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Vous allez vous planter: je n'en difconviens pas; Et je fçai que d'un prompt trépas ̈

Cette importunité bien fouvent eft punie.
Certain ajuitement, dites-vous, rend jolie:
J'en conviens, il eft noir ainfi que vous & moi.
Je veux qu'il ait nom Mouche; eft-ce un fujet pourquot
Vous faffiez fonner vos mérites?

Nomme-t-on pas auffi mouches, les parafites?
Ceffez donc de tenir un langage fi vain:
N'ayez plus ces hautes penfées.

Les (2) mouches de cour font chaffées: Les (3) mouchars font pendus;&vous mourrez de faim, De froid, de langueur, de misére, Quand (4) Phoebus regnera fur un autre hémisphére. Alors je jouirai du fruit de mes travaux.

Je n'irai par monts ni par (5) vaux
M'expofer au vent, à la pluie :

Je vivrai fans mélancolie:

Le foin que j'aurai pris, de foins m'exemptera.
Je vous enfeignerai par - là

Ce que c'eft qu'une fauffe ou véritable gloire.
Adieu: je perds le tems; laiffez-moi travailler.
Ni mon grenier, ni mon armoire
Ne fe remplit à babiller.

(2) Les importuns.

(3) Les efpions.

(4) Le Soleil, quand l'hyver fera venu.

(5) Au-lieu de vaux, vieux mot, on dit aujourd'hui vallées. Par monts & par vaux eft pourtant une expreffion qui peut encore être admife avec grace dans un style fimple & familier, comme celui dont La Fontaine a trou ve bon de fe fervir dans la plupart de fes Fables,

FABLE

IV.

Le Jardinier & Son Seigneur.

Un

n amateur du jardinage,

Demi - bourgeois, demi-manant,

Poffédoit, en certain village,

Un jardin affez propre, & le clos (1) attenant.
Il avoit de plant vif fermé cette étendue :
Là croiffoit à plaifir l'ofeille & la laitue;
De quoi faire à Margot pour fa fête un bouquet;
Peu de jasmin d'Espagne, & force ferpolet.
Cette félicité par un Liévre troublée,

Fit qu'au Seigneur du bourg notre homme fe plaignit.
Ce maudit animal vient prendre fa goulée
Soir & matin, dit-il; & des piéges fe rit:
Les pierres, les bâtons y perdent leur crédit:
11 eft forcier, je crois. Sorcier? Je l'en défie,
Repartit le Seigneur. Fut-il diable, (2) Miraut,
En dépit de fes tours, l'attrapera bientôt.

Je vous en déferai, bon homme, fur ma vie.
Et quand ? & dès demain, fans tarder plus long-temps.
La partie ainfi faite, il vient avec fes gens.

C'à déjeûnons, dit-il: vos poulets font-ils tendres?
La fille du logis, qu'on vous voie, approchez..
Quand la marierons-nous? Quand aurons-nous des
gendres?

Bon homme, c'eft ce coup qu'il faut, vous m'entendez, Qu'il faut fouiller à (3) lefcarcelle.

(1) Tout proche.

(2) Nom d'un Chien de chaffe.

(3) Vieux mot, pour dire une grande bourfe. Adone Frere Jean, defend en texre, dit Rabelais, mit la main à fon eftarcelle, en tira vingt efcus au Soleil. Pantagruel, Liv. iv. Ch. 16.

Difant ces mots, il fait connoiffance avec elle,
Auprès de lui la fait affeoir,

Prend une main, un bras, leve un coin du mouchoir
Toutes fottifes dont la belle

Se défend avec grand refpect;

Tant qu'au pere à la fin cela devient fufpect.
Cependant on fricaffe, on fe rue en cuifine.
De quand font vos jambons? ils ont fort bonne mine.
Monfieur, ils font à vous. Vraiment, dit le Seigneur,
Je les reçois, & de bon cœur.

Il déjeune très-bien, auffi fait fa famille,
Chiens, chevaux & valets, tous gens bien endentés:
Il commande chez l'hôte, y prend des libertés,
Boit fon vin, careffe fa fille.
L'embarras des chaffeurs fuccede au déjeuné.
Chacun s'anime & fe prépare:
Les trompes & les cors font un tel tintamarre,
Que le bon homme eft étonné,
Le pis fut que l'on mit en pitieux équipage
Le pauvre potager: adieu planches, quarreaux:
Adieu chicorée & poreaux:

Adieu de quoi mettre au potage.
Le liévre était gité deffous un maître chou.
On le quête, on le lance; il s'enfuit par un trou,
Non pas trou, mais trouée, horrible & large plaie
Que l'on fit à la pauvre haie

Par ordre du Seigneur: car il eût été mal
Qu'on n'eût pù du jardin fortir tout à cheval.
Le bon homme difoit : ce font-là jeux (4) de Prince,
Mais on le laiffoit dire; & les chiens & les gens
Fixent plus de dégât en une heure de temps,
Que n'en auroient fait en cent ans

Tous les liévres de la Province.

(4) Qui me plaifent, dis le Proverbe, qu'à ceux qui les font.

Petits Princes, vuidez vos débats entre vous:
De recourir aux Rois, vous feriez de grands fous.
Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,
Ni les faire entrer fur vos terres.

FA B LE V.
L'Ane & le petit Chien.
Ne forçons point notre talent:

Nous ne ferions rien avec grace.
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne fçauroit paffer pour galant.
Peu de gens le ciel chérit & gratifie,
Ont le don d'agréer infus avec la vie.

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C'eft un point qu'il leur faut laiffer;
Et ne pas reffembler à l'Ane de la Fable,
Qui pour fe rendre plus aimable
Et plus cher à fon Maître, alla le careffer.
Comment, difoit-il en fon ame,
Ce Chien, parce qu'il eft mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec Monfieur, avec Madame :
Et j'aurai des coups de bâton?
Que fait-il? il donne la patte,
Puis auffi-tôt il est baisé :

S'il en faut faire autant, afin que l'on me flatte,
Cela n'eft pas bien mal-aifé.

Dans cette admirable pensée,

Voyant fon Maître en joie, il s'en vient lourdement,
Leve une corne toute ufée,

La lui porte au menton_fort amoureufement
Non fans accompagner, pour plus grand ornement,

De fon chant gracieux cette action hardie.
Oh, oh! quelle careffe, & quelle mélodie!
Dit le Maître auffi-tôt. Holà, (1) Martin - bâton.
Martin - bâton accourt; l'Ane change de ton.
Ainfi finit la Comédie.

(1) Un valet armé d'un gros bâton. Ici Martin-bâton ne peut guère fignifier autre chofe: mais fi je ne me trompe, il doit fe prendre pour le bâton même dans cet endroit de Rabelais, où il fait dire à Panurge, je battray ma femme en Tigre fi elle me fâche. Martin-baton, ajoûtetil, en fera l'office. En faute de bafton, le Diable me mange, fi je ne la mangeois toute vive, &c, Pantagruel, Liv. ill. Ch. 12.

FABLE

V I.

Le combat des Rats & des Belettes.

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a nation des Belettes,

Non plus que celle des Chats,
Ne veut aucun bien aux Rats:
Et fans les portes étroites
De leurs habitations,
L'animal à longue échine
En feroit, je m'imagine,
De grandes deftructions.
Or une certaine année
Qu'il en étoit à foifon;
Leur roi, nommé Ratapon,
Mit en can pagne une armée.
Les Belettes, de leur part,
Déployerent l'étendard.
Si l'on croit la renommée,
La victoire balança...

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