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Dès que l'enfant peut marcher et agir, il passe de la classe des poupons et pouponnes à celle des lutins et lutines. S'il a été élevé dès sa naissance dans les séristères d'une phalange, il sera dès l'âge de 24 mois assez fort pour passer aux lutins. Parmi ces enfants on ne distingue point les 2 sexes; il importe de les confondre à cette époque pour faciliter l'éclosion des vocations et l'amalgame des sexes à un même travail. On ne commence à distinguer les sexes que dans la tribu des bambins.

J'ai dit que la nature donne à chaque enfant un grand nombre d'instincts en industrie, environ une trentaine, dont quelques-uns sont primaires ou dirigeants et doivent acheminer aux secondaires.

Il s'agit de découvrir d'abord les instincts primaires : l'enfant mordra à cet hameçon dès qu'on le lui présentera; aussi dès qu'il peut marcher, quitter le séristère des poupons, les bonnins et bonnines à qui il est remis s'empressent-ils de le conduire dans tous les ateliers, et toutes les réunions industrielles peu éloignées ; et comme il trouve partout de petits outils, une industrie en miniature, exercée déjà par les lutins de 2 112 à 3 ans, avec qui il veut s'entremettre, fureter, manier, on peut discerner au bout d'une quinzaine, quels sont les ateliers qui le séduisent, quels sont ses instincts en industrie.

La phalange ayant des travaux excessivement variés (voy. chap. XV et XVI), il est impossible que l'enfant qui les parcourt n'y trouve pas l'occasion de satisfaire plusieurs de ses instincts dominants; ils éclateront à l'aspect des petits outils maniés par d'autres enfants plus âgés que lui de quelques mois.

Au dire des pères et instituteurs civilisés, les enfants sont de petits paresseux rien n'est plus faux; les enfants dès l'âge de 2 à 3 ans sont très-industrieux, mais il faut connaître les ressorts que la nature veut mettre en œuvre pour les

entraîner à l'industrie, dans les Séries passionnées et non pas en civilisation.

Les goûts dominants chez tous les enfants, sont :

4 Le FURETAGE ou penchant à tout manier, tout visiter, tout parcourir, varier sans cesse de fonction;

2 Le fracas industriel, goût pour les travaux bruyants; 3 La singerie ou manie imitative;

4 La miniature industrielle, goût des petits ateliers; 5 L'ENTRAINEMENT PROGRESSIF du faible au fort.

Il en est bien d'autres, je me borne à citer d'abord ces 5 très-connus des civilisés; examinons la méthode à suivre les appliquer à l'industrie dès le bas âge.

pour

Les bonnins et bonnines exploiteront d'abord la manie de furetage si dominante chez l'enfant de deux ans. Il veut entrer partout, manier, retourner tout ce qu'il voit. Aussi est-on obligé de le tenir à l'écart dans une pièce démeublée, car il briserait tout.

Ce penchant à tout manier est une amorce naturelle à l'industrie; pour l'y attirer, on le conduira aux petits ateliers; il y verra des enfants de 2 112 et 3 ans opérant déjà avec de petits outils, petits marteaux. Il voudra exercer sa manie imitative dite SINGERIE; on lui prêtera quelques outils, mais il désirera être admis avec les enfants de 26, 27 mois, qui savent travailler et qui le repousseront.

Il s'obstinera si ce travail est au nombre de ses instincts: alors le bonnin ou le patriarche présent lui enseignera quelque parcelle du travail, et il parviendra bien vite à se rendre utile sur quelques riens qui lui serviront d'introduction; examinons cet effet sur un menu travail à portée des plus petits enfants, un égoussage et triage de pois verts. Ce travail qui occuperait chez nous des bras de 30 ans, sera confié à des enfants de 2, 3, 4 ans : la salle contient des tables inclinées, à diverses concavités; deux bambines sont assises au côté supérieur, elles égrènent des pois en silique; l'inclinaison de la table fait rouler le grain vers le côté inférieur où se trouvent assis 3 lutins ou lutines de 25, 30, 35 mois, chargés du triage et pourvus d'instruments spéciaux.

Il s'agit de séparer les plus petits pour le ragoût au sucre, les moyens pour le ragoût au lard et les gros pour la soupe.

La lutine de 35 mois choisit d'abord les petits qui sont les plus difficiles à trier; elle renvoie tout le gros et moyen à la cavité suivante, où la lutine de 30 mois pousse à la 3e cavité ce qui paraît gros, renvoie à la 1re ce qui est petit, et fait glisser le moyen grain dans le panier. Le lutin de 25 mois placé à la 3o cavité a peu de chose à faire, il renvoie quelques moyens grains à la 2e et recueille les gros dans sa corbeille.

C'est à ce 3 rang qu'on placera le lutin débutant; il s'entremettra fièrement à pousser les gros grains dans le panier; c'est un travail de rien, mais il croira avoir fait autant que ses compagnons; il se passionnera, prendra de l'émulation, et dès la 3e séance il saura remplacer le bas lutin de 25 mois, rejeter les grains de 2o grosseur en 2e case, et recueillir seulement ceux de 4re faciles à distinguer. Dès qu'il saura figurer à ce minime travail, on lui placera solennellement sur son bourrelet ou bonnet un pompon d'aspirant au groupe d'égoussage des pois verts.

