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idéale, ou plutôt quelque bel idéal du futur! Personne n'est tellement attaché au présent qu'il veuille bien arrêter dans leur course les momens les plus délicieux de sa vie. Tous les écrivains ont remarqué qu'il y a quelque chose qui nous choque dans l'idée de ramener, si cela était possible, une seule année, même un seul jour de notre pélerinage. L'homme n'a rien de stable dans son être poussé à chaque instant hors du présent et de soi-même, il cherche sans cesse le bonheur suprême dans l'avenir. De même qu'il y a dans nous un principe essentiel de la foi, il en existe aussi un pareil de l'espérance, et ce principe est tellement fort que jamais le plaisir ne nous invite à nous arrêter à la porte de son temple, sans que la belle forme de l'Espoir, le sablier sous ses pieds, se présente au devant de nos yeux! déesse chérie, qui, creusant le temps sous ses pieds, en étendant ses mains blanches vers le ciel, semble dire, avec un doux sourire: —allez plutôt là, où il n'y a qu'un maintenant éternel! On doit remarquer ici, que l'espoir n'est pas l'antagoniste de la crainte, comme dit ordinairement le vulgaire, mais du déséspoir: et dans la fable de l'antiquité, on sait bien que tout était regardé comme perdu, quand cette protectrice tutélaire du futur échappa de la caisse mystique de Pandore.

Il faut observer aussi que quoique l'âme de

l'homme cherche un état de choses privées des dévastations faites par le temps, elle ne serait pas contente d'une arrestation des choses actuelles. Ce serait pour nous un mauvais génie qui saurait faire perpétuer notre existence sublunaire, en faisant une stéréotypie de ses chiffres confus qui sont écrits sur les sensorium, dans lesquels nous lisons, par la lampe obscure de la vie, l'algèbre du monde invisible qui nous environne en dehors. Ce que l'esprit de l'homme cherche est la réunion de tout ce qui est divisé, ici bas, dans un paradis où nous verrons tous, comme nous sommes vus. Enfin c'est un bonheur infini ou prolongé infiniment, dans lequel, la Foi, l'Espoir et la Charité, leurs fonctions préparatives déjà remplis, s'embrassent éternellement dans une extase illimitée. Ici la vie de l'homme est le pélerinage de la croix, mais la vie là est celle de la couronne: on doit remarquer, que rien ne s'accomplit ici aisément tous les œuvres, dans la science même sont les fruits d'un pénible travail : mais tout tend évidemment à quelque objet final que nous ne voyons pas clairement, car notre existence ici n'est que le punctum saliens in utero eternitatis: hic est crux, illic corona.

Considérons donc la Charité, supposons pour un moment la Charité éteinte; quelle serait la condition de la Société! De l'autre côté supposons qu'elle serait universelle! figurez-vous un état

de Société plus parfait ? Mais la Charité est une chose très mal comprise en général. On fait des objections à l'église catholique en disant qu'il y a bien peu de chrétiens, que l'église Anglicane est une vache sèche, et que le lait de charité est presque découlé de la mère église même: mais je demande si le principe est moins vrai, parce qu'il n'est que peu de monde qui le comprend. Est-ce que l'astronomie ne resterait pas une véritable science, s'il n'y avait personne capable de comprendre le système de Newton? Ou, voulez vous dire que la musique ne resterait plus un véritable principe de l'harmonie, si tous les musiciens avaient été enterrés dans les tombeaux de Corelli et de Mozart ?

Le Christianisme n'est pas seulement une institution, c'est un principe, qui s'est développé avec le temps, selon la volonté de Dieu. S'il n'y avait pas un seul chrétien dans le monde, il existerait cependant un principe général de l'aggrégation, de la concentration, de la charité, dans la nature des choses mêmes qu'aucun hasard ne peut détruire.

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Je ne nie pas qu'il n'y ait bien peu de vrais Chrétiens, et qu'avec quelques exceptions l'homme présente à nos regards un spectacle affreux du vice, de la folie et de la misère! mais ce mélange même de sentimens sublimes avec les passions les plus dépravées qu'on trouve dans l'espèce humaine, porte à croire que l'homme

est un être déchu, et confirme la grande et très importante doctrine de la JUSTICE RÉTRIBUTIVE, principe visible dans toutes les choses morales, comme celui de l'attraction ou de l'électricité dans les phénomènes physiques! Il serait évident à tout homme qui pense que la punition des crimes, dans ce monde même, tombe effectivement tôt ou tard sur la tête des méchans, et souvent l'instrument employé dans le péché devient celui de la punition! J'en connais une foule d'exemples; une autre chose est fort remarquable dans les pays où il existe les plus grands exemples de vertu, il existe aussi ceux des vices les plus dégoutans : l'Angleterre par exemple tant vantée pour ses aumones, présente un exemple de vices et de barbarie qui ne se trouve pas ailleurs. Voyez les Rapports de la Police Anglaise! n'est-ce pas une espèce de réaction qui appartient à la loi de la Justice rétributive ? n'est-elle pas la société, comme un arbre: Quæ quantum vertice in auras Aetherias tantum radice in Tartura tendit. Un écrivain anglais très célèbre a exposé aussi des cruautés commises dans les hospices mêmes de Londres, qui sont extrêmement effrayantes. Voyez Dr.Johnson on cruetty practiced by the medical Profession. Que le lecteur lise aussi cette terrible brochure que M. Beverley a publiée sur l'université de Cambridge, dont il est membre; j'espère bien, pour l'honneur de ma

alma mater, qu'il y a quelqu'exagération dans cette publication.

Encore une autre chose, et j'ai fini, les théologiens disent que les animaux sont placés, par la religion de Jésus Christ, sous la protection de l'homme, qu'il n'est pas permis de les tuer, sans une nécessité impérative. Le vice de cruauté envers les bêtes est terriblement puni ici-bas, et qui ose dire que le purgatoire ne consistera pas dans une espèce de punition, où la rétribution sera complète, où la justice, peu contente de la punission reçue par les présens dans ce monde, se rendra une plus parfaite satisfaction dans l'autre ! Le dernier sou doit être payé: pensée terrible pour ceux qui ont commis des crimes!!! L'abbé Guerrin de Rocher a prouvé que la mythologie n'est que la réflexion confuse de l'ancienne tradition; et il me semble qu'il y a quelque chose de vrai dans la philosophie de Pythagore, applaudie par Sénèque et si bien chantée par Ovide. La Société établie à Londres par M. Gompertz, pour protéger les bêtes contre la cruauté de l'homme, est probablement le plus magnifique exemple qui existe d'une charité parfaite et désintéresзве.

Je voudrais bien voir une telle société s'établir en France, comme la France est le centre et souvent la source de l'humanité Européenne.

En tous les cas il faut leur garantir les

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