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Qui n'a pas retenu les vers pleins de tendresse,
Prière qu'au dieu Pan Deshoulières adresse,
Peignant ses orphelins avec tant d'intérêt,
Dans ces chères brebis qu'elle quitte à regret 1?
Horace, qui voyait la première des villes
Prête à se replonger dans les guerres civiles,
Conjurait ce vaisseau par les vents déchiré,
De voiles et de mâts presque désemparé,
De n'aller pas, à peine échappé du naufrage,
Défier de nouveau les écueils et l'orage 2.
Hélas! notre navire a craint le même sort :
Saura-t-il jeter l'ancre, et se tenir au port?

Ainsi tout fait image, et la nature entière
A ces comparaisons peut fournir de matière.
Par les premiers humains ces rapports découverts,
Semblèrent à leurs yeux agrandir l'Univers;
Dans les temps reculés, tout fut métaphorique 3;
Et, sous l'abri commun d'un voile allégorique,

Dans ces prés fleuris,
Qu'arrose la Seine,

Cherchez qui vous mène,

Mes chères brebis, etc.

(La même.)

2 « O navis, referent in mare te novi

» Fluctus! etc. >>

HORAT. L. 1, od. 14.

3 VOSSIUS a indiqué cette vérité, susceptible de beaucoup de développemens. Ces détails sont trop étendus pour une note au bas de la page; mais comme ils font mieux sortir

*

La Nature, et l'Histoire, et la Fable, autrefois
Mêlaient leurs attributs et confondaient leurs voix.
Que d'absurdes récits ne faut-il pas admettre,
Si dans l'antiquité l'on prend tout à la lettre!
Mais si de son esprit l'on se pénètre mieux,
De quels traits de lumière elle éblouit nos yeux!
On voit la fable alors dépouiller l'imposture,
Interpréter l'histoire, expliquer la nature,
Et, des traditions débrouillant le chaos,
Reporter notre idée aux siècles des héros.
Les Tropes éclaircis sont la seule méthode
D'entendre Orphée, Hermès, Zoroastre, Hésiode *.
Vous lisez, avec eux, dans le ciel étoilé

Les noms de tous ces dieux dont l'erreur l'a peuplé.
Cette erreur même, alors plus digne d'indulgence,
Ouvre le zodiaque à votre intelligence;
Vous pouvez remonter, par ce brillant chemin,
Jusqu'au berceau du monde et de l'esprit humain.
Tout s'explique. Eleusis, tout haut, vous interprète
De ses Initiés la doctrine secrète 2 ;

toute l'importance de l'étude des Tropes, on a cru devoir renvoyer à la fin du poëme.

les

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Nous avons des hymnes attribués à ORPHÉE, et qu'on croit être d'ONOMACRITE; des dialogues et des fragmens, sous le nom d'HERMÈS; le Zend-Avesta de ZOROASTRE, apporté en France par ANQUETIL; et la Théogonie d'HÉSIODE, traduite plusieurs fois, mais en prose.

2

Il y avait les grands et les petits mystères d'Eleusis, dont

Aux sauvages mortels Cérès fit autrefois

Deux célestes présens : la Charrue, et les Lois;
Eleusis consacra, dans ses fêtes mystiques,
De la société ces deux bases antiques.

Rome, aux courses du Cirque, avec plus d'appareil,
Crut imiter aussi la marche du Soleil'.

Souvent des fictions l'innocente imposture
De quelque vérité fut l'exacte peinture.
Eh! qui ne connaît pas le mystère attaché
A ce fameux roman d'Amour et de Psyché?
Quelle image à la fois claire, juste et piquante 2!
Que la même figure est encore éloquente,

les savans ont donné plusieurs explications historiques, physiques, etc. On peut voir le traité De sacris Eleusinis et eorum mysteriis, dans le tome iv du Trésor des Antiquités romaines et grecques, de POLENI. M. DE SAINTE-CROIX, de l'Académie des belles-lettres, a publié, en 1784, des Mémoires pour servir à l'histoire de la religion secrète des anciens peuples, ou Recherches historiques et critiques sur les mystères du paganisme; mais je ne sais s'il a connu le livre singulier de l'allemand Herwart, Admiranda ethnicæ theologiæ mysteria, 1626, in-4o.

