SEMIRAMIS relevant Azéma. Raffurez-vous, Madame; Quel que foit mon époux, je vous garde en ces lieux Un fort & des honneurs dignes de vos ayeux; Deftinée à mon fils, vous m'êtes toujours chere, Et je vous vois encore avec des yeux de mere. Placez-vous l'un & l'autre avec ceux que ma voix A nommés pour témoins de mon augufte choix : A Arzace. Que l'appui de l'Etat se range auprès du trône. SCENE VI. Le Cabinet où étoit Sémiramis fait place à un grand Salon magnifiquement orné. Plufieurs Of ficiers, avec les marques de leurs dignités, font fur des gradins. Un trône eft placé au milieu du Salon. Les Satrapes font auprès du trône. Le Grand-Prêtre entre avec les Mages. Il fe place debout entre Affur 5 Arzace. La Reine eft au milieu, avec Azéma & ses femmes. Des Gardes cupent le fond du Salon.. OROÉS. PRINCES, Par l'ordre de la Reine en ces lieux raffemblés, Quel que foit le Monarque, & quel que foit l'é poux, Que la Reine ait choifi pour l'élever fur nous C'eft à nous d'obéir... J'apporte aunom des Mages Ce que je dois aux Rois, des vœux & des hommages, Des fouhaits pour leur gloire, & fur tout pour l'Etat. Puiffent ces jours nouveaux de grandeur & d'éclat, N'être jamais changés en des jours de ténébres, Ni ces chants d'allegreffe, en des plaintes funè Pontife, & vous, Seigneurs, on va nommer un Roi. Ce grand choix, tel qu'il foit, peut n'offenfer que moi : Mais je naquis fujette, & je le fuis encore; nore; Et fans ofer prévoir un finiftre avenir, ASSUR. Quoiqu'il puiffe arriver, quoique le Ciel décide, Que le bien de l'Etat à ce grand jour préfide. Jurons tous par ce trône & par Semiramis, D'être à ce choix augufte aveuglément foumis, D'obéir fans murmure au gré de fa juftice. ARZ ACE: Je le jure; & ce bras armé pour son service →→ Day 3 Ce cœur à qui fa voix commande après les Dieux, Ce fang dans les combats répandu fous fes yeux, Sont à mon nouveau maître, avec le même zéle Qui fans le démentir les anima pour elle. LEGRAND-PRETRE. De la Reine & des Dieux j'attends les volontés. SEMIRAM I S. Il fuffit: prenez place; & vous, peuple, écou tez. Elle s'affied fur le trône. Azéma, Assur, le Grand-Prêtre, Arzace prennent leurs places; elle continue. Si la terre, quinze ans de ma gloire occupée, Ils m'ont ôté mon fils; puiffent-ils m'en donner, rage, Des grandeurs de mon régne éternifent l'ouvra ge! J'ai pu choifir fans doute entre des Souverains; Mais ceux dont les Etats entourent mes confins, Ou font mes ennemis, ou font mes tributaires; Mon fceptre n'eft point fait pour leurs mains étrangeres, Et mes premiers fujets font plus grands à mes yeux, Que tous ces Rois vaincus par moi-même ou par eux. Bélus naquit fujet; s'il eut le Diadême, rore, Qu'au fiécle de Bélus on ignoroit encore. Je fais le bien du monde en nommant un époux. OROÉS. Jufte Ciel! écartez ces horreurs !* Vous qui fanctifiez de fi pures tendreffes, Le tonnerre gronde, 5 le tombeau paraît Ciel! qu'eft-ce que j'entends? OROES. Dieux ! foyez notre appui. SEMIRA MIS. Le Ciel tonne fur nous; eft-ce faveur ou haine? Grace, Dieux tout-puiffans! qu'Arzace me l'obtienne. Quels funébres accens redoublent mes terreurs ! La tombe s'eft ouverte ; il paraît... Ciel!...je meurs... L'ombre de Ninus fort de fon tombeau. ASSUR. L'ombre de Ninus même ! ô Dieux, est-il pos fible! ARZACE.. Eh bien! qu'ordonnes-tu? parle-nous, Dieu terrible, |