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» si bienfaisant envers l'Eglise, des menaces que » nous avons horreur de rapporter.....

»* Cependant on nous déchire par les accusa» tions les plus atroces, tandis qu'on relève le » courage de nos prédécesseurs; on se sert des » louanges qu'on leur donne pour nous accabler » de reproches; et comme s'il eût fallu les louer » pour nous décrier plus efficacement, on cher>> che moins à les rendre illustres et recomman

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dables, qu'à nous piquer par l'éclat de leur gloire, et qu'à nous déprimer en les exaltant. » Plus ces discours sont opposés à la dignité du » pontife et à l'esprit d'INNOCENT XI, plus aussi >> ceux qui se sont autorisés d'un nom si vénérable » pour les écrire, ont-ils péché contre lui, et ce » n'est pas nous qu'ils ont offensé.... eussions-nous » fait sagement d'ambitionner la gloire que le » courage donne, et de négliger ce que mérite la >> prudence, sans nous mettre en peine de procu»rer le bien de l'Eglise, lorsque nous en aurions » l'occasion?

*

Ibid.

» Il est des circonstances où il faut prendre Ibid. » conseil de la nécessité; et dans les grandes af» faires, on ne néglige jamais impunément les » temps opportuns et les occasions favorables.

>> Vous voyez donc ce qu'il faut penser de ce » bref, combien il est nul par lui-même, puis

» qu'il suffit de prouver qu'on a non-seulement

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déguisé, mais encore entièrement célé à cet >> excellent pontife les principaux moyens de la

» cause et toute la suite des faits.....

* OEuvres * Nous désirons ardemment qu'un courage

de Bossuet,

tome VII, P.

249.

>>

» si intrépide se réserve pour des occasions plus » importantes, et qu'un pontificat aussi recom» mandable, dont on doit attendre de si grandes » choses, ne soit pas entièrement occupé d'une affaire trop peu digne d'une aussi forte appli

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»cation ».

On trouve dans cette même lettre de Bossuet cette réflexion aussi juste que consolante, et qui doit, au milieu des plus grandes crises et des plus violentes tempêtes, être sans cesse présente à la pensée de tous les amis de la religion, soutenir leur courage, et les empêcher de s'abandonner à des conjectures trop sinistres. « C'est Dieu qui a » réglé toutes choses; il dispose à son gré des » événemens ; il tient dans sa main le cœur des » rois; c'est lui aussi qui abaisse, et qui relève, » et qui commande à son Eglise de ne jamais » perdre confiance, mais de s'avancer toujours en espérant contre toute espérance ».

Bossuet finit par adresser au Pape les mêmes paroles que saint Irénée adressoit à l'un de ses prédécesseurs; « l'Eglise, écrivoit saint Irénée à

» saint Victor, est déchirée, non-seulement par » ceux qui veulent opiniâtrément faire prévaloir » le mal, mais encore par ceux qui usent de trop » de rigueur pour établir le bien ».

Cette lettre, rédigée par Bossuet, en conformité des intentions de l'assemblée de 1682, ne fut point envoyée aux évêques de France; l'assemblée reçut ordre de se séparer, avant qu'il lui eût rendu compte de l'exécution de la commission dont elle l'avoit chargé; elle étoit même restée inconnue au public; elle a paru pour la première fois en 1778, dans l'édition des OEuvres de Bossuet publiée par D. Déforis. « Les éditeurs la

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* Tome IX des OEuvres

» trouvèrent parmi ses manuscrits écrite toute de Bossuet, » entière de sa main, et d'une écriture qui a de- 1778, p. 309. » mandé beaucoup d'application pour être déchif

» frée. Il suffit, ajoutent-ils, de la comparer » avec la lettre de l'assemblée au Pape, pour » juger que l'une et l'autre sont sorties de la même » plume ».

Si Bossuet avoit été aussi étonné qu'affligé du bref d'Innocent XI à l'assemblée, c'étoit moins par les obstacles qu'il pouvoit apporter à la conclusion d'un arrangement déjà décidé et consommé, que parce qu'il donnoit la mesure du degré d'irritation où l'on étoit à Rome à l'égard de la France.

Il est en effet assez vraisemblable que la première résolution du Pape avoit été de ne pas répondre à la lettre de l'assemblée; trois mois s'étoient écoulés depuis qu'il l'avoit reçue; et il est certain que quelque extraordinaire que pût paroître un tel silence, il étoit encore moins choquant qu'une telle réponse.

Mais dans l'intervalle, l'assemblée de 1682 venoit de proclamer les QUATRE Articles dans sa séance du 19 mars; et cette nouvelle, portée à Rome, avoit excité dans les conseils du Pape un ressentiment, dont il étoit facile de retrouver l'impression dans le bref du 11 avril.

Ce fut alors qu'on dut s'applaudir plus que jamais, d'avoir eu Bossuet pour interprète de l'Eglise Gallicane; lui seul, dans des circonstances aussi difficiles, pouvoit replacer les bornes antiques et immuables où devoient s'arrêter toutes les opinions.

Bossuet ne se dissimuloit pas que les menaces, qu'INNOCENT XI s'étoit permises envers Louis XIV, rendoient indispensables les mesures de force et de sagesse que commandoient un si grand intérêt et un devoir si sacré; il falloit, puisqu'il en étoit encore temps, éclairer les conseils du Pape sur l'irrégularité de leurs procédés, et les avertir que les simples maximes de l'Eglise Gallicane suffi

soient

soient pour repousser des attaques injustes et impuissantes.

Mais ces maximes devoient être exprimées avec tant d'exactitude et de dignité, qu'elles pussent obtenir en France et même dans l'Europe l'assentiment de tous les esprits éclairés. Elles devoient même respecter jusqu'à un certain point les préjugés des autres nations, en se renfermant dans les justes limites que l'Eglise n'a pas cru devoir excéder, et c'étoit là qu'étoit la grande difficulté.

Ce n'étoit pas sans raison que Bossuet avoit XII. Disposition d'abord conçu les plus vives inquiétudes, en ob- du gouverne servant l'agitation des esprits et les dispositions ment et de

l'assemblée

du gouvernement. Ce qu'il pensoit à cet égard, sur la Décla nous a été conservé dans les manuscrits de l'abbé ration de la Ledieu, dont nous allons transcrire le récit :

puissance ecclésiastique.

* Journal

sous la date

<< * Dans notre voyage de Meaux à Paris, on >> parla de l'assemblée de 1682. Je demandai à de Ledieu, » M. de Meaux, qui lui avoit inspiré le dessein des du 19 janvier propositions du clergé sur la puissance de l'E- 1700. » glise; il me dit que M. Colbert, alors ministre » et secrétaire d'Etat, en étoit véritablement l'au>>teur, et que lui seul y avoit déterminé le Roi. » M. Colbert prétendoit que la division que l'on >> avoit avec Rome sur la Régale étoit la vraie oc>>casion de renouveler la doctrine de France sur

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l'usage de la puissance des papes; que dans un
BOSSUET. Tome 11.

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