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guerres ne finiraient jamais, et les vainqueurs. ne pourraient étre tranquilles que par la destruction des vaincus.

Bien des gens se livrent, dans des discours sérieux, à une habitude de feindre, ou d'exagérer ce qu'ils disent d'eux mêmes, de leurs relations, ou des choses extraordinaires qu'ils ont vues et entendues. Tant que les faits qu'ils rapportent sont indifférens, et leurs récits sans danger, bien que faux, il semble d'abord c'est avoir un respect superstitieux pour la vérité, que de les condamner uniquement par égard pour elle.

que

En premier lieu, il est impossible de déterminer à l'avance avec certitude, si un mensonge est sans danger. Volat irrevocabile; et souvent il prend dans sa suite des accroissemens, qui en changent complettement la nature. Il peut devoir sa malignité aux additions et aux altérations de ceux qui l'ont fait circuler; mais cette malignité doit peser en partie sur le premier qui l'a mis en circulation.

En second lieu, cette liberté dans la conversation manque complettement sont but. Une grande partie des plaisirs, et tous les avantages de la conversation dépendent de la confiance en la véracité de celui qui parle; et cette habitude en détruit les fondemens. En effet, l'auditeur doit être toujours dans une grande perplexité sur ce qu'il doit croire

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lorsqu'il considère le parleur, ou lorsqu'il voit que le parletir se considère lui-même, comme n'étant obligé de dire la vérité que suivant le degré d'importance de ce qu'il raconte.

Mais une raison plus forte que les précédentes, c'est que les mensonges blancs, en amènent toujours d'autres d'une couleur plus sombre. Je n'ai presque connu personne qui manquât à la vérité dans les bagatelles, et à qui l'on pût se fier dans les choses importantes. Des distinctions délicates sont impossibles dans des occasions, qui, comme celles de la parole, se présentent à tout moment. L'habitude de mentir, une fois formée, s'étend. donc facilement jusqu'à servir les desseins de la malice ou de l'intérêt. Comme toutes les autres habitudes, elle gagne toujours par elle

même.

Les fraudes pieuses, comme on les appelle assez mal-à-propos, les inspirations prétendues, les livres forgés, les miracles contrefaits, sont des tromperies d'un genre plus sérieux. Il est possibles qu'elles aient été quelquefois, quoique rarement, entreprises et soutenues avec le désir de faire le bien; mais le bien, auquel elles étaient destinées, demandait que la croyance en fût perpétuelle, ce qui était presque impossible; et la découverte de la fraude devait toujours jeter du discrédit sur toutes les prétentions du même genre. Le christianisme

a plus souffert par cette seule cause par toutes les autres ensemble.

, que Comme il peut y avoir des faussetés sans mensonge, il peut y avoir aussi des mensonges sans fausseté. Il y a toujours une porte ouverte pour ce genre de prévarication, lorsque le sens littéral d'une phrase est différent du sens populaire et usuel. C'est la tromperie volontaire, qui constitue le mensonge; et nous trompons volontairement, lorsque nos expressions ne sont pas vraies dans le sens que nous savons être celui qu'on leur donne. De plus, il est absurde de soutenir un sens d'un mot, s'il est en opposition avec l'usage reçu; car c'est l'usage, et l'usage seul, qui fixe le sens des mots.

Un homme peut faire un mensonge, ou mentir par son action; comme lorsqu'on montre du doigt une fausse route à un voyageur qui demande la bonne; ou lorsqu'un négociant ferme ses fenêtres, pour faire croire à ses créanciers qu'il est absent. Sous tous les rapports moraux, et par conséquent sous le rapport de la véracité, la parole et l'action sont semblables; la parole n'est qu'une sorte d'action.

Enfin, il y a des mensonges d'omission. Un écrivain de l'histoire d'Angleterre, qui, dans son récit du règne de Charles I, suppri merait volontairement les preuves des desseins et

des actes despotiques de ce prince, pourrait être accusé de mensonge : car, en intitulant son livre Histoire d'Angleterre, il s'engage à rapporter toute la vérité de cette histoire, ou du moins, tout ce qu'il en connaît.

CHAPITRE XVI.

Des sermens.

I. Formes des sermens.

II. Signification.

III. Légitimité.
IV. Obligation.

V. Sermens qui ne lient point.

VI. Dans quel sens il faut interpréter les

sermens.

I. LES formes des sermens, comme toutes les autres cérémonies religieuses, ont souvent varié; mais ont consisté, pour la plupart, en quelque action corporelle, et certaines paroles prescrites. Parmi les juifs, le jureur tenait sa main droite élevée vers le ciel; ce qui explique ce passage du Psaume CXLIV: « leur bouche » ne profère que des mensonges, et leur main » droite est une main de fausseté. La même. forme de serment est encore en usage en Ecosse, parmi les mêmes juifs. Le serment de fidélité se faisait en mettant la main sous la cuisse du maître, comme Eliézer le fit à

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l'égard d'Abraham, Gen. XXIV, 2 ; d'où peutêtre, sans beaucoup d'altérations, est dérivée la manière de faire hommage encore en usage aujourd'hui, en mettant les deux mains entre les genoux et les mains du suzerain.

Parmi les grecs et les romains, la forme variait avec l'objet et l'occasion du serment. Dans les conventions privées, les parties se prenaient réciproquement par la main, tandis qu'elles en juraient l'accomplissement; ou elles touchaient l'autel de la divinité, au nom de laquelle elles juraient. Dans les occasions plus solemnelles, on était dans l'usage d'immoler une victime; et la bête était frappée avec des cérémonies et des invocations particulières: de là vinrent ces expressions siv opor ferire pactum, et la phrase anglaise qui en est traduite, striking a bargain, qui signifient couper, frapper, immoler un serment.

Les formes des sermens dans les pays chrétiens sont aussi très-diverses. Mais il n'est point, je pense, de pays, dans lequel elles soient plus mal imaginées, soit pour exprimer le sens ou pour faire sentir l'obligation du serment, que dans celui-ci. Le jureur parmi nous, après avoir prononcé la promesse ou l'affirmation, que le serment est destiné à confirmer, ajoute: " ainsi Dieu me soit en aide: » ou plus fréquemment encore, la substance du serment est lue au jureur, et l'officier

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