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>> être quelquefois d'errer sans mauvaise inten» tion, cependant il ne lui arrivera jamais de » tomber dans le schisme et l'hérésie ».

L'évêque de Tournai ne se montra pas d'abord aussi favorable à l'indéfectibilité du saint Siége : et après une discussion assez animée qu'il eut avec Bossuet sur cette question, il se détermina à se désister de la commission que l'assemblée lui avoit donnée, de rédiger la déclaration des sentimens du clergé de France; et ce fut Bossuet qui en fut chargé.

Il s'attacha à la fonder sur les principes qu'il avoit exposés dans le discours d'ouverture.

Bossuet ne pouvoit plus différer d'obéir au mouvement imprimé à l'assemblée par de nouveaux ordres du Roi, que M. de Colbert et l'archevêque de Paris avoient provoqués. Le Roi demandoit une décision; mais Bossuet fut moins effrayé des dangers et des conséquences qu'il en avoit redoutés, dès qu'il se vit le maître de donner à l'expression des sentimens de l'Eglise Gallicane, la dignité, la mesure et l'exactitude que demandoit une déclaration qui alloit être exposée à l'examen de toute l'Europe chrétienne : il savoit d'avance que cette déclaration devoit fixer à jamais les rapports de l'ordre religieux et politique, ainsi que les principes du gouvernement ecclésiastique.

XIII.

Bossuet est chargé de rédiger la Dé

claration du clergé.

On peut présumer par un mémoire, que le sieur Cocquelin, promoteur, lut dans la séance du 26 novembre 1681, que la première intention de l'assemblée avoit été de se borner à changer en une décision de l'Eglise Gallicane, les six articles que la Faculté de théologie de Paris avoit publiés en 1663 sous la forme d'un jugement doctrinal, et de donner seulement à quelques-uns de ces articles une expression plus précise et plus déterminée. Mais Bossuet pensa que la forme de ces articles qui convenoit au jugement doctrinal d'une Faculté de théologie, n'avoit pas cette dignité, cette majesté qui doit accompagner les paroles et les déclarations d'une assemblée d'évêques que leur caractère a investis du droit de prononcer avec autorité sur la doctrine, les mœurs et la discipline. D'ailleurs, dans quelques-uns de ces articles, la Faculté de théologie de Paris avoit paru flotter dans une espèce d'indécision qui ne pouvoit plus convenir aux circonstances actuelles.

Dans les assemblées particulières qui se tinrent à l'archevêché, Bossuet eut à lutter contre plusieurs de ses collègues, qui paroissoient craindre qu'il ne donnât trop d'étendue aux prérogatives du Siége apostolique. L'archevêque de Paris (Harlay), qui étoit alors très-exaspéré contre le Pape, paroissoit souvent contrarier ses vues sages et modérées. Il y eut, suivant l'abbé Fleury,

:

beaucoup de disputes au sujet de la rédaction des articles et le procès-verbal de l'assemblée semble en effet indiquer que ces discussions traînèrent long-temps en longueur, puisque la commission ne fit son rapport que le 17 mars 1682, plus de quatre mois après l'ouverture de ses séances. « * L'abbé Ledieu nous apprend que Bossuet présenta d'abord à la commission le préambule

>>

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qui précède les quatre articles, et que ce préam» bule fut unanimement approuvé. Il soumit en» suite à la commission quatre projets d'articles » en style des canons des anciens conciles, éta» blissant par l'Evangile la foi de la primauté et » de la supériorité du Pape et de l'indéfectibilité » de l'Eglise Romaine. De ces quatre projets, la » commission adopta celui qui est devenu si cé» lèbre sous le titre des quatre articles du clergé » de France et ce projet passa contre l'avis de >> l'archevêque de Paris, qui ne vouloit pas qu'on » parlât ni de la primauté du Pape, ni de sa >> supériorité ».

Il est malheureux que l'abbé Ledieu ne nous ait point conservé les trois autres projets, et que nous n'ayons pu en retrouver aucune trace parmi les papiers qui nous ont été confiés. Cependant il est peu vraisemblable qu'ils eussent offert des différences très-notables avec celui qui fut adopté. On y auroit observé avec un grand intérêt la va

* Mts. de

Ledien,

XIV.

L'assem

blée de 1682

riété des expressions dont il croyoit pouvoir se servir, pour énoncer les mêmes principes, les mêmes maximes, les mêmes sentimens ; et ce qui ne permet pas de douter que ces principes et ces maximes ne fussent absolument les mêmes, c'est qu'on retrouve dans les quatre articles toute la doctrine du sermon de l'ouverture de l'assemblée sur l'unité de l'Eglise, et qu'il n'est jamais arrivé à Bossuet, d'être en contradiction avec lui-même dans aucun de ses écrits.

Ce fut le 19 mars 1682, que l'assemblée du clergé fit cette célèbre Déclaration, qui est un adopte les des beaux titres de la gloire de Bossuet, et de l'Eglise de France.

articles.

Deux jours auparavant (le 17 mars), l'évêque de Tournai fit un rapport pour préparer la décision de l'assemblée. Ce rapport est un véritable traité sur cette matière importante. Il est plein d'érudition et de recherches. Il annonce que l'évêque de Tournai s'étoit livré à une étude approfondie de l'histoire ecclésiastique; mais la forme. en est sèche, pénible, et manque de chaleur et de dignité; on peut même lui reprocher de l'avoir chargé d'une érudition qui auroit pu être présentée avec plus d'art et de goût. C'est dans ce genre de mérite qu'excelloit éminemment Bossuet, dont le génie ne se montroit jamais avec plus d'éclat dans l'emploi des textes de l'Ecriture et des Pères.

que

C'est ce qu'on remarque d'une manière sensible dans la Déclaration de 1682. Les quatre

articles qu'elle proclame, sont presque entièrement composés des propres paroles répandues dans les écrits des Pères de l'Eglise, dans les canons des conciles, et dans les lettres mêmes des souverains pontifes. Tout y respire * cette gravité antique qui annonce en quelque sorte la majesté des canons faits par l'esprit de Dieu, et consacrés par le respect général de l'univers (1).

Le préambule mérite une attention particulière; il manifeste clairement l'intention et la pensée de Bossuet. On voit dans quel esprit il a conçu, rédigé et présenté cette célèbre Déclaration. Il est impossible de ne pas y reconnoître que Bossuet s'est également proposé de réprimer ceux qui dégradent l'autorité légitime du saint Siége, et ceux qui l'exagèrent à un degré incompatible avec les maximes de la religion et avec les principes de la soumission due aux puissances de la terre.

Cette Déclaration est connue de tout le monde ; il est peu d'actes ecclésiastiques qui aient eu autant de solennité et obtenu autant d'autorité. Mais c'est surtout dans la vie de Bossuet qu'elle doit être inscrite comme le plus beau monument de son histoire.

(1) Canones spiritu Dei conditos, et totius mundi reverentia

consecratos.

* Dans le

texte latin.

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