Que fon pere avec lui, rappellé du tombeau, Viens voir tout cet amour devant toi confondu, Que l'ombre de Ninus ordonnent qu'on expie? Je ne connais ici de crimes que le tien. toi. Va recevoir l'arrêt dont Ninu nous menace, Ton fort dépend des Dieux; le mien dépend d'Arzace. ARZACE. Elle fort. Arzace eft à vous feule. Ah! cruelle, arrêtez! ARZACE, OROES, fuivi des Mages. OROES à Arzace. VENEZ, retirons-nous vers ces lieux folitaires. Je vois quel trouble affreux a dû vous pénétrer ; A de plus grands affauts il faut vous préparer. Aux Mages. Apportez ce bandeau d'un Roi que je révère, Les Mages vont chercher ce que le ARZACE. O mon pere! Tirez-moi de l'abyfme où mes pas font plongés, Levez le voile affreux dont mes yeux font char gés. OROÉS. Le voile va tomber, mon fils, & voici l'heure Où dans fa redoutable & profonde demeure, Ninus attend de vous, pour appaiser fes cris, L'offrande réfervée à fes mânes trahis. ARZAC E. Quel ordre? quelle offrande? & qu'est-ce qu'il défire? Qui! moi! venger Ninus, & Ninias respire! Qu'il vienne, il eft mon Roi, mon bras va lo fervir. OROÉS. Son pere a commandé, ne fçachez qu'obéir. Dans une heure à fa tombe, Arzace, il faut vous rendre Il donne le diademe 5 l'épée à Arzace. 'Armé du fer facré que vos mains doivent pren dre, Ceint du même bandeau que fon front a porté, Et que vous-même ici vous m'avez présenté. ARZACE. Du bandeau de Ninus? OROÉS. Ses mânes le commandent. C'eft dans cet appareil, c'est ainfi qu'ils atten dent Ce fang qui devant eux doit être offert par vous. Ne fongez qu'à frapper, à fervir leur courroux; La victime y fera; c'eft affez vous inftruire. Reposez-vous fur eux du foin de la conduire. ARZAC E. S'il demande mon fang, difpofez de ce bras. Mais vous ne parlez point, Seigneur, de Ninias? Vous ne me dites point comment fon pere même Me donneroit fa femme avec fon diadême ? OROÉS. Sa femme? vous ! la Reine! ô Ciel, Sémiramis! Eh bien, voici l'inftant que je vous ai promis: Connaiffez vos deftins & cette femme impie... Affur, l'opprobre de fon nom Le déteftable Affur a donné le poison. ARZACE, après un peu de filence. Ce crime dans Affur n'a rien qui me furprenne: Mais croirai-je en effet qu'une épouse, une Reine, L'amour des Nations, l'honneur des Souverains, D'un attentat fi noir ait pu fouiller fes mains! A-t-on tant de vertus après un fi grand crime? OROÉS. Ce doute, cher Arzace, eft d'un cœur magnanime; Mais ce n'eft plus le temps de rien diffimuler: Eft monté de la terre à ces voutes impies: ARZACE. De tous ces coups mortels en un moment frappé, OROÉS. Vous-même: en doutez-vous encore ! Apprenez que Ninus, à sa dernière aurore, Sûr qu'un poifon mortel en terminoit le cours, Et que le même crime attentoit fur vos jours, Qu'il attaquoit en vous les fources de la vie, Vous arracha mourant à cette Cour impie. Affur comblant fur vous fes crimes inouis, Pour époufer la mere, empoifonna le fils; Il crut que de fes Rois exterminant la race, Le trône étoit ouvert à fa perfide audace; Et lorfque le Palais déploroit votre mort, Le fidèle Phradate eut foin de votre fort. Ces végétaux puiffans qu'en Perse on voit éclore, Bienfaits nés dans fes champs de l'Aftre qu'elle adore, Par les foins de Phradate avec art préparés nue. ARZACE. Dieu! maître des deftins, fuis-je affez éprouvé! ? |