C'est une précaution employée dans tous les ateliers sociétaires que de réserver aux très-petits enfants un travail de nulle valeur comme celui de recevoir quelques gros pois qu'on fait glisser vers l'enfant et qu'il pousse dans une corbeille. On pourrait faire cela sans lui et sans perte de temps, mais on manquerait l'amorce industrielle qu'il faut toujours présen. ter à un lutin arrivant dans l'atelier et même à un bambin ou chérubin; car tel qui n'a pas pris parti à 2 ans pourra s'engager à 3 ou à 4.

Cette amorce qu'on réserve partout aux divers âges ne peut être pour le lutin de 24 mois qu'une ombre de travail, flattant son amour-propre, lui persuadant qu'il a fait quelque chose, et qu'il est presque l'égal des bas lutins de 26, 28 mois, déjà engagés à ce groupe, déjà revêtus de panaches et ornements qui inspirent un profond respect au lutin débutant (218).

L'enfant de 2 ans trouve donc aux petits ateliers d'une phalange quantité d'amorces que la civilisation ne saurait lui offrir, elles sont au nombre d'une vingtaine dont je vais donner un tableau.

1. Le charme de petits outils en dimension graduée pour les divers âges et de petits ateliers.

2. Les gimblettes harmoniques ou application de tout l'attirail des gimblettes actuelles, chariots, poupées, etc., à des emplois d'apprentissage ou de coopération en industrie (voy. chap. XVIII).

3. L'appât des ornements gradués; un panache suffit déjà chez nous pour ensorceler un villageois, lui faire signer l'abandon de sa liberté ; quel sera donc l'effet de cent parures honorifiques, pour enrôler un enfant au plaisir et à des réunions amusantes avec ses pareils.

4. Les privilèges de parade et maniement d'outils; on sait combien ces amorces ont de pouvoir sur l'enfant.

5. La gaîté inséparable des réunions enfantines quand elles travaillent par plaisir ou attraction.

6 L'enthousiasme pour la phalange où l'enfant jouira de tous les plaisirs dont son âge est susceptible.

7. Les compagnies de table, variées chaque jour selon les intrigues du moment, et servies de mets adaptés au goût des enfants qui ont leur cuisine spéciale.

8. L'influence de la gastronomie sériaire qui a la propriété de stimuler les cultures par la gourmandise, et lier tout le mécanisme industriel (voyez 7e notice).

9. L'orgueil d'avoir fait quelque rien que l'enfant croit de haute importance on l'entretient dans cette illusion.

40. La manie imitative qui, dominante chez les enfants, acquiert une activité décuple, quand l'enfant est stimulé par les prouesses de tribus enfantines plus âgées.

44. La pleine liberté d'option en sortes de travail, et en durée de chaque travail.

42. L'indépendance absolue, ou dispense d'obéissance à tout chef qui ne serait pas choisi passionnément.

43. L'exercice parcellaire ou avantage de choisir, dans chaque industrie, la parcelle sur laquelle on veut exercer.

14. Le charme des séances courtes, variées fréquemment, bien intriguées et désirées par leur rareté. Elles sont rares, même lorsqu'elles sont diurnales, car elles n'emploient à tour de rôle que 413 ou 414 des sectaires.

43. L'intervention officieuse des patriarches, des bonnins, des mentorins, tous chéris de la basse enfance qui ne reçoit d'enseignement qu'autant qu'elle en sollicite.

46. L'absence de flatteric paternelle, déjouée dans l'ordre sociétaire où l'enfant est jugé et remontré par ses pairs.

17. L'harmonie matérielle ou manœuvre unitaire inconnue dans les ateliers civilisés, et pratiquée dans ceux d'harmonie où l'on opère avec l'ensemble des militaires et des chorégraphes, méthode qui fait le charme des enfants.

18. L'influence de la distribution progressive, qui peut seule exciter chez l'enfant le charme et la dextérité nécessaires en études industrielles.

19. L'entraînement collectif ou charme de suivre les collègues s'exaltant par les hymnes, parures, festins, etc.

20. Les esprits de corps très-puissants chez les enfants, et très-nombreux en régime sociétaire.

24. Les émulations et rivalités entre chœurs et sous-chœurs contigus, entre groupes d'un même chœur et d'une même série, entre catégories d'un groupe.

22. La prétention périodique à s'élever, soit aux chœurs et aux tribus supérieures, soit aux catégories moyenne et haute de chaque tribu.

23. L'enthousiasme pour les prodiges opérés par les chœurs supérieurs en degré, selon la loi de déférence pour l'ascendant (I, 387 et ici 248).

24. Les intrigues vicinales ou luttes émulatives avec les enfants des phalanges voisines et rencontre avec leurs cohortes. Ce ressort manquera à la phalange d'essai.

Je ne mentionne pas ici d'autres stimulants qui n'agissent guère avant l'âge de 4 ans, tels que :

La concurrence des sexes et instincts,
L'appât du gain et des forts dividendes.

Ces deux ressorts n'ont point encore d'influence sur les lutins et peu sur les bambins; ce n'est que parmi les chérubins qu'ils commencent à se développer.

La réunion de ces amorces opérera en moins d'un mois, au bout duquel on aura fait éclore chez l'enfant 3 ou 4 de ses vocations primordiales qui, avec le temps, en feront éclore d'autres; celles où le travail est difficile ne pourront naître que vers l'âge de 30 à 32 mois.

L'éclosion sera facile, si l'on observe la règle générale, (chap. V et VI) de mettre en jeu les 3 passions mécanisantes: elles peuvent déjà germer 209, 210, parmi les poupons, et bien mieux parmi les lutins: la Cabaliste, la Composite, la Papillonne, seront pleinement satisfaites chez les lutins, par

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