Obrazy na stronie
PDF
ePub

PHILOSOPHIE MORALE.

LIVRE TROISIÈME.

PARTIE TROISIÈME.

DES DEVOIRS RELATIFS QUI RÉSULTENT DE LA CONSTITUTION DES DEUX SEXES.

A

La constitution des deux sexes est le fon dement du mariage.

A côté du sujet du mariage, se trouvent la fornication, la séduction, l'adultère, l'inceste, la polygamie, le divorce.

Comme conséquence du mariage, on peut placer les relations et les devoirs réciproques des pères et des enfans.

Nous parlerons de ces différens objets dans T'ordre suivant premièrement, de l'utilité publique des institutions matrimoniales; secondement, des sujets qui tiennent à celui du mariage, dans l'ordre où nous venons de les nommer; troisièmement, du mariage lui-même;

et enfin, des relations et des devoirs réciproques deş parens et des enfans.

CHAPITRE I.

De l'utilité publique des institutions matrimoniales.

L'UTILITÉ publique des institutions matrimoniales consiste en ce qu'elles contribuent à produire les bons effets suivans:

1. Le bien-être particulier des individus, surtout des femmes. Il est possible que cette raison ne s'applique pas également à tous : néanmoins tous sont obligés d'éviter tout genre de conduite qui tend, dans ses conséquences générales, à décourager le mariage: car ce qui favorise le bonheur du plus grand nombre est obligatoire pour tous.

2. La production d'un plus grand nombre d'enfans bien portans, leur éducation meilleure, les moyens de leur préparer un établissement convenable dans la vie.

3. La paix de la société. On tarit une grande source de disputes, en assignant une ou plusieurs femmes à un homme, et en protégeant son droit exclusif par les sanctions de la morale et de la loi.

4. Une plus grande perfection dans le gouvernement social, en distribuant la communauté

en familles distinctes, et en établissant sur chacune l'autorité d'un père de famille, qui a plus d'ascendant elle seule que toutes les autorités civiles ensemble.

5. Ce même effet encore, en ce que l'état trouve une nouvelle sécurité pour la bonne conduite des citoyens dans la sollicitude qu'ils éprouvent pour le bonheur de leurs enfans, et dans la nécessité où ils sont de s'arrêter à des demeures fixes.

6. L'encouragement de l'industrie.

Quelques peuples anciens semblent avoir mieux senti l'importance des institutions matrimoniales que nous ne la sentons maintenant. Les Spartiates obligeaient par des punitions leurs citoyens à se marier; et les Romains y étaient encouragés par le jus trium liberorum. Un homme sans enfans n'avait droit, par la loi romaine, qu'à la moitié des legs qui lui étaient faits; c'est-à-dire, ne pouvait recevoir, au plus, que la moitié de la fortune du

testateur.

CHAPITRE II.

De la fornication.

Le premier et le plus grand mal, et par conséquent la culpabilité du concubinage illimité, consiste dans sa tendance à diminuer le

nombre des mariages, et par conséquent à détruire les effets utiles que nous avons énumérés dans le chapitre précédent.

Le concubinage illimité décourage le mariage en faisant cesser la plus forte tentation qui puisse nous y entraîner. Les hommes ne se soumettront jamais à l'embarras, à la dépense et à la gêne de l'état du mariage, s'ils peuvent satisfaire leurs passions à meilleur compte; et cependant ils se soumettront à tout plutôt que de ne pas les satisfaire.

Le lecteur sentira bien la grandeur de ce mal, s'il fait attention à l'importance et à la variété des bons effets que produit le mariage, et s'il se souvient de plus, que la qualité morale et la malignité d'un crime ne doivent pas s'estimer par l'effet particulier d'une offense, ou de l'offense d'une personne, mais par la tendance générale et par la conséquence des crimes de la même nature. Le libertin peut ne pas sentir que l'irrégularité de sa conduite l'empêche de se marier, parce qu'il en est détourné par des considérations d'un autre genre. Il lui est plus difficile encore de comprendre qu'en se livrant à ses passions il peut empêcher les autres de se marier. Mais quelle serait la conséquence, si la même licence était universelle? Et qu'est-ce qui peut empêcher qu'elle ne devienne universelle, si elle est innocente ou tolérable en lui?,

2. La fornication suppose la prostitution; et la prostitution conduit et laisse ses victimes dans un malheur assuré. Elle n'est point petite la somme de malheur que le besoin, la maladie ou l'insulte font tomber sur ce rebut de la société humaine, dont les cités populeuses sont infestées. Le tout est une conséquence générale de la fornication. Chaque acte, chaque exemple de ce vice accroît ou fait durer ce mal.

3. La fornication produit une habitude indomptable d'incontinence, qui entraîne aux crimes plus graves de la séduction, de l'adultère, du viol, etc., (1). Il est aussi vrai, de quelque manière qu'on l'explique, que le commerce criminel des deux sexes déprave l'ame et corrompt le caractère moral plus qu'aucune autre espèce de vice. Ce prompt sentiment du crime, cette résolution rapide et décisive contre lui, qui contituent un caractère vertueux trouvent rarement chez les personnes adonnées, à ces plaisirs licencieux. Celui qui se livre à cette passion a le cœur ouvert à tous les vices dont la tentation peut se présenter. Dans les classes

[ocr errors]

(1) C'est de cette passion que l'on a dit avec justesse?" L'irrégularité n'a point de bornes. Un excès conduit à un » autre excès. Le moyen le plus aisé et le plus excellent » d'être vertueux est donc de l'être tout-à-fait. » OGDEN, serm. XVI.

« PoprzedniaDalej »