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ries, et va se placer dans ces temples magnifiques que les arts lui ont élevés, que le goût secondé des richesses s'est plu à décorer et à embellir. C'est là qu'elle développe tout l'appareil de ses augustes cérémonies. Alors ses offices prennent une nouvelle forme, les diverses fonetions de ses Ministres sont réglées dans le plus grand détail: tout y répond à la grandeur, à la sublimité de leur ministère, Chaque Eglise a recueilli avec soin les anciens usages établis par ses premiers Pasteurs, et s'est toujours montrée jalouse de les conserver, sauf les changemens que la piété qui les avait établis d'abord, a semblé exiger dans la suite des temps. Ceux de notre Diocèse, disséminés dans différens livres, présentaient des difficultés à ceux qui voulaient les étudier, et depuis long-temps les Ecclésiastiques zélés désiraient de les voir traduits et réunis en un seul volume. C'est pour satisfaire à ce voeu, et surtout pour faciliter aux Ordinands les moyens de s'en instruire, que nous avons fait rédiger et que nous vous offrons ce Cérémonial à l'usage de notre Diocèse. Les règles et cérémonies que nous n'avons pas trouvées dans nos Rubriques ou traditions, et que nous avons cru devoir introduire pour ne rien laisser à l'arbitraire, et pour établir dans tout notre Diocèse cette parfaite uniformité dans la célébration des divins offices, uniformité que nous avons tant à cœur de voir fidèlement observée, nous les avons puisées dans le Cérémonial de la sainte Eglise romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres Eglises.

Nous aimons à croire, Messieurs et chers Coopérateurs, que vous ne vous contenterez pas d'en apprendre la lettre, vous tâcherez encore d'en pénétrer l'esprit, afin de vous en édifier vous-mêmes et de vous mettre en état d'en instruire les fidèles confiés à vos soins. Et, en effet, sans vos explications que servirait au peuple tout l'appareil de nos cérémonies? quel fruit retirerait-il de nos solennités? ne serait-ce pas pour lui un vain spectacle, capable tout au plus de satisfaire sa curiosité et

d'amuser ses loisirs? ne serait-ce pas, comme dit l'Apôtre à un autre sujet, un langage barbare, un langage étranger qui ne dirait rien à son esprit n ià son cœur?

Il ne nous reste plus, Messieurs et chers Coopérateurs, qu'à vous exhorter à observer ponctuellement les règles qui vous sont ici tracées et à donner au culte public toute la pompe et tout l'éclat que peut encore vous permettre la pauvreté du sanctuaire. L'Histoire Sainte rapporte qu'au retour de la captivité de Babylone, lorsqu'on rebâtissait le temple, ceux d'entre les Juifs qui avaient été témoins de la grandeur et de la magnificence du premier, ne pouvaient retenir leurs larmes en considérant la petitesse et la pauvreté du second. Et nous aussi, après la révolution qui a bouleversé notre Patrie, détruit ou dépouillé nos temples, nous avons bien sujet de pleurer et de gémir sur leurs ruines ou leur dégradation. Mais ne nous contentons pas de verser des pleurs stériles, non, imitons les généreux Israélites, dont nous. venons de parler, mettons la main à l'œuvre pour réparer les brèches du sanctuaire et nous dépouillons nousmêmes pour orner le Tabernacle du Seigneur. Puisque des mains impies et sacriléges lui on ravi des richesses. que vous ne pouvez lui rendre, Messieurs et chers Coopérateurs, imposez-vous du moins tous les sacrifices possibles pour lui procurer le nécessaire, intéressez la piété des fidèles à une oeuvre si digne de leur foi, et toujours tâchez de suppléer à la pompe par la plus exacte proprété, la modestie et la décence. Dans l'impuissance de frapper les yeux du peuple par l'éclat de l'or et de l'argent, frappons leurs esprits par une foi vive, une charité ardente, un recueillement profond, une pié té tendre, surtout pendant la célébration de nos divina Mystères. Quelle impression de foi ne produit pas, mê→ me sur les impies, l'aspect d'une Eglise bien tenue, où tout est dans l'ordre, où tout annonce la Majesté du Dieuqui y réside! combien d'âmes ont été touchées par le spectacle d'un office bien fait, chanté avec onction; té

