Obrazy na stronie
PDF
ePub

Et le Poussin, habile à tout représenter,
Dans l'heureuse Arcadie a su nous transporter 1.
Mais tout symbole pris d'une chose connue,
Doit avoir sa valeur d'avance convenue:
Car l'œil du spectateur est bientôt détaché
De tout hiéroglyphe obscur ou recherché 2.
La clarté! la clarté! c'est la règle première ;
Et le style, et les arts, amis de la lumière,

La font, comme un jour pur, pénétrer dans nos yeux.
L'esprit est plus touché de ce qu'il comprend mieux.

Allusion au célèbre paysage, peint par le Poussin, et où il a placé un tombeau, avec cette inscription si touchante Et in Arcadia ego!

[ocr errors]

Et moi, je fus aussi dans l'heureuse Arcadie!....

2 Il n'y a presque pas un Tropè dont on ne puisse faire l'histoire, en le suivant chez tous les peuples et dans toutes les langues. L'histoire de l'Allégorie serait surtout très-curieuse. On trouverait, à cet égard, de riches matériaux dans le Recueil de l'Académie des inscriptions et belleslettres. On y voit le principe du penchant que les anciens ont eu pour cette figure; on y donne les raisons physiques du même penchant chez les Orientaux; on rappelle le succès avec lequel elle a été employée par Homère, par Platon, etc. Il y a des Dissertations de l'abbé VATRY et de LA BARRE sur la question de savoir si l'allégorie morale est de l'essence du poëme épique. On pourrait y joindre l'Essai de WARBURTHON sur les hiéroglyphes des Egyptiens, traduit de l'anglais, Paris, 1764; l'Essai de WINKELMANN, que l'on a déjà cité; enfin la Galerie mythologique de M. MILLIN, de l'Académie des belles-lettres, recueil précieux des monumens qui peuvent servir à l'étude de la mythologie, de

Chaque récit d'Ésope est une allégorie. La Fable' avec le vrai constamment s'y marie. Du corbeau le renard est le rusé flatteur; Le loup, du faible agneau, se fait l'accusateur. Par le plus petit trou la belette, à jeun, passe; Mais elle ne peut plus sortir, étant trop grasse 2. Avec l'homme, du cerf le cheval s'est vengé; Mais du frein qu'il reçut rien ne l'a dégagé 3. Quoique bien ancien, le masque de ces bêtes Ressemble à bien des gens et coiffe bien des têtes. Des renards en crédit, et des loups, gros messieurs 4, Cherchez en tout pays, vous en verrez plusieurs !

l'histoire de l'art, de l'antiquité figurée, et du langage allégorique des anciens, avec 180 planches. Paris, 1811, 2 vol. in-8°.

La Fable, appelée apologue par Aristote, et mythe par d'autres écrivains grecs. En français, Fable est le nom générique. On dit aussi apologue, dans un sens plus restreint.

MONTENAULT - D'EGLY a lu, en 1742, à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, un Discours sur l'Apologue; mais il n'a pas approfondi son sujet, et l'Histoire de la Fable est encore à faire.

[blocks in formation]

3 Le même, Ep. п, l. 1, vers. 34, 41.

4 Ceux du loup, gros messieurs, l'ont fait apprendre à lire. LA FONTAINE, Fables, XII, 17.

N. B. Ce vers de LA FONTAINE est charmant; mais il y a une petite vétille de grammaire, qu'on n'a pas remarquée. L'exactitude voudrait, lui ont fait apprendre à lire.

[ocr errors]

C'est peu des animaux; tout parle dans la fable. Elle nous a transmis le débat mémorable

Que l'olivier jadis eut avec le laurier ';

2;

Celui du jour de fête et du jour ouvrier 2
Et mille autres récits dont l'enfance est charmée.
La raison, par Ésope, en jouant est formée;
L'éloquence avec lui fait ses premiers essais;
Et qui sait bien conter écrit avec succès 3.

Ce talent naturel fut, dans le moyen âge,
De nos premiers rimeurs le joyeux apanage 4;

On ne fait pas apprendre quelqu'un, mais à quelqu'un. D'ABLANCOURT, écrivain pourtant très-correct, avait fait la même faute, en disant : Il apprit des singes à danser, au lieu qu'il voulait dire, il apprit à des singes à danser. 1 Apologon audi! prædicatur à priscis

2

Lydis, olivam litigâsse cum lauro

In monte Tmolo.

