le » saint Siége et ma couronne, si elle persistoit à refuser des bulles à un sujet dont la doctrine ne » peut être reprise. Je ne puis sans peine envi»sager les suites d'un semblable refus, et je m'as» sure qu'un pape aussi plein de zèle et de lu» mières en sera lui-même assez frappé pour se » désister d'une prétention toute nouvelle, et sur

[ocr errors]

3

laquelle je ne puis admettre aucun expédient ».

Le chancelier d'Aguesseau ajoute « que la lee»ture de cette dépêche détermina le Pape à >> donner les bulles de l'évêché de Beauvais à » l'abbé de Saint-Aignan, sans exiger de lui au» cun désaveu, ni aucune satisfaction des propo»sitions de l'assemblée du clergé de 1682 (1)».

Quoi qu'il en soit, « la lettre de Louis XIV à >> INNOCENT XII fut le sceau de l'accommode» ment entre la Cour de Rome et le clergé de » France ». Les notes manuscrites de l'abbé Fleury nous apprennent, que trois projets de la lettre des évêques au Pape furent présentés et soumis à l'examen des archevêques de Paris, de Reims, du coadjuteur de Rouen (Colbert) et de Bossuet. Un de ces projets fut adopté, et ce fut à peu de chose près celui que Bossuet avoit approuvé et corrigé.

Il eût été à désirer que l'abbé Fleury eût fait connoître avec plus de précision ce qui appartient véritablement à Bossuet dans le projet de

(1) Ce ne fut cependant qu'au mois de septembre suivant que CLÉMENT XI accorda ces bulles. Nous avons rapporté dans l'Histoire de Fénelon une lettre très-forte, qu'il écrivit au sujet de cette affaire, et qui fut mise sous les yeux du Pape. Il paroît qu'elle ne contribua pas peu à fixer les irrésolutions de CLÉMENT XI, et à prévenir les suites fàcheuses d'un refus, qu'il auroit été difficile à la Cour de Rome d'appuyer de motifs raisonnables.

la lettre des évêques au Pape. Il est vraisemblable qu'il ne s'attacha qu'aux expressions les plus essentielles, et qu'il se montra assez indifférent sur les formules de respect et de soumission, que les circonstances, l'amour de la paix et les sentimens que l'Eglise de France a toujours professés demandoient pour le saint Siége.

Au reste Bossuet a exposé lui-même son opinion sur cette lettre et sur l'interprétation qu'elle devoit recevoir, dans le chapitre X de la Dissertation préliminaire de la Défense de la Déclaration du clergé. « Peut-on dire, écrit Bossuet, » qu'INNOCENT XII, ce pontife plein de bonté et >> d'inclination pour la paix, ait exigé de nos prélats qu'ils rétractassent leur doctrine, comme étant » ou erronée, ou schismatique, ou fausse; non,

[ocr errors]

>>

puisque nos évêques lui écrivirent simplement >> en ces termes : Nous n'avons eu aucun dessein de » faire une décision. Voilà tout ce qu'ils condam» nent, voilà tout ce que le Pape leur ordonne de » détester. Le Pape, dis-je, veut qu'ils ne regardent » pas la décision comme un décret, un jugement » épiscopal, en prenant ces mots dans le sens ci» dessus expliqué: et la lettre d'excuse par laquelle » ils se justifièrent sur ce seul article, appaisa tel» lement Sa Sainteté, que depuis ce temps elle » n'a pas cessé de donner à la France, à l'exem

[ocr errors]

ple de ses prédécesseurs, des preuves de son >> affection et de sa bienveillance (1) ».

L'affaire de la Régale et la déclaration sur la puissance ecclésiastique n'étoient pas les seuls objets qui avoient occupé l'attention et excité le zèle de Bossuet dans la mémorable assemblée de 1682.

Il avoit toujours été révolté des honteux relâchemens de quelques casuistes modernes sur les points les plus essentiels de la morale évangélique, et même de la morale naturelle. Mais son zèle étoit réglé par la sagesse. On ne l'entendit jamais se livrer à ces déclamations virulentes, dont les hérétiques se faisoient ensuite des titres pour insulter à l'Eglise romaine. Bossuet servoit bien mieux la religion et la vérité, en recherchant avec une patience inépuisable les moyens les plus réguliers et les plus appropriés aux cir

(1) Bossuet s'exprimoit avec la même franchise dans ses entretiens particuliers sur quelques expressions de cette lettre que les ultramontains affectoient de traduire comme une rétractation; il disoit et tout le monde peut dire avec lui:

<< Que cette lettre n'étoit rien, puisqu'elle ne touche pas > au fond de la doctrine, et qu'elle n'a aucun effet, puisqu'elle » n'est que de quelques particuliers, contre une délibération » prise dans une assemblée générale du clergé, et envoyée par » toutes les églises et dans toutes les universités, sans qu'il se » soit rien fait au préjudice ». Mıs. de Ledieu.

constances, pour extirper dans leur racine ces monstrueuses conceptions de quelques imaginations déréglées, qui étoient un sujet de scandale pour les ames religieuses, et de triomphe pour les esprits corrompus.

par sa

XXIV.

Bossuet

provoque la condamnation des ca

* Mts. de

Ledieu.

Dès le moment où Bossuet apprit l'exaltation d'INNOCENT XI, il augura favorablement des dispositions d'un pontife recommandable piété *. Il rédigea un projet de lettre qui sembloit suistes. supposer qu'elle étoit écrite au nom de plusieurs évêques de France. Il y exposoit au Pape la corruption qu'on s'efforçoit d'introduire dans la morale chrétienne par des raffinemens et des subtilités absolument opposés à la sainteté et à la simplicité de l'Evangile. Il exhortoit INNOCENT XI à suivre l'exemple d'ALEXANDRE VII, qui avoit déjà frappé d'anathême les propositions les plus condamnables de ces indéfinissables casuistes. Nous n'avons point retrouvé ce projet de lettre de Bossuet; mais l'abbé Ledieu qui l'avoit sous les yeux *, nous apprend «< qu'elle étoit écrite en » latin, et qu'elle étoit si belle, qu'elle méritoit » d'être rendue publique ».

On ne peut guère douter que cette lettre n'ait contribué à exciter le zèle d'INNOCENT XI, et n'ait influé sur la condamnation que ce pontife porta en 1679, en proscrivant soixante-cinq propositions des nouveaux casuistes.

* Ibid.

« PoprzedniaDalej »