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Dans

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ans un chemin montant, fablonneux, mal-aifé, Et de tous les côtés au Soleil éxposé,

Six forts chevaux tiroient un Coche.
Femmes, moines, vieillards, tout étoit defcendu.
L'attelage fuoit, fouffloit, étoit rendu.

Une Mouche furvient, & des chevaux s'approche,
Prétend les animer par fon bourdonnement,
Pique l'un, pique l'autre, & penfe à tout moment,
Qu'elle fait aller la machine,

S'affied fur le timon, fur le nez du Cocher.
Auffi-tôt que le char chemine,

Et qu'elle voit les gens marcher,

Elle s'en attribue uniquement la gloire,

Va, vient, fait l'empreffée: il femble que ce foit
Un fergent de bataille, allant en chaque endroit
Faire avancer fes gens,, & hâter la victoire.

La Mouche, en ce commun befoin,
Se plaint qu'elle agit feule, & qu'elle a tout le foin;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à fe tirer d'affaire.
Le moine difoit fon bréviaire:

Il prenoit bien fon temps! Une femme chantoit:
C'étoit bien de chanfons qu'alors il s'agiffoit!
Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent fottifes pareilles.

Après bien du travail, le coche arrive au haut.
Refpirons maintenant, dit la Mouche auffi -tôt ;
J'ai tant fait que nos gens font enfin dans la plaine.
C1, meffieurs les chevaux, payez-moi de ma peine.

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Ainfi certaines gens, faifant les empreffés,
S'introduifent dans les affaires.

Ils font par-tout les néceffaires ;
Et par-tout importuns, devroient être chaffés.

FABLE

X.

La Laitière & le Pot au Lait.

Perrette

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errette, fur fa tête ayant un pot au lait,
Bien pofé fur un couffinet,

Prétendoit arriver fans (1) encombre à la ville.
Légere & court vétue, elle alloit à grands pas,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon fimple & fouliers plats.

Notre Laitiére ainfi trouffée,
Comptoit déjà dans fa pensée

Tout le prix de fon lait, en employoit l'argent,..
Achetoit un cent d'œufs, faifoit triple couvée:
La chofe alloit à bien par fon foin diligent.
Il m'eft, difoit-elle, facile

D'élever des poulets autour de ma maison:
Le renard fera bien habile,

S'il ne m'en faiffe affez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraiffer coûtera peur de fon:
Il étoit, quand je l'eus, de groffeur raifonnable.
J'aurai, le revendant, de l'argent bel & bon;
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il eft, une vache & fon veau,
Que je verrai fauter au milieu du troupeau?
Perrette là deffus faute auffi, tranfportée.

Le fait tombe: adieu veau, vache, cochon, couvée.

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11) Malheur, accident fâcheux,542 201 cmumuni

La Dame de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainfi répandue,
Va s'excufer à son mari,

En grand danger d'être battue."
Le récit en farce en fut fait:
On l'appela le Pot au Lait.

Quel efprit ne bat la campagne?
Qui ne fait châteaux en Espagne?

(2) Pichrocole, (3) Pyrrhus, la Laitiére, enfin tous, Autant les fages que les fous.

Chacun fonge en veillant, il n'eft rien de plus doux,
Une flatteufe erreur emporte alors nos ames:
Tout le bien du monde eft à nous,

Tous les honneurs, toutes les femmes. Quand je fuis feul, je fais au plus brave un défi: Je m'écarte, je vais détrôner le (4) Sofi;

On m'élit Roi, mon peuple m'aime : Les diadêmes vont fur ma tête pleuvant. Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même, Je fuis Gros - Jean comme devant.

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(2) Prince colére, ambitieux & vifionnaire, dont parle Rabelais. Gargantua, Liv, 1. ch. 33.

(3) Pyrrhus, Roi des Epirotes: autre ambitieux vi Gionnaire, defcendu d'Achille. Voyez sa vie dans Plutarque, (4) Empereur de Perse.

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Un

n mort s'en alloit triftement
S'emparer de fon dernier gite:
Un Curé s'en alloit gaiment
Enterrer ce mort au plus vite.

Notre défunt étoit en caroffe porté,
Bien & dûment empaqueté,

Et vêtu d'une robe, hélas! qu'on nomme biére,
Robe d'hyver, robe d'été,
Que les morts ne dépouillent guére.
Le Pafteur étoit à côté,

Et récitoit à l'ordinaire
Maintes dévotes oraisons,

Et des pfeaumes & des leçons,
Et des verfets & des répons.

Monfieur le Mort, laiffez-nous faire,

On vous en donnera de toutes les façons:
Il ne s'agit que du falaire.

Meffire Jean Chouart couvoit des yeux fon Mort,
Comme fi on eût dû lui ravir ce tréfor;

Et, des regards, fembloit lui dire:
Monfieur le Mort, j'aurai de vous,
Tant en argent, & tant en cire,
Et tant en autres menus coûts.

Il fondoit là-deffus l'achat d'une feuillette
Du meilleur vin des environs :
Certaine niéce affez proprette,
Et fa chambriére Pâquette
Devoient avoir des cotillons.

Sur

Sur cette agréable penfée

Un heurt furvient: adieu le char.
Voilà Meffire Jean Chouart

Qui du choc de fon mort a la tête caffée:
Le Paroiffien, en plomb, entraine fon Pasteur,
Notre Curé fuit fon Seigneur :
Tous deux s'en vont de compagnie.

Proprement, toute notre vie

Eft le Curé Chouart, qui fur fon mort comptoit, Et la Fable du Pot au lait.

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L'Homme qui court après la Fortune, & l'Homme qui l'attend dans fon lit.

Qui

ui ne court après la Fortune?

Je voudrois, etre en lieu d'où je puffe ailément
Contempler la foule importune

De ceux qui cherchent vainement
Cette fille du fort de royaume en royaume,
Fidéles courtifans d'un volage fantôme,

Quand ils font près du bon moment, L'inconftante auffi-tôt, à leurs défirs échappe : Pauvres gens! Je les plains; car on a pour les fous Plus de pitié que de courroux.

Cet homme, difent-ils, étoit planteur de choux;
Et le voilà devenu Pape :

Ne le valons - nous pas ? vous valez cent fois mieux :
Mais que vous fert votre mérite?
La Fortune a-t-elle des yeux ?
Et puis, la papauté vant-elle ce qu'on quitte,
Le repos, le repos, tréfor fi précieux,

II. Partie.

I

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