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combait sous les efforts des Musulmans. Un monde nouveau s'ouvrait par la découverte de l'Amérique. La lutte du protestantisme devait commencer dans moins d'un siècle. Dieu voulut qu'un témoignage authentique fût rendu à l'unité de l'Église catholique, apostolique, romaine, fondée sur la primauté de Pierre et de ses successeurs; et ce témoignage fut d'autant plus éclatant que l'Église venait de subir la division la plus profonde qui se fùt produite dans le cours des âges.

Des désordres graves avaient altéré la sainteté des mœurs chrétiennes pendant les troubles religieux et civils du XIVe siècle. De toutes parts on demandait la réforme. Notre-Seigneur commença par raffermir le principe d'autorité et d'unité dans l'Église, et le XVIe siècle, sous la direction et l'impulsion du concile de Trente, avec son cortége de grands hommes et de grands saints, opéra la vraie réforme, pendant que les passions, en suscitant l'hérésie du protestantisme, cherchèrent inutilement à usurper ce nom pour colorer leur révolte1.

Au point de vue politique, l'Europe se préparait

beati Petri, principis Apostolorum, et verum Christi vicarium et omnium christianorum patrem ac doctorem existere, et ipsi in beato Petro pascendi, regendi et gubernandi Ecclesiam a Domino Nostro Jesu-Christo plenam potestatem traditam esse, quemadmodum etiam in gestis æcumenicorum conciliorum et in sacris canonibus continetur. (Conc. Florent.)

▲ Cours d'Histoire Ecclésiastique, par l'abbé BLANC. Leçons CXXXVIII — CXLIV. Il indique les sources historiques et résume bien les événements.

aux transformations du monde moderne. Nous n'arrêterons point nos regards sur l'Allemagne ni sur l'Espagne et l'Italie; ce n'est pas que la Bretagne demeurât étrangère aux événements qui se passaient dans ces contrées. Les ambassadeurs des princes bretons parurent plus d'une fois à la cour des empereurs d'Allemagne, durant le xve siècle; et dans les années qui suivirent immédiatement la mort de notre Bienheureuse, on vit l'archiduc Maximilien, aïeul de Charles-Quint, briguer la main de l'héritière du duché, qu'il fut sur le point d'obtenir. Les ducs avaient leurs représentants à la cour pontificale et suivaient le mouvement des affaires d'Italie. Les relations commerciales étaient très-actives avec l'Espagne. Néanmoins, pendant la vie de la sainte Duchesse, la Bretagne n'eut avec les États que nous venons de nommer que des rapports assez éloignés et sans influence directe sur le gouvernement de la province. Ce qui doit attirer notre attention, c'est la situation de la France, alors en lutte avec l'Angleterre: la Bretagne, placée entre ces deux grandes puissances, se trouvait nécessairement et perpétuellement mêlée à toutes leurs querelles'.

Au moment de la naissance de notre Bienheureuse, la France était dans la situation la plus critique. Charles VI venait de mourir, cinq ans

Voyez entre autres Dom LOBINEAU, Histoire de Bretagne, t. 1, liv. xvi, IVIL, XVII, XIX, XX et XXI.

auparavant, en 1422, laissant le royaume en proie aux sanglantes divisions des deux factions d'Orléans et de Bourgogne. Henri V, roi d'Angleterre, était mort la même année. La puissance anglaise, secondée par l'ambition d'Isabelle de Bavière, veuve de Charles VI, était devenue tellement prépondérante que le fils de Henri V, âgé de neuf mois, fut proclamé roi de France et d'Angleterre, sous le nom de Henri VI, et la régence des deux royaumes confiée au duc de Bedfort, son oncle. Charles VII, éloigné de Paris, dont les Anglais étaient complètement les maîtres, s'était réfugié au midi de la Loire. C'est à Poitiers qu'il fut proclamé roi de France, titre qui semblait dérisoire à ses ennemis, dans l'état d'infériorité où il était réduit; et ils affectaient de ne plus l'appeler que le roi de Bourges, cette ville étant alors le centre de ses États amoindris. La confusion était portée à son comble dans le royaume, et lorsqu'on lit l'histoire de ces temps, on est saisi de tristesse en voyant le pêle-mêle de guerres et de trahisons qui se succèdent sans interruption entre les grands seigneurs. Charles VII, faible de caractère, mené par ses favoris et souvent aussi entraîné par les passions, paraissait incapable de dominer une situation désormais désespérée.

Dieu aime la France, et, dans cette extrémité, il lui envoya un secours miraculeux: Jeanne d'Arc, l'humble fille de la campagne, transformée subi

tement en chef d'armée, fut manifestement suscitée par la Providence pour sauver notre malheureuse patrie. En 1429, lorsque Françoise d'Amboise était au berceau, elle venait prendre le roi à Bourges, faisait lever le siége d'Orléans et conduisait Charles VII à Reims pour y être sacré1. C'est à quelques pas, pour ainsi dire, du berceau de Françoise que s'accomplissaient ces grands événements. Elle était destinée à voir la suite des desseins providentiels de Dieu sur la France se dérouler pendant sa vie. L'Angleterre s'épuisa à son tour dans la longue guerre civile des Deux-Roses; les armées de Charles VII poursuivirent leur marche victorieuse; les provinces conquises par les Anglais furent successivement réunies à la France; et déjà commença à se former cette forte unité monarchique dans laquelle s'absorbèrent successivement les grands fiefs de la couronne. Louis XI, avec sa politique habile et trop souvent astucieuse, hâta cette œuvre d'unité que ses successeurs continuèrent après lui, et qui devait s'achever dans le siècle suivant.

Nous trouverons la Bienheureuse plus d'une fois en relation avec les monarques français. Nous verrons avant sa mort se préparer les événements qui ont amené la réunion de la Bretagne à la France. Le xve siècle fut, en effet, le dernier de

Sur la mission miraculeuse de Jeanne d'Arc, voyez l'Histoire de l'Eglise Gallicane, par le Père BERTHIER, de la Compagnie de Jésus, édition de 1782, t. xvI. Discours sur la Pucelle d'Orléans, à la fin du volume.

l'existence indépendante et séparée de notre province. A la fin du xive, la Bretagne, sortie depuis quarante ans de la terrible lutte entre les Penthièvre et les Montfort, s'était reposée sous le long règne du duc Jean IV. Jean V, son fils, lui avait succédé en 1399, à l'âge de douze ans. Marié à Jeanne de France, fille de Charles VI, il voyait son alliance également recherchée par la France et l'Angleterre; et, si la Bretagne n'échappa pas entièrement aux agitations belliqueuses de cette époque, elle jouit cependant d'une tranquillité plus grande que beaucoup d'autres provinces. Malgré quelques tergiversations de la politique de ses ducs, elle aida puissamment la France dans les guerres de sa délivrance. Un de ses enfants, Arthur, comte de Richemont, dont nous aurons l'occasion de parler souvent dans la vie de Françoise, porta glorieusement l'épée de connétable pendant trente-trois ans, et rendit à Charles VII sa capitale.

La vie de notre sainte est sans contredit une des pages les plus belles de la dernière période historique de la Bretagne. Cette province avait eu un passé glorieux. Les enfants de l'Armorique étaient célèbres par leurs vertus guerrières dès l'époque romaine. A l'origine du Christianisme, l'envoyé du Vicaire de Jésus-Christ, saint Clair, premier évêque de Nantes, avait jeté la semence de l'Évangile dans ces âmes fortement trempées, où

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