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d'une autre manière (ce qui est ici le cas, car quelles que soient les promesses réciproques des parties, il n'y a que la cérémonie du mariage qui puisse rendre ces promesses irrévocables), il devient immoral au même degré que les hommes et les femmes cohabitent, sans avoir rempli ces formalités.

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Si la fornication est un crime, tout ce qui peut y conduire ou l'exciter devient un accessoire du crime; comme les conversations lascives, soit en termes obscènes, soit en termes déguisés et couverts d'une apparente modestie; les chansons, les peintures, les livres impurs. La composition et la publication de ces livres, soit par caprice, soit par intérêt, produisent tant de maux et ont des motifs si petits, qu'il est peu de crimes dont les suites soient plus funestes et les excuses plus misérables.

Les conversations indécentes, et, par la même raison, tout le reste, sont défendues par St. Paul, Ephes. IV, 29. « Qu'il ne sorte de votre » bouche aucune parole déshonnête : » et encore Col. III, 8. « Maintenant renoncez ..... aux » paroles déshonnêtes qui sortaient de votre >> bouche. >>

Admettre volontairement des pensées impures, ou les laisser s'emparer de l'imagination, peut se ranger dans la même catégorie, et se trouve condamné par Jésus-Christ, Matth, V, 28. « Quiconque regarde une femme avec

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yeux de convoitise a déjà commis l'adul» tère avec elle dans son cœur. » Jésus-Christ en prescrivant ainsi une attention sévère sur les pensées, coupe le mal par sa racine.

CHAPITRE III.

De la séduction.

Le séducteur emploie les mêmes stratagêmes pour s'emparer de la personne d'une femme, que le filou pour s'emparer de vos biens ou de votre argent; cependant la loi de l'honneur, qui abhorre la fourberie, applaudit au succès d'une intrigue adroite; tant cette règle capricieuse est dirigée par les mots, et s'accommode facilement aux plaisirs et aux convenances des rangs élevés.

Il est rare que la séduction s'accomplisse sans le secours de la fraude; et ce genre de fraude est d'autant plus criminel que le mal qu'il produit est plus grand, dure plus longtemps, et est plus irréparable que le mal produit par aucun autre.

L'injure est ici triple; envers la femme, envers sa famille, et envers le public.

1. Le tort fait à la femme se compose de la peine qu'elle souffre par la honte, de la perte qu'elle éprouve dans sa réputation et dans ses espérances de mariage, et de la dépravation de ses principes moraux.

Cette peine doit être extrême, si nous en jugeons d'après les efforts barbares auxquels les femmes, dans ces circonstances, ont quelquefois recours pour cacher leur disgrâce, et si nous comparons cette barbarie avec la tendresse passionnée qu'elles éprouvent pour leurs enfans, dans tout autre cas. Il n'est qu'une agonie de la plus insupportable douleur qui puisse entraîner une femme à oublier sa propre nature, et la pitié qu'un étranger même éprouverait pour un enfant sans secours, qui l'implore par ses cris. Il est vrai que toutes n'en viennent pas à cette extrémité, mais si quelques-unes y sont entraînées, cela doit nous faire comprendre combien toutes souffrent par la même cause. Que dirons-nous donc de l'auteur de tous ces maux?

La perte qu'une femme éprouve par la ruine de sa réputation est au-delà de tout calcul. Le bonheur d'une personne dépend en grande partie de l'honneur et de l'accueil qu'elle trouve dans le monde; et ce n'est pas une petite mortification, même pour les ames les plus fortes, de se voir rejeté de la société de ses égaux, ou de n'y rencontrer que la négligence ou le dédain. Mais ce n'est pas là tout; ce n'est pas là le pire. Par une règle de la vie, qu'il est difficile de blâmer et impossible de changer, une femme perd, avec sa chasteté, toute perpective de mariage, ou du moins toute

perspective conforme aux espérances qu'elle avait accoutumé de nourrir. Cela est vrai surtout dans les conditions les plus basses, où se trouvent en général les femmes qui sont les plus exposées à des sollicitations de ce genre. Ajoutez encore que, lorsque la vie d'une femme dépend de sa réputation, comme cela arrive le plus souvent pour celles qui doivent trouver leur entretien dans le service, il ne reste à la misérable que de mourir de faim faute d'emploi, ou de chercher sa nourriture et son entretien dans la prostitution.

Comme une femme rassemble sur ce point toute sa vertu, la perte de sa chasteté devient généralement la destruction de ses principes moraux; et cette conséquence est à craindre, que le commerce criminel soit découvert ou non.

2. On peut comprendre l'injure faite à la famille, par l'application de cette règle infaillible « de faire aux autres ce que nous vou» drions que les autres nous fissent. » Qu'un père ou qu'un frère nous dise pour combien il voudrait souffrir cette injure dans une fille ou dans une sceur, et si une perte partielle ou même totale de sa fortune lui causerait la même douleur et la même affliction; et quand il réfléchira là-dessus, qu'il distingue, s'il le peut, entre un vol commis sur sa propriété par la fraude ou le faux, et la ruine de sa félicité par les intrigues d'un séducteur.

3. Le public en général perd l'avantage du service de la femme, dans sa véritable destination d'épouse et de mère. C'est peu de chose peut-être pour la communauté ; mais c'est souvent plus que ne vaut tout le bien que le séducteur peut faire. De plus, c'est la séduction qui entretient la prostitution. Et autant il est à craindre qu'une femme, après son premier sacrifice, ne se livre à une vie dissolue, autant le séducteur est responsable de la multiplication de maux que son crime peut faire naître.

En somme, si nous poursuivons les effets de la séduction dans la complication de malheurs dont elle est la source, et s'il est juste d'estimer la grandeur des crimes par les maux qui sont produits volontairement, il paraîtra sans doute que ce n'est pas une invective exagérée d'affirmer que la moitié des crimes, pour lesquels les hommes sont punis de mort suivant les lois d'Angleterre, sont moins coupables que celui-là (1).

(1) Cependant la loi n'a pas infligé d'autre punition contre ee crime qu'une satisfaction pécuniaire à la famille injuriée. Et encore on ne peut l'obtenir que par la fiction la plus extraordinaire : le père iutente son action contre le séducteur pour la perte du service de sa fille durant sa grossesse et son état de nourrice.

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