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Peuple (1) caméleon, (2) peuple finge du maître, On diroit qu'un efprit anime mille corps: Co C'est bien-là que les gens font de (3) fimples refforts.

Pour revenir à notre affaire,

Le Cerf ne pleura point; comment l'eût-il pú faire? Cette mortale vengeoit : la Reine avoit jadis .Etranglé fa femme & fon fils.

Bref, il ne pleura point. Un flatteur l'alla dire,
Et foutint qu'il l'avoit vû rire.

La colere du roi, comme dit (4) Salomon,
Eft terrible, & fur-tout celle du roi Lion:
Mais ce Cerf n'avoit pas accoutumé de lire.
Le monarque lui dit: chétif hote des bois,
Tu ris, tu ne fuis pas ces gémiffantes voix.
Nous n'appliquerons point fur tes membres profanes
Nos facrés ongles: venez, Loups,

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Vengez la reine; immolez tous
Centraître, à fes auguftes imanes.

Le Cerf reprit alors: fire, le tems des pleurs
Eft paffé.: la douleur eft ici fuperflue.
Votre digne moitié, couchée entre des fleurs,
Tout près d'ici m'eft apparue,

Et je l'ai d'abord reconnue.

Ami, m'a-t-elle dit; garde que ce convoi, e Quand je vais chez les dieux, ne t'oblige àdes larmes. Aux chainps (5) elyfiens j'ai goûté mille charmes, Converfant avec ceux qui font faints comme moi. Laiffe agir quelque temps le désespoir du roi :

(1) Animal qui prend la couleur du lieu où il eft, celle du verd, du jaune, du rouge, fur un tapis verd, jaune, rouge, &c.

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(2) Servile imitateur du maître.

(3) Sans raifonnement, fans fentiment, comme Defcarte le dit des Animaux brutes. Thelipe

(4) Rof des Juifs, qui a fait un Recueil de Proverbes, (5) Lieu des Enfers où font les Bienheureux,

D'une précaution fur qui rouloit la vie
De celui qu'il aimoit, défendit que jamais
On lui laiffår paffer le feuil de fon palais.
Il pouvoit, fans fortir, contenter fon envie;
Avec fes compagnons tout le jour badiner,
Sauter, courir, fe promener.

Quand il fut en l'âge où la chaffe
Plait le plus aux jeunes efprits,
Cet exercice avec mépris

Lui fut dépeint: mais quoi qu'on faffe,
Propos, confeil, enfeignement,

Rien ne change un tempérament.

Le jeune homme inquiet', ardent, plein de courage,
A peine fe fentit des bouillons d'un tel âge,
Qu'il foupira pour ce plaifir.

Plus l'obstacle étoit grand, plus fort fut le défir.
Il fçavoit le fujet des fatales défenses;
Et comme ce logis, plein de magnificences,
Abondoit par - tout en tableaux,

Et que la (1) laine & les (2) pinceaux

Traçoient de tous côtés chaffes & paysages,
En cet endroit des animaux,

En cet autre des personnages,

Le jeune homme s'émeut voyant peint un lion.
Ah, monftre! cria-t-il; c'est toi qui me fais vivre
Dans l'ombre & dans les fers! A ces mots il fe livre
Aux tranfports violens de l'indignation,

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Porte le poing fur l'innocente bête.

Sous la tapifferie un clou fe rencontra :

Ce clou le bleffe, il pénétra

Jusqu'aux refforts de l'amé; & cette chere tête Pour qui l'art (3) d'Esculape en vain fit ce qu'il put; Dut fa perte à ces foins qu'on prit pour fon falut.

(1) Les Tapifleries,os 6 potpoli

(2) Les Tableaux:

(3) Dieu de la Médecine & de la Chirurgie,

Même précaution huifit au poëte (4) Æfchile.
Quelque devin le menaça, dit-on,i
De la chûte d'une maifon.
Auffi-tôt il quitta la ville

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Mit fon lit en plein champ, loin des toits, fous les cieux.
Un aigle qui portoit en l'air une tortue,
Paffa par-là, vit l'homme, & fur fa tête nue,
Qui parut un morceau de rocher à fes yeux,
Etant de cheveux dépourvûe,

Laiffa tomber fa proie afin de la caffer : AVCA
Le pauvre fchile ainfi fçut fes jours avancer.

