Revenez. A Oroés, qui s'éloignoit. OROES revenant. Je croyois ma préfence importune. Répondez: ce matin aux pieds de vos autels, Arzace a présenté des dons aux Immortels. OROES. Qui; ces dons leur font chers: Arzace a fçu leur plaire. SÉMIRA MIS. Je le crois ; & ce mot me raffure & m'éclaire. Puis-je d'un fort heureux me reposer sur lui? OROÉS. Arzace de l'Empire eft le plus digne appui ; Les Dieux l'ont amené; fa gloire eft leur ouvrage. SÉMIRA MIS. J'accepte avec transport ce fortuné préfage; L'efpérance & la paix reviennent me calmer. Allez : : qu'un pur encens recommence à fumer; De vos Mages, de vous, que la présence augufte, Sur l'hymen le plus grand, fur le choix le plus jufte, Attirent de nos Dieux les regards fouverains: Puiffent de cet Etat les éternels deftins Reprendre avec les miens une fplendeur nouvelle! Hâtez de ce beau jour la pompe folemnelle: anooooooo.......00000000 SCENE III. SÉMIRAMIS, OTAN E. SEMIRA MIS. A INSI le Ciel eft d'accord avec moi; Je fuis fon interprête, en choififfant un Roi. Que je vais l'étonner par le don d'un Empire! Qu'il eft loin d'efpérer ce moment où j'afpire! Qu'Affur & tous les fiens vont être humiliés! Quand j'aurai dit un mot, la terre eft à ses pieds. Combien à mes bontés il faudra qu'il réponde! Je l'époufe, & pour dot je lui donne le monde. Enfin ma gloire eft pure, & je puis la goûter. SCENE IV. SEMIRAMIS, OTANE, MITRANE, Un Officier du Palais. OTANE, ARZACE à vos genoux demande à fe jetter; Daignez à fes douleurs accorder cette grace. SEMIRAMIS. Quel chagrin près de moi peut occuper Arzace? De mes chagrins lui feul a diffipé l'horreur. Qu'il vienne; il ne fçait pas ce qu'il peut fur' mon cœur. Vous dont le fang s'appaise, & dont la voix m'inspire, O mânes redoutés, & vous, Dieux de l'Empire, Dieux des Affyriens, de Ninus, de mon fils,~ Pour le favorifer, foyez tous réunis. Quel trouble en le voyant m'a foudain pénétrée! REINE! à vous fervir ma vie eft confacrée ; Je vous devois mon fang; & quand je l'ai verfé, Puifqu'il coula pour vous, je fus récompenfé. Mon pere avoit jouï de quelque renommée; Mes yeux l'ont vu mourir, commandant votre Armée ; Il a laiffé, Madame, à fon malheureux fils, Des exemples frappans, peut-être mal fuivis; Je n'ofe devant vous rappeller la mémoire Des fervices d'un pere & de sa faible gloire, Qu'afin d'obtenir grace à vos facrés genoux, Pour un fils téméraire & coupable envers vous, Qui de fes vœux hardis écoutant l'imprudence, Craint même en vous fervant de vous faire une offense. SÉMIRA MIS. Vous, m'offenfer? qui ? vous ? ah! ne le crai-` gnez pas, ARZAC E. Vous donnez votre main, vous donnez vos Etats. Sur ces grands intérêts, fur ce choix que vous faites, Mon cœur doit renfermer fes plaintes indifcré tes. Je dois dans le filence, & le front profterné, Attendre avec cent Rois, qu'un Roi nous foit donné. Mais d'Affur hautement le triomphe s'apprête; vous, Je retourne aux climats où je vous ai servie; Ah! que m'avez-vous dit? vous, fuir? vous me quitter ? Vous pourriez craindre Affur? ARZACE. Non. Ce cœur téméraire Craint dans le monde entier votre feule colére. Peut-être avez-vous fçû mes defirs orgueilleux, Votre indignation peut confondre mes vœux: Je tremble. SEMIRA MIS. Efpérez tout; je vous ferai connaître Qu'Affur en aucun temps ne fera votre maître. ARZAC E. Eh bien! je l'avouerai, mes yeux avec horreur C'eft dans le même fang qu'Affur puifa la vie : Des sujets tels que vous font mon plus noble appui. Je fçais vos fentimens, votre ame peu com mune Chérit Sémiramis & non pas ma fortune; Ah! puisqu'ainfi mes vœux font par vous entendus, Puifque vous avez lu dans le fond de mon ame.... AZ É MA arrive avec précipitation. Reine, j'ofe à vos pieds.... |