Ces mots, que Pradon crut des termes de chimie, Et nos plus grands auteurs sont ici mes soutiens. Venez, jeunes amis du dieu de l'harmonie ! Chaque chose a son nom, qui n'est fait que pour elle Dans son acception précise et naturelle; C'est le mot propre. On sait que tous les bons esprits A ce mot nécessaire attachent un grand prix. Huer la synecdoche et la métonymie, Grands mots, que Pradon croit des termes de chimic. BOILEAU. * Auteur du Traité des Tropes et des articles de grammaire dans les sept premiers tomes de l'Encyclopédie. Voyez ses Éloges par MM. D'ALEMBERT et de Gérando : ce dernier a remporté le prix proposé par l'Institut. C'est des malentendus que naissent nos disputes 1 : On ne saurait faire trop d'attention à cette grande vérité que l'on perd trop souvent de vue. La logique de Port-Royal y a fortement insisté, et l'on sait que cette logique est un des ouvrages qui ont honoré le siècle de Louis XIV. Vers la fin du même siècle, Samuel WERENFELS, savant professeur de Bâle, appelé avec raison un savant plein de goût, elegantissimè doctus, a fait, sur le même sujet, un livre latin, souvent réimprimé : De logomachiis eruditorum. Ce mot de logomachie est de saint Paul, qui regarde les disputes de mots comme une maladie. WerenFELS a décrit avec soin les symptômes de cette maladie de l'esprit, et a cherché par quels remèdes on pourrait la guérir. On devrait faire un extrait de ce livre en français, à l'usage des classes. Le P. BUFFIER a écrit sur cette matière d'une manière solide, mais avec moins d'agrément. HELVÉTIUS l'a effleurée dans le livre de l'Esprit, chapitre de l'Abus des mots. LOCKE et CONDILLAC l'ont approfondie; mais ils sont un peu secs, au lieu que le livre de WEREnfels est rempli d'une érudition intéressante et choisie. Jamais à l'Opéra le bâton de mesure A la ville, à la cour, dans les champs, à la Halle ', La Métaphore brille et marche la première 2. « Je suis persuadé qu'il se fait plus de figures un jour » de marché, à la Halle, qu'il ne s'en fait en plusieurs jours › d'assemblées académiques.... » (Du MARSAIS, des Tropes, article 1.) Le nom de métaphore vient d'ARISTOTE, qui pre Admirez comme un mot, de son sens détourné, Elle compare entre eux deux termes qu'elle embrasse ; Ses portraits, faits au vol, sont frais et ressemblans. Il est des cœurs de bronze et des âmes de boue. Pour Voltaire, les rois ont été des syrènes 6. nait ce mot dans un sens plus étendu qu'on ne l'a fait depuis. Voyez ce qu'en dit BARTHELEMY, dans le chapitre de la Rhétorique, Voyage d'Anacharsis. CICERON et QUINTILIEN appellent la métaphore translatio. 'BOILEAU, Satires. Ut quamvis avido parerent arva colono. 3 BOILEAU, Épîtres. 4 Le même, 6 Satires. VIRGIL. Æneid. I. VOLTAIRE, Henriade, chant Ier. Mon vaisseau fit naufrage aux mers de ces syrènes. VOLTAIRE, discours en vers. Quelquefois de fâcheux on est assassiné 1. Jason se contentait d'un exil couronné 2. « La clef du coffre-fort et des cœurs, c'est la même 3. » « On porte ses remords avec le diadème 4. » Tout l'éclat du talent par l'âge se flétrit, « Et les rides du front passent jusqu'à l'esprit 5 : Telle est la Métaphore! On prétend qu'Épicure Avait de ses écrits banni cette figure 6. 1 Sous quel astre, bon Dieu, faut-il que je sois né, Pour être de fâcheux toujours assassiné ! MOLIÈRE, les Fâcheux, acte 1. 2 Et si je me bannis par-delà ma patrie, Un exil couronné peut faire aimer la vie. P. CORNEILLE, la Toison d'or, acte Iv, scène Iv. LA FONTAINE, Contes. 4 RACINE, les Frères ennemis. P. CORNEILLE, vers au roi, en 1676. Il a employé heureusement cette belle expression de MONTAIGNE : « La vieillesse attache plus de rides à l'esprit qu'au visage. »> Voyez ci-après, sur la richesse des métaphores de MoNTAIGNE, une note du quatrième, chant. 6 DIOGENE LAERCE et GASSENDI donnent cette louange à EPICURE. EUCLIDE de Mégare et EMPÉDOCLE s'élevaient aussi contre l'usage des comparaisons; et se fondaient, à cet égard, sur ce double raisonnement. « Ou ce qu'on trouve » de semblable, est pareil en tout point à l'objet dont on » le rapproche, ou il ne s'y rapporte pas. Si la chose est la >> même, n'est-ce pas, disaient-ils, une simplicité, de » chercher l'ombre au lieu du corps, et de laisser là le so»lide pour courir après une image? Si la chose n'est pas » exactement la même, toute similitude alors n'est pas fu» tile seulement; mais elle doit paraître inepte et impor |