De ces exemples il réfulte,

Que cet art, s'il eft vrai, fait tomber dans les maux
Que craint celui qui le confulte;

Mais je l'en justifie, & maintiens qu'il eft faux.
Je ne crois point que la nature

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Se foit lié les mains, & nous les lie encor, L Jufqu'au point de marquer dans les cieux notre fort. Il dépend d'une conjoncture

De lieux, de perfonnes, de temps;

Non des conjonctions de tous ces charlatans.
Ce berger & ce roi font fous même planette;
L'un d'eux porte le fceptre & l'autre la houlette:
(5) Jupiter le vouloit ainfi.

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Qu'eft ce que Jupiter? un corps fans connoiffance.
D'où vient donc que fon influence,

Agit différemment fur ces deux hommes - ci?
Puis comment pénétrer jusques à notre monde?
Comment, percer des airs la campagne profonde?
Percer (6) Mars, le Soleil, & des vuides fans fin?
Un atôme la peut détourner en chemin :

.

(4) Ancien Poëte Grec, dont il nous refte quelques Tragédies.

(5) C'est une des grandes Planettes.

(6) Autre Planette au-deffous de Jupiter, par raport à la Terre.

Où l'iront retrouver 67) les faifeurs d'horofcope?
L'état où nous voyons l'Europe,

Mérite que du moins quelqu'un d'eux l'ait prévu:
Que ne l'a-t-il donc dit? mais nul d'eux ne l'a fçû.
L'immenfe éloignement, le point & fa viteffe,
Celle auffi de nos paffions,
Permettent-ils à leur foibleffe

De fuivre pas à pas toutes nos actions?
Notre fort en dépend: fa courfe entrefuivie,
Ne va, non: plus que nous, jamais d'un même pas;
Et ces gens veulent au compas,onume

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Tracer le cours de notre vie!

Il ne fe faut point arrêter

Aux deux faits ambigus que je viens de conter.
Ce fils par trop chéri, ni le bon homme Æschile
N'y font rien. Tout aveugle & menteur qu'eft cet art,
Il peut frapper au but une fois entre mille:
Stol co. Ce font des effets du hazard.

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(7) Charlatans qui veulent nous faire accroire qu'ils voyent clairement tout le bien & tout le mal qui doit arriver à une perfonne, par la fituation où le trouvent les Planettes dans le moment de fa naiffance. De tous les métiers, celui de Charlatan eft le plus aifé à apprendre. Deux chofes fuffifent pour le fçavoir parfaitement: la premiére, la crédulité des hommes, qui se dépend pas du Charlatan, mais dont il s'affure bien tôt par le moyen de la feconde, qui confifte à leur dire hardiment qu'il fçait fort bien ce qui lui eft abfolument inconnu.

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FABLE XVII.

L'Ane & le Chien.

11 fé faut entr'aider, c'eft la loi de nature:

L'Ane un jour pourtant s'en moqua,

Et ne fçais comme il y manqua;

Car il eft bonne créature.

alloit par pays accompagné du Chien,
Gravement, fans fonger à rien,
Tous deux fuivis d'un commun/maffe.

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Ce maître s'endormit: l'Ane fe mit à paître:
Il étoit alors dans un pré,

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Dont l'herbe étoit fort à fon gré.

Point de chardons pourtant, il s'en paffa pour l'heure:
Il ne faut pas toujours étre fi délicat; font
Et faute de fervir ce plat,
Rarement un feftin demeure.
Notre Baudet s'en fçut enfin

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Paffer pour cette fois. Le Chien mourant de faim, Lui dit: cher compagnon, baiffe-toi, je te prie, Je prendrai mon dîner dans le panier au pain. Point de réponse, mot: le (1) Rouffin d'Arcadie Craignit qu'en perdant un moment, K Il ne perdit un coup de dent.

Il fit long-temps la fourde oreille: Enfin il répondit: ami, je te confeille of R D'attendre que ton maître ait fini fon fommeil; Car il te donnera fans faute à son réveil

Ta portion accoutumée :

Il ne fçauroit tarder beaucoup.
Sur ces entrefaites un Loup

Sort du bois, & s'en vient; autre bête affamée.

(1) Sobriquet de FAner sai

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