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11. Absence d'opposition scientifique. 12. Détérioration postérieure des climats.

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Chacun de ces caractères exigera de longs détails. A défaut, l'idée peut sembler fausse, comme la 12o, détérioration postérieure des climatures. Il est certain qu'une civilisation naissante améliore le climat; mais au bout de quelques siècles, l'industrie désordonnée détruit les forêts, tarit les sources, excite les ouragans et tous les excès atmosphériques. Aussi le climat de France est-il sensiblement dégradé : l'olivier bat en retraite; il était à Montélimart il y a un demisiècle, on ne le trouve aujourd'hui qu'au-dessous de la Durance. L'oranger a presque disparu d'Hières; toutes les cultures périclitent parce qu'on a déchaussé les Alpes, les Cévennes et autres chaînes. L'espace me manque pour expliquer ces 12 caractères; il est donc inutile de donner une liste des 444. Il suffit que l'on voie, par ce peu de définitions, que l'analyse exacte de la civilisation est une science trop neuve pour être susceptible d'abrégé dans sa première apparition. L'on s'en convaincra sur la branche du commerce, dont on a tant raisonné sans en avoir fait aucune analyse.

Quelle est la cause de cette vénération des modernes pour le commerce qui est détesté en secret par toutes les autres classes du corps social? D'où vient ce stupide engouement pour les marchands que Jésus-Christ battait de verges? La cause en est qu'ils ont gagné beaucoup d'argent, et qu'une puissance insulaire exerce sur le monde industriel une tyrannie de monopole mercantile.

Ces extorsions, cette tyrannie, ne proviendraient-elles pas de quelque erreur commise par la politique moderne? Cette science rampante n'a pas osé faire l'analyse du commerce, de ses caractères qu'il faut distinguer en genres et espèces; de sorte que le monde social ne sait pas ce qu'est le commerce. Quelques flagorneurs de l'agiotage dépeignent les marchands comme une légion de demi-dieux; chacun reconnaît au contraire qu'ils sont une légion de fourbes; mais à tort ou raison ils ont envahi l'influence; tous les philosophes sont pour eux, le ministère même et la cour fléchissent devant les vautours mercantiles, tout suit l'impulsion donnée par la science dite économisme, et par suite le corps social tout entier se soumet aux rapines mercantiles, de même que

l'oiseau fasciné par le serpent va se rendre dans la gueule du reptile qui l'a charmé.

Une politique honorable aurait dû mettre au concours les moyens de résistance, et s'enquérir des bévues qui donnent le sceptre du monde industriel à une classe improductive, mensongère et malfaisante.

On est si neuf sur l'analyse du commerce, que chacun le confond avec les manufactures qu'il s'occupe à entraver et rançonner. Les principaux négociants, nommés marchands de matières premières, ne sont occupés qu'à machiner la spoliation des manufacturiers et des consommateurs, s'informer des raretés qui surviennent sur chaque denree, pour l'accaparer, l'enchérir, la raréfier, et par suite pressurer le le fabricant et le citoyen.

La science dite économisme suppose un profond génie à ces accapareurs et agioteurs qui ne sont que des barbouillons, des joueurs aventureux, des malfaiteurs tolérés. On en a vu, en 1826, une preuve des plus frappantes, lorsqu'en pleine paix, après dix ans de calme, il survint tout à coup une stagnation et un engorgement d'autant plus imprévus, que tous les journaux triomphaient des nouvelles chances ouvertes au commerce par l'émancipation des deux Amériques. Quelle était la cause de cette crise qui fut si mal jugée? Elle provenait du jeu compliqué de deux caractères commerciaux,

Le refoulement pléthorique, le contre-coup d'avortement. Le refoulement est un effet périodique de l'aveugle cupidité des marchands qui, lorsqu'un débouché leur est ouvert, y envoient d'abord quatre fois plus de denrées que n'en comporte la consommation. Les 2 Amériques renferment à peine 40 millions d'habitans; en déduisant les sauvages, les nègres et la populace espagnole du pays chaud qui est presque nue, il ne reste pas vingt millions d'individus à vêtir; si on y porte des étoffes pour cent millions, il y aura engorgement et refoulement. C'est ce qu'ont fait en 1825 nos marchands de culottes et ceux d'Angleterre; ils ont encombré l'Amérique de leurs drogues, à tel point qu'elle en avait pour une consommation de 3 à 4 ans : il en est résulté mévente, stagnation, avilissement des étoffes, et banqueroute des vendeurs: effet nécessaire de cette pléthore toujours causée par les imprudences du commerce, qui se fait illusion sur les doses de consommation possible.

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Comment une cohue de vendeurs jaloux, aveuglés par l'avidité, pourrait-elle juger des bornes à établir en exportation? Il suffisait déjà de cette maladresse pour causer les banqueroutes et le bouleversement des marchés et des fabriques, lorsqu'un autre caractère est intervenu au même instant pour aggraver le mal. Des accapareurs de New-Yorck, Philadelphie, Baltimore, Charleston, etc., avaient prétendu s'emparer de tous les cotons, d'accord avec leurs affidés de Liverpool, Londres, Amsterdam, le Havre et Paris; mais l'Egypte et autres marchés ayant fourni une récolte copieuse, l'accaparement a échoué, la hausse n'a été qu'un feu de paille, les vautours d'Amérique ont été engorgés ainsi que leurs coopérateurs d'Europe; la mévente causée par la crise de refoulemens pléthoriques a dû arrêter les fabriques, et faire sauter les accapareurs de coton, qui, ayant compté sur la hausse, ne pouvaient pas même vendre à la baisse. La machination avortée en Amérique a causé par contre-coup mêmes banqueroutes en Europe.

