Obrazy na stronie
PDF
ePub
[blocks in formation]

je me rappelle, tout à coup, que l'histoire de la première partie de ma vie dépend de la tradition de mes parens, de sorte qu'il faut lui joindre les premières idées fournies par ma mémoire, pour en faire une série conséquente et intelligible de ces événemens dont une biographie doit être composée.

Selon la tradition de ma famille et le calcul des probabilités qu'elle soit vraie, je suis né dans la inaison No. 38, Threadneedle Street à Londres, à deux heures du matin, le 9 novembre 1789. Les astrologues peuvent faire leur calcul sur ma naissance avec une exactitude digne de leur science.

Mon père T. Furly Forster était gentilhomme d'une famille très ancienne originaire de Normandie, famille qui habitait, depuis longtemps, les frontières de l'Ecosse. Mes ancêtres, les Forster de Bamborough en Northumberland, reçurent leurs armes dans les fameuses batailles de Cressy et d'Azincourt. Mais s'étant distingués dans la guerre civile de l'an 1715, comme partisans de la dynastie catholique des Stuarts, ils furent dépouillés de leurs états. Edouard Forster avait trois fils. Mon père, le premier, né le 5 septembre 1760; -mon oncle Benj. Meggot dont je dirai davantage tout-àl'heure, le 16 janvier 1762; -Edouard, le 12 Octobre 1765: il y avait une fille, Suzanne Dorothée, née le 15 octobre 1758,

1.

[ocr errors]

Ma mère, née Suzanne Williams, est d'une ancienne famille galloise. Sa mère était la sœur du botaniste M. Th. Sikes de Hackney en Middle

sex.

Mon père cultivait la botanique, et publia sa Flora Tonbrigiensis, London, 1812. Il mourut, le 28 octobre 1825 à son domicile à Walthamstow.

B. M. Forster était aussi botaniste particulièrement distingué par ses illustrations des Fungi; c'était un homme d'une bonté, d'un talent, d'une excentricité extraordinaire ; sa vie mérite d'être écrite séparément, elle remplirait un volume. Ses découvertes en électricité et ses expériences en galvanisme restent encore en manuscrit. Il avait les mœurs les plus simples avec un esprit profond, et trop de sensibilité pour les malheurs des autres; mais comme beaucoup de philosophes, il méprisait tout-à-fait les préjugés et même les opinions du monde. Le philosophical Magazine de Londres est plein de ses écrits sur la physique, particulièrement l'électricité. Il est auteur du bill du Parlement qui rend le vol ou la séduction d'un enfant du soin de sa mère, un crime pénal. Il fut toute sa vie l'ennemi de la superstition, et il mou. rut,comme il avait vécu, tranquillement, mais subitement. On le trouva mort dans son lit, le matin du 8 mars 1829, à Scotts, près de Woodford en Essex.

Le troisième fils, Edouard, gentilhomme bien dis

tingué dans la science de la botanique, élu membre de la Société Royale de Londres en 1818, est aujourd'hui membre de la banque de Messieurs Lubbock, Forster et Comp. de Londres; à présent je retournerai à moi-même.

Au temps de ma naissance, mon père demeurait à Londres, mais souvent il allait avec sa femme et moi à la résidence de mon grandpère à Walthamstow,et c'est dans le beau jardin de ce château que j'ai passé les plus délicieux momens de ma jeunesse, sous le soin de ma grandemère Suzanne Furney de la famille de Furney de Bristol en Sommersetshire.

Amateur des principes de J. J. Rousseau, mon père a trop négligé ma première éducation : il me laissa, pour ainsi dire, au gré des vents et des ondes, comme un navire sans gouvernail, dans l'océan troublé de la vie. Doué par mon organisation d'un esprit vif et de passions ardentes, je ne sais jusqu'où cette liberté, la mère de tous les vices, m'aurait porté, si le bon exemple de mes aïeux et un fort penchant pour l'étude de la physique ne m'avaient inspiré l'amour de la nature. Certainement je dois à cette disposition naturelle plutôt qu'à l'éducation, tout ce que j'ai accompli en fait de science.

Mais, comme je l'ai déjà dit, le bon précédent de mon pêre et de mes oncles m'encourageait. Leur maison était comme une ruche dans laquelle tou

tes les abeilles étaient en mouvement perpétuel parmi les fleurs de la science, pour en cueillir le miel: Omnibus una quies operum labor omnibus unus! Car du moment qu'ils avaient rempli les devoirs de leur métier, ils reprenaient leurs livres ou leur vasculum botanicum; enfin le travail de leur profession ne faisait place qu'à celui du Jardin des plantes; et quand les feuilles du grand livre du négociant étaient fermées, on commençait à ouvrir les pages de l'hortus siccus. Tantus amor florum et generandi gloria mellis. Les transactions de la société de Linné, dont ils étaient membres, et les pages de divers journaux scientifiques sont déjà devenues témoins de leur industrie.

[ocr errors]

Je me suis servi autant de ce bon exemple, que je commençais mon Liber Rerum Naturalium, un journal de l'histoire naturelle en latin, et un registre de météorologie en anglais en 1805, in tulé Journal of the Weather, je n'avais à ce temps là que seize ans. Ces journaux sont tous les deux continués jusqu'à présent.

Il faut remarquer ici, avant de commencer les annales de mes travaux, qu'un jeune garçon livré à lui-même, et doué d'un génie pour faire des comparaisons, doit toujours verser les bagatelles d'enfant en expérience physique, et en construire des systèmes. Je me rappelle d'avoir eu cette habitude d'enfanter des hypothèses et de réduire mes amusemens en une espèce de science. A sept

CO

ans j'ai fait une grande collection de toupies, pour comparer leur mouvement roulant avec celai des sabots chantans, et en faire des spéculations sur les corps célestes, et sur leurs mouvemens en grand, fondées sur l'observation des choses en petit. Mon oncle Benjamin se servit de ce penchant, pour m'enseigner plus facilement l'astronomie. Il montra le grand problème de Kepler qui inventait un calcul général pour trouver les orbites des planètes. Ce fut donc à l'âge où le cerveau est capable de recevoir les plus fortes impressions, que mon oncle, la pendule dans une main et le modèle du système solaire dans l'autre, me donna la première idée du mécanisme céleste que j'ai étudié depuis avec tant de plaisir. Car il démontra d'une manière également facile et agréa ble cette loi générale du mouvement planétaire qui se développe par la production des aréas égales aux temps.

Je me rappelle aussi, la même année 1796, avoir aimé beaucoup les girouettes; mon oncle me montra leur construction en me faisant une girouette de bois, placée après sur la cime d'un bâtiment. En peu de temps je connaissais toutes les différentes formes et façons de cette machine; et je dois attribuer à cet accident les expériences innombrables que j'ai faites depuis, sur les vents et les instrumens de météorologie. L'enfance est la grande école, les désirs de l'enfant sont remplis par

« PoprzedniaDalej »