'On trouve plusieurs Traités sur les Jeux du cirque, dans le tome 1x du Trésor des antiquités romaines de GRÆVIUS: j'aurai occasion d'en reparler dans la note générale sur la Métaphore, à la fin de ce poëme.

La fable de Psyché ne remonte pas au-delà d'Apulée. Elle est bien connue en France par le livre de LA FONTAINE la comédie de MOLIÈRE et le ballet de GARDEL.

Lors que entre deux chemins un héros combattu
Laisse la Volupté pour suivre la Vertu '!

Chez nous l'Allégorie offre à l'âme pieuse
De nos livres sacrés la clef mystérieuse;
Et des deux Testamens tel est le sens profond,
Que le premier, en tout, figure le second *!
Ainsi, dans le désert, errante sous Moïse,
La Synagogue était l'image de l'Église ;
Et les Juifs, sur la terre aujourd'hui dispersés,
De ces types divins conservateurs forcés,

Cette fable, si célèbre dans l'antiquité, a été traitée de plusieurs manières. MÉTASTASE en a fait un opéra, sous le nom d'Alcide, SILIUS ITALICUs en a tiré un bel épisode de sa Guerre punique. L'auteur a traduit cet épisode, sous ce titre : Scipion entre la volupté et la vertu. Voyez le Recueil de ses fables, livre x1, fable 11.

Il a parlé aussi, en général, du goût des Grecs pour l'allégorie, dans une pièce de vers assez étendue, sur la Littérature et la Mythologie grecques, servant de prologue au dixième livre du même recueil, imprimé chez M. P. Didot l'aîné, 2 volumes in-12, 1815.

2 C'est le sujet d'un poëme latin, du père MILIEU, jésuite, en vingt-huit livres, intitulé: Moïses viator, seu imago militantis Ecclesiæ, mosaïcis peregrinantis synagogœ typis adumbrata. Lyon, 1636, 1639, 2 vol. in-8°., ouvrage trop long, mais où il y a de belles choses, ignorées et perdues, comme il s'en trouve beaucoup dans tant d'autres poëtes latins, modernes, qui n'ont plus de lecteurs. On pourrait du moins nous les faire connaître en partie, par des extraits, qui seraient agréables et intéressans. Ce serait une mine toute neuve et riche à exploiter.

Ont gardé le dépôt de chaque prophétie,
Où fut d'avance écrit le règne du Messie.

Mais d'un si grand sujet mon vers n'ose approcher:
Bossuet, ou Pascal ont seuls droit d'y toucher 1.
L'Allégorie aux arts est aussi familière

Et semble du pinceau la langue auxiliaire.
Ainsi parlent aux yeux des muets et des sourds,
Les gestes dont Sicard sait leur faire un discours.
L'Égypte avait jadis créé l'art des emblèmes.

Les Grecs, les vieux Toscans, les fiers Romains eux-mêmes Adoptèrent cet art, qui peut, à volonté,

Sur l'argile pétrie, ou sur l'airain dompté,

D'un corps visible à l'œil revêtir la pensée ;

Sous leurs mains, la nature était toujours tracée :
Médaille, vase, ou meuble, ou plus simple instrument,
Tout était figuré, tout fesait monument.

Plus d'un moderne artiste a marché sur leurs traces;
L'Albane a fait revivre et Vénus et les Grâces;

1

▪ Voyez dans le Discours de BossUET sur l'Histoire universelle, deuxième partie, § 13, le rapport qu'il y a entre les divers livres de l'Ecriture; et dans les Pensées de PASCAL le chapitre 10, des Juifs; le chapitre 12, des Figures; et le chapitre 13, que la Loi était figurative.

On n'a fait que glisser ici sur ce sujet, parce qu'on sait que c'est une matière à controverses, du ressort de la théologie et non de la littérature ordinaire. L'abbé FLEURY a relevé, avec son impartialité ordinaire, l'abus que l'on fesait au dixième siècle, des allégories dans les saintes écritures. (Hist. Ecclés. Discours v, § II, tom. XVII.).

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