Au résumé, cette crise sur laquelle on a fait tant de bel esprit était l'effet des deux caractères coïncidents,

Refoulement plethorique et contre-coup d'avortement.

Les journaux et ouvrages qui en parlaient, tombaient tous dans la même erreur; ils rapportaient à une seule cause (quelquefois très-mal définie) le désordre qui provenait de deux causes opérant combinément. Aucune des deux n'était avouée avec franchise par les écrivains; ils ne s'étudiaient qu'à innocenter les deux classes qui avaient causé le mal par deux menées contradictoires, l'une en obstruant les marchés d'un superflu gigantesque, l'autre en dépouillant ces marchés d'un approvisionnement nécessaire : c'etait d'un côté profusion folle, et de l'autre soustraction vexatoire; excès en tous genres et confusion en mécanisme, voilà le commerce, l'idole des sots.

Souvent on trouve 3 et 4 caractères influant combinément dans une machination mercantile : comment parvenir à la cure du mal, quand nos économistes loin de vouloir analyser cette complication de ressorts, s'étudient à les déguiser, les farder de sagesse !

Je viens de définir deux caractères du commerce anarchique nommé libre concurrence, en m'étayant d'évènements récents,

car il faut, en pareille analyse, démontrer par application à des faits connus.

Combien d'autres caractères malfaisants pourrait-on énumérer dans une stricte analyse du système commercial actuel ! J'en ai une liste de 72, dont 36 énoncés au traité, I. 168.

Chacun de ces caractères emploierait, même en définition succincte, un fort chap., total 72 chap., pour donner des exemples variés et tirés de faits notoires, comme celui qui vient d'être cité.

En outre, certains caractères tels que l'agiotage, la banqueroute, pourraient employer chacun une dizaine de chap., si on en définissait les espèces et les variétés.

Et pourtant le commerce n'est qu'une branche du mécanisme civilisé; deux volumes tels que celui-ci ne suffiraient pas à l'analyse des caractères du commerce, même en négligeant les détails de pratique, tels que les fourberies de chaque métier, dont Bacon voulait qu'on dressât des tableaux circonstanciés; on aurait bien à faire aujourd'hui de composer ce tableau ; il formerait un ouvrage plus énorme que l'Encyclopédie, tant le perfectionnement du commerce a raffiné et multiplié les fourberies. Je ne propose ici que le tableau des caractères, que l'analyse des ressorts principaux. J'essaie d'en citer seulement une douzaine des plus saillants, pour signaer lal perfidie de la science qui garde le silence, et sanctionne un régime d'où naissent de telles infamies.

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Sur ces douze, quelques-uns peuvent paraître peu intelligibles jusqu'à l'explication; mais il en est au moins six qui seront très-bien compris et dont chacun pourra dire : comment se fait-il que la science dite ÉCONOMISME qui traite du commerce, n'ait pas donné des chapitres d'analyse sur ces caractères, et sur tant d'autres?

Ici, comme au chap. 42, remarquons les caractères engrenés qui naissent l'un de l'autre; tels sont :

La distraction des capitaux, l'abondance dépressive.

On voit les capitaux affluer chez la classe improductive, les banquiers et marchands se plaignent fréquemment de ne savoir que faire de leurs fonds; ils en ont à 3 0/0 quand le cultivateur ne peut pas en avoir à 5 0/0, il est réduit à traiter avec des gens d'affaires, qui, prêtant à 0/0 nominalement, perçoivent réellement 16 et 17 0/0 par les charges accessoires et indirectes. Tout l'argent est concentré dans le commerce, vampire qui pompe le sang du corps industriel, et réduit la classe productive à se livrer à l'usurier. Par suite les années d'abondance deviennent un fléau pour l'agriculture. Une disette commence à obérer le laboureur, comme on l'a vu en 1845; l'abondance de 1817 vient consommer sa ruine, en le forçant à vendre les grains subitement et audessous de la valeur réelle, pour satisfaire ses créanciers. Ainsi le mécanisme qui distrait tous les capitaux pour les concentrer dans le commerce, réduit par contre-coup l'agriculture à gémir de l'abondance de denrées dont elle n'a ni vente ni consommation, parce que la consommation étant inverse, 40, la classe qui produit ne participe pas à cette consommation. Aussi les propriétaires et cultivateurs sont-ils réduits à désirer les fléaux, grêles et gelées; on a vu en 1822 l'épouvante dans tous les pays vignobles, en juin où ils craignaient une bonne récolte, et une abondance dépressive.

Ne suffirait-il pas de ces monstruosités politiques, pour prouver que le système actuel du commerce est un MONDE A REBOURS comme tout le mécanisme civilisé ? Mais tant qu'on ne voudra pas analyser les caractères, comment parviendra-t-on à se diriger dans ce labyrinthe? Nous avons à profusion des faiseurs de systèmes commerciaux, dont le talent est d'encenser tous les vices de l'hydre mercantile : on sera fort étonné, quand on verra la franche analyse du système commercial mensonger, d'avoir été si longtemps dupes d'un désordre que l'instinct nous dénonce en secret, car le commerce est haï de toutes les autres classes.

Il suffirait de l'extrême fausseté où il est parvenu, pour dessiller les yeux; la fourberie, l'altération de toutes les matières est à tel point, qu'on doit désirer le monopole général comme PRÉSERVATIF Contre le commerce. Une régie serait bien moins fausse, elle donnerait au moins des denrées naturelles à qui y mettrait le prix, tandis qu'il est impossible aujourd'hui d'obtenir du commerce rien de naturel :

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