Obrazy na stronie
PDF
ePub

dit la mort, qui détruira, pour moi, toutes ces ombres passagères que j'appelle le monde. Le scepticisme de Pyrrhon et le sophisme de l'hérétique Berkeley, se présentent à mon âme avec toute leur force. Tous les problèmes mathématiques me semblent dériver des axiomes métaphysiques pas même prouvés; et la logique, dont l'homme se vante tant, reste sans base. J'ai essayé mille fois de placer mes argumens sur une véritable fondation; mais, comme Archimède, je n'ai point trouvé d'appui pour le fulcrum qui doit mettre en mouvement la mécanique de ma philosophie. Toutes les fois que mon esprit troublé sortit de mon intérieur pour trouver au-dehors quelques preuves de l'existence des êtres objectifs, il est bientôt rentré en moi, de l'Océan vaste des doutes, comme la colombe de Noé qui, échappée de l'arche, ne saurait point où placer ses pieds. Quelquefois je m'abandonnais à l'Epicurisme, disant avec Horace :

Ille potens sui
Laetusque deget, cui licet in diem
Dixisse: Vixi! Cras vel atra

Nube polum pater occupato,
Vel sole puro, non tamen irritum
Quodcumque retro est efficiet, neque
Diffinget infectumque reddet

Quod fugiens semel hora vexit.

Qu'est-ce donc que la vie de l'homme ?

Au commencement un être guère sensible tombé du sein de la mère, au milieu d'un horizon sans bornes. Qu'est-ce, dans son progrès, une chandelle éclairée par les monchettes qui, à la fin deviennent l'éteignoir de sa lumière! Car penser est consumer la vie, et par conséquent le penseur est le suicide. On gagne ici bas des attachemens et des liaisons les plus délicieuses, et on devient parent des enfans qu'on aime; mais comment est-il possible en pensant, d'éviter cette réflexion. Sans eux je vais, je ne comprends pas où! Je serais même changé en je ne sais quoi ! Qu'est-ce que c'est donc que la vie dans le recneil, si non vanitas vanitatum ? un spectacle affreux de fantômes constamment variés et comme les spectres oculaires, devenant blancs et pâles avant de disparaître !

J'ai été une fois un atôme dans l'ovaire de ma génératrice ? un enfant jouissant des fleurs de la vie n'ayant pas encore goûté de fruits amers: j'ai été joueur, moqueur, malade, et en quelques choses fou, comme le reste de mon espèce : j'ai été écolier, académicien, musicien, physicien, métaphysicien, enthousiaste, voyageur, aéronaute, phrénologiste, poète et philosophe! Je suis fils, père, maître, ami: mais, quant à mon être animal, je suis mortel et je serai cendres et poussière. Comme catholique donc, par cette philosophie qui n'existe que par rapport à la théolo

gie, je voudrais me sauver du néant: et sachant bien que la révélation peut nous éclairer, où la raison est faible, sans contraction, je me repose sur la Foi, l'Espoir, la Charité.

MÉDITATION PHILOSOPHIQUE.

D

Examinons pour le moment, ce passage de St.Paul: Cernimus nunc per speculum in aenigmate, tunc autem facie ad faciem, nunc novimus ex parte; tunc vero amplius cognoscemus; nunc autem manent tria haec Fides, Spes et Charitas: major autem horum est Charitas et avec un peu de réflexion, nous serons convaincus que les axiomes ou, en d'autres mots, les vérités élémentaires et fondamentales ne peuvent pas être prouvées. Il faut les admettre justement comme un enfant les admet, par une espèce de foi naturelle, qui résulte de notre organisation, par examen l'origine et l'éserché de Dieu, l'existence d'un monde external à nos sens, le temps, l'espace, etc., qui sont des idées simples et qui n'admettent point de définition.

Si l'on demande, quel est le fondement de la foi même: je réponds qu'il existe en nous quelque principe qui nous efforce de croire en l'être, qui répugne à l'idée même du néant, et qui, en

dépit de la philosophie de la raison individuelle, nous pousse constamment en présence du Créa

teur.

Mais pour préparer le lecteur à comprendre la doctrine qui dérive de notre croyance en l'Être infini, faisons d'abord un peu de réflexion. Voyant que hors de nous la raison individuelle ne trouve aucune certitude, entrous en nous mêmes, pour y examiner l'opération de notre esprit. St. Bernard parlant des philosophes frivoles dit: Quærunt Deum per exteriora, negligentes sua interiora quibus interior est Deus.

Je trouve en moi deux classes de sensations: la première qui commence avec la vie, consiste dans la perception des formes et des couleurs, de la résistance, des sons, des odeurs, etc. : peu à peu, trouvant certaines sensations de couleurs correspondre constamment avec celles de résistance au toucher, ou avec l'odorat, je reçois la notion des objets extérieurs, dont mon corps même me semble être un, et alors, transférant la conscience que je trouve en moi aux êtres semblables, j'arrive à l'idée du monde et de ses habitans, et j'appelle cette connaissance réalité: en effet, c'est la première manifestation du Créateur à la créature, ou l'énonciation naturelle de Dieu à l'animal vivant. Avec cette classe de sensations il s'en développe aussi une antre, seconde dans l'ordre des choses et moins vive que la première, qui semble

en être la réflection, celle-ci consiste dans la répétition des idées des objets, de manière que l'on puisse les faire passer en revue et les comparer à la volonté; de cette classe sont les conceptions, les imaginations, les visions, les rêves et aussi les spectres dans certains cas de maladie.

Toute évidence que nous avons de Dieu, des choses, de notre parenté, de notre naissance, de notre existence même, dérive de la tradition. Mais pour se servir de la tradition il faut avoir la foi d'avance; car il faut croire à l'existence de nos semblables avant de nous fier à leurs paroles; et cette foi naturelle, comme toute autre manifestation de l'âme, est révélée dans nous par le pouvoir infini qui nous a créés: outre cela, toute explication de ce phénomène serait impossible. Croire en la parole, c'est une loi primitive de l'homme. L'enfant croit à tout ce qu'on lui dit; le mensonge choque sa raison : les mots de sa mère sont incontestables: il fait question de tout; il reçoit tout; il croit tout; son existence est la vie de la foi, et il est heureux parce que le mensonge n'a pas encore obscurci sa vue. A présent nous examinons l'espoir.

Si nous entrons dans l'asyle sacré de nos cœurs pour nous y interroger: En quoi consiste la félicité? Quel est le sentiment qui nous attache à la vie? nous rougirons de répondre, que ce n'est pas la vie actuelle que nous aimons, mais la vie

« PoprzedniaDalej »