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Mon fils, dit le Docteur, il n'eft point de partic Sufceptible de tant de maux.

J'ai l'honneur de fervir Noffeigneurs les Chevaux; Et fais auffi la Chirurgie.

Mon galant ne fongeoit qu'à bien prendre fon temps,
Afin de haper fon malade.

L'autre, qui s'en doutoit, lui lâche une ruade,
Qui vous lui met en marmelade
Les (5) mandibules & les dents.

C'est bien fait, dit le Loup en foi-même fort trifte,
Chacun à fon métier doit toujours s'attacher.
Tu veux faire ici (6) l'Herborifte,
Et ne fus jamais que Boucher.

(5) Les machoires.

(6) Qui s'aplique à la connoiffance des Plantes.

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Travaillez, prenez de la peine :

C'eft le fonds qui manque le moins.

Un riche Laboureur fentant fa mort prochaine,
Fit venir fes enfans, leur parla fans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laiffé nos parens:

Un tréfor eft caché dedans.

Je ne fçais pas l'endroit; mais un peu de courage Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait (1) l'out. Creufez, fouillez, bêchez, ne laiffez nulle place

(1) Après qu'on aura recueilli les grains, après la moiffon.

Où la main ne paffe & repaffe.

Le pere mort, les fils vous retournent le champ,
De-çà, de-là, par-tout; fi bien qu'au bout de l'an
Il en raporta davantage.

D'argent, point de caché. Mais le pere fut fage
De leur montrer avant fa mort,
Que le travail eft un trésor.

FABLE X.

La Montagne qui accouche.
Une Montagne en mal d'enfant

Jettoit une clameur fi haute,
Que chacun au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucheroit, fans faute,
D'une Cité plus groffe que Paris :
Elle accoucha d'une Souris.

Quand je fonge à cette Fable,
Dont le récit eft menteur,
Et le fens eft véritable,
Je me figure un Auteur,

Qui dit: Je chanterai la guerre

Que firent les Titans au Maître du tonnerre.

C'eft promettre beaucoup : mais qu'en fort-il fouvent

Du (1) ven

(1) Rien du tout, ou fort peu de chose.

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La Fortune & le jeune Enfant.

Sar le bord d'un puits très-profond,

Dormoit, étendu de fon long,

Un Enfant alors dans fes claffes.

Tout eft aux Ecoliers couchette & matelas.

Un honnête homme

en pareil cas,

Auroit fait un faut de vingt braffes.
Près de là tout heureusement

La Fortune paffa, l'éveilla doucement,
Lui difant: mon mignon, je vous fauve la vie.
Soyez une autre fois plus fage, je vous prie.
Si vous fuffiez tombé, l'on s'en fût pris à moi,
Cependant c'étoit votre faute.

Je vous demande, en bonne foi,

Si cette imprudence fi haute

Provient de mon caprice? Elle part à ces mots.

Pour moi, j'approuve fon propos.
Il n'arrive rien dans le monde
Qu'il ne faille qu'elle en réponde :
Nous la faifons de tous (1) écots:

Elle eft prife à garant de toutes avantures.
Eft-on fot, étourdi, prend-on mal fes mefures,
On penfe en être quitte en accufant fon fort:
Bref, la Fortune a toujours tort.

Nous

(1) Ecot eft la part que chacun doit payer pour un repas commun. Faifons-nous une fottile, nous en mettons la meilleure partie fur le compte de la Fortune. lui faifons payer largement fon écot pour le mauvais fuc cès d'une affaire auquel elle n'a contribué en aucune ma niére.

FABLE XI I.

Les Médecins.

Le Médecin (1) Tant-pis alloit voir un malade,

Que vifitoit auffi fon confrere (2) Tant-mieux.
Ce dernier efpéroit, quoique fon camarade
Soûtint que le (3) gifant iroit voir ses ayeux.
Tous deux s'étant trouvés différens pour la cure,
Leur malade paya le (4) tribut à Nature`;
Après qu'en fes confeils Tant-pis eut été crû.
Ils triomphoient encor fur cette maladie.
L'un difoit, il eft mort, je l'avois bien prévû:
S'il m'eût crû, difoit l'autre, il feroit plein de vie.

(1) (2) Médecins d'un caractére oppose dont l'un faifoit toujours des pronoftics funeftes, & l'autre des ́ pronoftics heureux

(3) Le malade qui étoit au lit.

(4) Mourut.

L

FABLE XI I I.

La Poule aux œufs d'or.

'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux pour le témoigner

7

Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondoit tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans fon corps elle avoit un tréfor.
Il la tua, l'ouvrit, & la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui raportoient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de fon bien.

Belle leçon pour les gens chices!

Pendant ces derniers temps combien en a-t-on vûs,
Qui du foir au matin font pauvres devenus,
Pour vouloir trop tôt être riches?

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L'Ane portant des Reliques.

Un Baudet chargé de Reliques,

S'imagina qu'on l'adoroit.

Dans ce penfer il se carroit,
Recevant comme fiens l'Encens & les Cantiques.
Quelqu'un vit l'erreur, & lui dit:

Maitre Baudet, ôtez-vous de l'efprit
Une vanité fi folle.

Ce n'eft pas vous, c'eft (1) l'Idole,
A qui cet honneur fe rend,
Et que la gloire en eft dûe.
D'un Magiftrat ignorant,

C'est la robe qu'on falue.

(1) L'image, la Statue de quelque Divinité.

FABL LE
E X V.
Le Cerf & la Vigne.

Un Cerf, à la faveur d'une Vigne fort haute,

Et telle qu'on en voit en de certains climats,
S'étant mis à couvert, & fauvé du trépas,

Les Veneurs pour ce coup croyoient leurs (1) chiens en faute.

(1) Qu'ils avoient perdu la pifte de la bête qu'ils chaf. foient,

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