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Je ne me fouviens point que vous soyez venue
Depuis le tems de Thrace habiter parmi nous.
Dites-moi, que penfez-vous faire?
Ne quitterez-vous point ce féjour folitaire?
Ah! reprit Philoméle, en eft-il de plus doux ?
Progné lui repartit: Et quoi, cette musique,
Pour ne chanter qu'aux animaux,

Tout au plus à quelque ruftique?

Le défert eft-il fait pour des talens fi beaux ?
Venez faire aux cités éclater leurs merveilles.
Auffi bien en voyant les bois,

Sans ceffe il vous fouvient que Térée autrefois,
Parmi des demeures pareilles,

Exerça fa fureur fur vos divins apas.
Et c'eft le fouvenir d'un fi cruel outrage,
Qui fait, reprit sa fœur, que je ne vous fuis pas :
En voyant les hommes, hélas !

Il m'en fouvient bien davantage.

J

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e ne fuis pas de ceux qui difent: ce n'eft rien, C'est une femme qui fe noie.

Je dis que c'est beaucoup: & ce fexe vaut bien
Que nous le regrettions, puifqu'il fait notre joie.
Ce que j'avance ici, n'eft pas hors de propos,
Puifqu'il s'agit dans cette Fable,

D'une femme qui dans les flots
Avoit fini fes jours par un fort déplorable.
Son époux en cherchoit le corps,
Pour lui rendre en cette avanture
Les. honneurs de la fépulture.
Il arriva que fur les bords

Du fleuve, auteur de fa difgrace,

Des gens fe promenoient, ignorant l'accident.
Ce mari donc leur demandant

S'ils n'avoient de fa femme aperçu ́nulle trace;
Nulle, reprit l'un d'eux; mais cherchez-la plus bas
Suivez le fil de la riviére.

Un autre repartit: non, ne le fuivez pas,
Rebrouffez plutôt en arriére.

Quelle que foit la pente & l'inclination

Dont l'eau par fa course l'emporte,
L'efprit de contradiction

L'aura fait flotter d'autre forte.

Cet homme fe railloit affez hors de faifon.
Quant à l'humeur contredifante,
Je ne fçai s'il avoit raison :

Mais que cette humeur foit, ou non,
Le défaut du fexe & fa pente;
Quiconque avec elle naîtra,
Sans faute avec elle mourra,
Et jufqu'au bout contredira,
Et, s'il peut, encor par-delà.

FABLE

XVII.

La Belette entrée dans un Grenier.

Danoifel

aoifelle Belette au corps long & fluet, Entra dans un grenier par un trou fort étroit :

Elle fortoit de maladie.

Là, vivant à difcrétion,

La Galante fit chere (1) lie,

(1) Grande chére. Chére lie qu'on trouve fouvent dan Rabelais fignifie proprement chére joyeuse. Le mot L n'eft guère plus entendu dans ce fens - là, quoique lie qui en a été formé, ne foit encore ni barbare, ni tout

Mangea, rongea: Dieu fçait la vie,

Et le lard qui périt en cette occafion.
La voilà, pour conclufion,
Graffe, maflue & rebondie.

Au bout de la femaine, ayant diné fon fou,
Elle entend quelque bruit, veut fortir par le trou;
Ne peut plus repaffer, & croit s'être méprife.
Après avoir fait quelques tours,

C'eft, dit-elle, l'endroit, me voilà bien furprife:
Jai paffé par ici depuis cinq ou fix jours,

Un Rat qui la voyoit en peine,

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Lui dit : Vous aviez lors la panfe un peu moins pleine.
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre fortir:
Ce que je vous dis là, l'on le dit bien à d'autres.
Mais ne confondons point, par trop approfondir,
Leurs affaires avec les vôtres.

à-fait hors d'ufage, témoin Notre-Dame de Lieffe, & ce
rers de La Fontaine qui eft entendu de tout le monde:
Aux nôces d'un Tyran tout le peuple en liefe.

Fable XI. Liv. 6.

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Le Chat & un vieux Rat.

J'ai 18, chez un conteur de Fables,

Qu'un fecond Rodilard; (1) l'Alexandre des chats,
L'Attila, (2) le fléau des rats,

Rendoit ces derniers miférables.
J'ai lû, dis-je, en certain auteur,
Que ce chat exterminateur,

(1) Le plus vaillant d'entr'eux.

(2) Attila. Roi des Goths, qu'on nomma le féau da genre humain.

t

1

Vrai (3) Cerbere, étoit craint une lieue à la ronde
Il vouloit de fouris dépeupler tout le monde.
Les planches qu'on fufpend fur un léger appui,
La mort aux rats, les fouriciéres,
N'étoient que jeux au prix de lui.

Comme il voit que dans leurs taniéres
Les fouris étoient prisonniéres,

Qu'elles n'ofoient fortir, qu'il avoit beau chercher
Le galant fait le mort, & du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas. La bête fcélérate
A de certains cordons fe tenoit par la patte.
Le peuple des fouris croit que c'est châtiment,
Qu'il a fait un larcin de rôt ou de fromage,
Egratigné quelqu'un, caufé quelque dommage;
Enfin, qu'on a pendu le mauvais garnement.
Toutes, dis-je, unanimément

Se promettent de rire à fon enterrement,
Mettent le nez à l'air, montrent un peu la tête,
Puis rentrent dans leurs nids à rats;
Puis, reffortant, font quatre pas,
Puis enfin fe mettent en quête.

Mais voici bien une autre fête.

Le pendu refluscite; & fur fes pieds tombant,
Attrape les plus pareffcuses.

Nous en fçavons plus d'un, dit-il, en les gobant
C'eft tour (4) de vieille guerre; & vos cavernes creufe
Ne vous fauveront pas, je vous en avertis;
Vous viendrez toutes au logis.
Il prophétifoit vrai. Notre maître Mitis,
Pour la feconde fois, les trompe & les affine,
Blanchit fa robe & s'enfarine;
Et, de la forte déguifé,

Se niche & fe blotit dans une huche ouverte.

Ce fut à lui bien avifé.

La gent trote -menu s'en vient chercher fa perte:

~(3) Chien à trois têtes, qui garde l'entrée des Enfers (4) Rule connue des vieux foldats.

Un rat, fans plus, s'abftient d'aller flairer autour.
C'étoit un vieux routier, il fçavoit plus d'un tour;
Même il avoit perdu fa queue à la bataille.
Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S'écria-t-il de loin au Général des chats.
Je foupçonne deffous encor quelque machine.
Rien ne te fert d'être farine;

Car quand tu ferois fac, je n'aprocherois pas.
C'étoit bien dit à lui; j'aprouve fa prudence:
Il étoit expérimenté,

Et fçavoit que la méfiance
Eft mere de la fûreté.

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