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Vous me rendez la mort dont vous m'avez

fauvé,

Eh bien, Sémiramis.... oui, je reçus la vie
Dans le fein des grandeurs & de l'ignominie.
Ma mere... ô Ciel! Ninus! ah! quel aveu cruel!
Mais fi le traitre Affur étoit feul criminel,
S'il fe pouvoit.....

OROES prenant la lettre & la lui donnant.

Voici ces facrés caractères. Ces garants trop certains de ces cruels miftères; Le monument du crime eft ici fous vos yeux : Douterez-vous encore?

ARZACE.

Que ne le puis-je ? Ô Dieux !

Donnez, je n'aurai plus de doute qui me flatte

Donnez.

(Il lit.)

Ninus mourant, au fidele Phradate.

Je meurs empoisonné ; prenez Soin de mon fils ;
Arrachez Ninias à des bras ennemis ;
Ma criminelle épouse......

OROES.

En faut-il davantage? C'eft de vous que je tiens cet affreux témoi

gnage.

Ninus n'acheva point; l'approche de la mort
Glaça fa faible main qui traçoit votre fort.
Phradate en cet écrit vous apprend tout le refte;
Lifez, il vous confirme un fecret fi funefte.
Il fuffit; Ninus parle, il arme votre bras;
De fa tombe à fon trône il va guider vos pas ;

Il veut du fang.

ARZACE, après avoir lû.

O jour trop fécond en miracles! Enfer, qui m'as parlé, tes funeftes oracles Sont plus obfcurs encore à mon efprit troublé, Que le fein de la tombe où je fuis appellé. Au facrificateur on cache la victime; Je tremble fur le choix.

OROÉS.

Tremblez, mais fur le crime. Allez, dans les horreurs dont vous êtes troublé, Le ciel vous conduira, comme il vous a parlé. Ne vous regardez plus comme un homme ordinaire ;

Des éternels décrets facré dépofitaire, Marqué du fceau des Dieux, féparé des humains,

Avancez dans la nuit qui couvre vos deftins. Mortel, faible inftrument des Dieux de vos ancêtres,

Vous n'avez pas le droit d'interroger vos mat

tres;

A la mort échappé, malheureux Ninias, Adorez, rendez grace, & ne murmurez pas.

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NON, je ne reviens point de cet état horrible;

Sémiramis ! ma mere! ô Ciel, est-il possible! MITRANE arrivant.

Babylone, Seigneur, en ce commun effroi, Ne peut fe raffurer qu'en revoyant fon Roi; Souffrez que le premier je vienne reconnaître, Et l'époux de la Reine, & mon augufte maître. Sémiramis vous cherche; elle vient fur mes pas; Je bénis ce moment qui la met dans vos bras. Vous ne répondez point. Un défespoir farouche Fixe vos yeux troublés & vous ferme la bouche. Vous pâliffez d'effroi; tout votre corps frémit. Qu'est-ce qui s'est passé? qu'est-ce qu'on vous a dit?

ARZACE.

Fuyons vers Azéma.

MITRA NE.

Quel étonnant langage!

Seigneur, eft-ce bien vous? faites-vous cet ou

trage

Aux bontés de la Reine, à fes feux, à son choix, A ce cœur qui pour vous dédaigna tant de Rois? Son efpérance en vous eft-elle confondue ?

Tom. IV.

E

ARZAC E.

Dieux! c'eft Sémiramis qui fe montre à ma vûe! O tombe de Ninus! ô féjour des enfers! Cachez fon crime & moi dans vos gouffres ou

verts.

SCENE IV.

SÉMIRAMIS, ARZA CE.
SEMIRA MIS.

ON n'attend plus que vous; venez, maître du

monde,

Son fort, comme le mien, fur mon hymen fe fonde ;

Je vois avec transport ce figne révéré,
Qu'a mis fur votre front un Pontife inspiré,
Ce facré diadême, affuré témoignage

Que l'enfer & le Ciel confirment mon fuffrage.
Tout le parti d'Affur, frappé d'un faint respect,
Tombe à la voix des Dieux, & tremble à mon

afpect.

Ninus veut une offrande, il en eft plus propice: Pour hâter mon bonheur, hâtez ce facrifice. Tous les cœurs font à nous, tout le peuple ap

plaudit;

Vous régnez, je vous aime; Affur en vain frémit;

ARZACE hors de lui.

Affur! allons.... il faut dans le fang du perfide.. Dans cet infame fang lavons fon parricide, Allons venger Ninus....

Ninus!

SEMIRA MIS.

Qu'entends-je? jufte Ciel!

ARZACE d'un air égaré.

Vous m'avez dit que fon bras criminel

Revenant à lui.

Avoit.... que l'infolent s'arme contre la Reine; Et n'eft-ce pas affez pour mériter ma haine?

SÉMIRA MIS.

Commencez la vengeance en recevant ma foi.

Mon pere!

ARZACE.

SEMIRA MIS.

Ah! quels regards vos yeux lancent sur moi! Arzace, eft-ce donc là ce cœur foumis & tendre, Qu'en vous donnant ma main j'ai cru devoir attendre ?

Je ne m'étonne point que ce prodige affreux, Que les morts déchaînés du féjour ténébreux De la terreur en vous laiffent encor la trace: Mais j'en fuis moins troublée en revoyant Ar

zace..

Ah! ne répandez pas cette funefte nuit Sur ces premiers momens du beau jour qui me luit:

Soyez tel qu'à mes pieds je vous ai vû paraître, Lorfque vous redoutiez d'avoir Affur pour maî

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