O. EX. CALLIMACH.

Ou plutôt du Jour de fête et de son lendemain ; car c'est ainsi que cette fable est contée par PLUTARQUE, dans la vie de Thémistocle.

3 On ne saurait trop insister sur cette vérité que l'auteur a tâché de démontrer dans plusieurs notes du Recueil de ses fables et contes dédiés à Ésope. L'auteur n'a même consenti à cette impression de ses Fables, que dans le dessein d'être utile à la jeunesse studieuse, pour laquelle il a fait aussi le poëme des Tropes.

4 Le comte de CAYLUS a fait un très-bon Mémoire sur les fabliaux, lu en 1746 à l'Académie des inscriptions et belles lettres, et inséré dans son Recueil, tom. xx, pag. 332, 357.

Il définit le fabliau un poëme qui renferme le récit élé

Bocace en Italie emporta leur esprit',

Trésor que La Fontaine à son tour lui reprit 2.
Parmi ces vieux conteurs, les uns, sans retenue,
Se livraient trop, sans doute, à leur verve ingénue;

gant d'une action inventée, petite, plus ou moins intriguée, quoique d'une certaine étendue, mais agréable ou plaisante, dont le but est d'instruire et d'amuser, pag. 357. Il analyse surtout un manuscrit de la bibliothéque SaintGermain-des-Prés, n°. 1830, vaste recueil de ces fabliaux, écrit dans le treizième siècle, et contenant plus de cent cinquante mille vers.

Les auteurs de toutes nos Histoires de France, excepté, je crois, l'abbé MILLOT, ne paraissent pas avoir connu ces premiers monumens de notre poésie et de notre langue, qui furent, pendant plusieurs siècles, l'amusement et presque la seule littérature de nos pères.

Le cardinal de BERNIS rappelle en deux mots, les troubadours du Midi, et les trouvères du Nord, dans le chant de l'Hiver, de son poëme des Saisons, en peignant une veillée de village:

La romance et le fabliau

Nous content leurs douces sornettes ;
Ici, les fastes de Clio

Se composent de chansonnettes.

4 CAYLUS observe qu'on trouve dans le Décaméron de BOCACE, plus de dix nouvelles, qu'on voit, ou absolument semblables, ou composées des seuls fabliaux de ce manuscrit de Saint-Germain-des - Prés, indépendamment de mille autres détails, etc.

2

Quand LA FONTAINE a copié BoCACE, il n'a donc fait que reprendre à l'Italie ce qu'elle avait reçu de la France. CAYLUS établit, au reste, que LA FONTAINE connaissait nos vieux fabliaux, ainsi que RABELAIS et MOLIÈRE, qui en ont également profité.

2

Les autres, égayant le ton préceptoral,

Au fabliau naïf donnaient un but moral'.
Charmantes fictions, vous n'êtes point frivoles!

I

Le sage Salomon aima les paraboles 2.

« Il n'y a jamais eu rien de plus moral que le fabliau » qui a pour titre : Le castoyement du père à son fils; il » se trouve au commencement du manuscrit de Saint» Germain. C'est un père qui conte à son fils des histoires » détachées pour lui faire sentir le danger des femmes, » de la mauvaise compagnie, de la jalousie, etc; enfin, » qui l'avertit des principaux écueils qu'un jeune homme » doit éviter. La morale en est juste, les exemples en sont » courts et le narré en est bon. » (Mémoire ci-dessus, Page 361)

BARBAZAN, qui a publié depuis plusieurs volumes de fabliaux, a donné séparément celui du Castoyement, 1760, in 12 E GRAND D'AUSSY a recueilli beaucoup d'anciens fabliaux. IMBERI én a mis uelques-uns en vers; mais il en reste plusieurs, dont les cadres ingénieux pourraient être rajeunis avec succès, en s'attachant à ceux qui sont honnêtes, et en commençant par le Custoyement du père à son fils.

2 Il en avait composé trois mille: Locutus est tria millia Parabolas. Il ne nous en reste que ce qui forme le livre des Proverbes.

CICERON appelle la parabole Collatio. SÉNÈQUE dit que les paraboles sont nécessaires pour aider à la faiblesse de notre intelligence, et rendre présent et sensible ce qu'on veut dire, ou persuader à l'auditeur: Parabolæ necessa riæ, ut imbecillitatis nostræ adminicula sint, et ut discentem et audientem in rem præsentem inducant. SÉNÈQUE, ep. 59.

Guillaume WARBURTHON a fait un parallèle ingénieux entre lapologue, la parabole et les figures du langage d'une

« PoprzedniaDalej »