vj

moin St Augustin qui, même avant sa conversion, no pouvait retenir ses larmes en entendant chanter les psaumes dans l'Eglise de Milan où présidait alors le grand St Ambroise. Mais un des plus mémorables exemples que nous fournisse l'histoire ecclésiastique du charme et de la puissance irrésistible de nos cérémonies, c'est le fait que rapporte St Grégoire de Nazianze. ( 1. ) « L'Em» pereur Valens, persécuteur des catholiques, entra le » jour de l'Epiphanie dans l'église de Césarée où St Basile » célébrait les divins Mystères. Ce prince portait dans » son cœur une haine violente contre le St Evêque et » toute l'impiété de l'hérésie Arienne; mais quand il » entendit le chant des psaumes, qu'il vit la modestie » de ce grand peuple, le bel ordre et la majesté toute » céleste qui régnaient dans le Sanctuaire, le Prélat de» bout à la tête de son clergé, aussi recueilli, aussi im» mobile que s'il ne se fût passé autour de lui rien d'ex»traordinaire, ceux qui l'environnaient pénétrés d'un » respect profond, plus semblables à des Anges qu'à » des hommes, il demeura comme ébloui et glacé de » crainte. Lorsqu'ensuite il se fut avancé pour présen» ter son offrande, comme aucun des Ministres sacrés

ne venait la recevoir selon l'usage, parcequ'on ignorait » si Basile voudrait l'accepter, alors saisi d'un tremble>>ment soudain, il serait tombé, s'il n'eût été soutenu » par un des prêtres qui s'aperçut de sa faiblesse. » Telle était l'impression profonde que faisait la piété des Pasteurs dans ces heureux temps où la foi était dans toute sa vigueur, où le zèle de la maison de Dieu qui brûlait notre divin Maître, n'avait encore rien perdu de son ardeur et de sa force. O Seigneur, faites revivre parmi nous ces beaux jours, rendez au Clergé ses vertus primitives et à votre Eglise sa première splendeur !!!

A CES CAUSES, et après en avoir conféré avec nos

(1) Oraison funèbre de Saint Basile,

vénérables Frères les Chanoines et Chapitre de notre Eglise Cathédrale, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

er

ART. I. Le Cérémonial que nous avons fait rédiger et imprimer à l'usage de notre Diocèse observé dans notre Eglise Cathédrale

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sera seul

sauf quelques usages particuliers qui n'ont pu y trouver place, et dans toutes les Eglises de notre Diocèse nonobstant tout usage et toute concession contraires.

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ART. II, Dans les Eglises qui dépendaient anciennement des Diocèses d'Avranches et de Bayeux, où nous avons permis provisoirement l'usage de la liturgie de ces Diocèses, on se conformera à notre Cérémonial en tout ce qui ne sera pas essentiellement contraire auxdites liturgies,

ART. III. M M, les Curés et Supérieurs de toutes les Eglises de notre Diocèse, se pourvoiront, aux frais des Fabriques, d'un exemplaire de ce Cérémonial.

ART, IV. Le présent Mandement ne sera pas lu au prône; mais M M. les Curés et Supérieurs des Eglises en donneront lecture à M M. les Vicaires et Prêtres habitués, et leur communiqueront ce Cérémonial ainsi qu'aux Chantres, Custos et Enfans de Choeur et à toutes les personnes qui les aident dans la célébration des divins offices. Ils veilleront à ce que l'on s'y conforme ponctuellement.

Donné à Coutances, en notre Palais épiscopal, sous notre seing, notre sceau et le contre-seing de notre Secrétaire, le 24 mars 1825.

PIERRE, Evêque de Coutances.

Par Mandement :

CORNU, Chan. Secrétaire.

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