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Quand je vengeois la Perfe & fubjuguois l'Afie,
Ce héros, (fous fon pere il combattoit alors)
Ce héros entouré de captifs & de morts,
M'offrit, en rougiffant, de fes mains triom-
phantes,

Des ennemis vaincus les dépouilles fanglantes :
A fon premier afpect tout mon cœur étonné,
Par un pouvoir fecret fe fentit entraîné;
Je n'en pus affaiblir le charme inconcevable;
Le refte des mortels me fembla méprisable.
Affur, qui m'observoit, ne fut que trop jaloux ;
Dès lors le nom d'Arzace aigriffoit fon courroux.
Mais l'image d'Arzace occupa ma pensée,
Avant que de nos Dieux la main me l'eût tracée,
Avant que cette voix qui commande à mon

cœur ?

Me défignât Arzace & nommât mon vainqueur.

OTANE.

C'est beaucoup abaiffer ce fuperbe courage, Qui des maîtres du Gange a dédaigné l'hom- ›

mage,

Qui n'écoutant jamais de faibles fentimens,
eut des Rois pour fujets, & non pas pour

amans.

Vous avez méprifé jufqu'à la beauté même,
Dont l'Empire accroiffoit votre Empire suprê-

me;

Et vos yeux fur la terre exerçoient leur pouvoir,
Sans que vous daignaffiez vous en appercevoir.
Quoi! de l'amour enfin connaissez-vous les
charmes?

Et pouvez-vous paffer de fes fombres allarmes
Au tendre fentiment qui vous parle aujourd'hui?

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SEMIRAMIS.

Non, ce n'eft point l'amour qui m'entraîne vers lui.

Mon ame par les yeux ne peut être vaincue. Ne crois pas qu'à ce point de mon rang defcendue,

Ecoutant dans mon trouble un charme subor

neur,

Je donne à la beauté le prix de la valeur. Je crois fentir du moins de plus nobles tendref fes.

Malheureuse! eft-ce à moi d'éprouver des fai bleffes!

De connaître l'amour & fes fatales loix! Otane, que veux-tu? je fus mere autrefois; Mes malheureuses mains à peine cultivérent Ce fruit d'un trifte hymen que les Dieux m'enlevérent.

Seule en proie aux chagrins qui venoient m'allarmer,

N'ayant autour de moi rien que je puffe aimer, Sentant ce vuide affreux de ma grandeur su

prême,

M'arrachant à ma Cour, & m'évitant moi

même,

J'ai cherché le repos dans ces grands monu

mens,

D'une ame qui fe fuit, trompeurs amusemens.
Le repos m'échappoit, je fens que je le trouve
Je m'étonne en fecret du charme que j'éprouve
Arzace me tient lieu d'un époux & d'un fils,
Et de tous mes travaux, & du monde foumis.
Que je vous dois d'encens, ô Puiffance célefte,
Qui me forçant de prendre un joug jadis funefte,
Me préparez au noeud que j'avois abhorré,

En m'embraiant d un feu par vous même inf

piré!

OTANE.

Mais vous avez prévu la douleur & la rage,
Dont va frémir Affur à ce nouvel outrage.
Car enfin il fe flatre, & la commune voix
A fait tomber fur lui l'honneur de votre choix :
Il ne bornera pas fon dépit à se plaindre.

SEMIRA MIS.

Je ne l'ai point trompé; je ne veux pas le craindre.

J'ai fçû quinze ans entiers, quelque fût fon pro

jet,

Le tenir dans le rang de mon premier fujet;
A fon ambition, pour moi toujours fufpecte,
Je prefcrivis quinze ans les bornes qu'il refpec-

te;

Je régnois feule alors, & fi ma faible main Mit à fes vœux hardis ce redoutable frein, Que pourront déformais fa brigue & fon audace Contre Sémiramis unie avec Arzace?

Oui, je crois que Ninus, content de mes remords,

Pour preffer cet hymen quitte le fein des morts.
Sa grande ombre, en effet déjà trop offensée,
Contre Sémiramis feroit trop courroucée;
Elle verroit donner, avec trop de douleur,
Sa couronne & fon lit à cet empoisonneur.
Du fein de fon tombeau voilà ce qui l'appelle;
Les Oracles d'Ammon s'accordent avec elle;
La vertu d'Oroès ne me fait plus trembler;
Pour entendre mes loix je l'ai fait appeller;
Je l'attends,

OTANE,

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SEMIRA MIS.

Sa voix achevera de raffurer mon cœur.

Il vient.

OTANE.

ooo ooooooooooooooooooooo

SCENE II.

'SÉMIRAMIS, OROÉS.
SÉMIRA MIS.

DE Zoroastre auguste successeur-,

Je vais nommer un Roi: vous couronnez fa

tête;

Tout eft-il préparé pour cette auguste fête ?

OROES.

Les Mages & les Grands attendent votre choix; Je remplis mon devoir & j'obéis aux Rois : Le foin de les juger n'eft point notre partage C'est celui des Dieux feuls.

SEMIRA MIS.

A ce fombre langage,

On diroit qu'en fecret vous condamnez mes

vœux.

Tom. IV

OROÉS.

Je ne les connais pas. Puiffent-ils être heureux!

SÉMIRA MIS.

Mais vous interprétez les volontés céleftes.
Ces fignes que j'ai vus me feroient-ils funeftes?
Une ombre, un Dieu peut-être, à mes yeux
s'eft montré,

Dans le fein de la terre il eft foudain rentré.
Quel pouvoir a brisé l'éternelle barriere
Dont le Ciel fepara l'enfer & la lumiere?
D'où vient que les humains, malgré l'arrêt du

fort,

Reviennent à mes yeux du séjour de la mort?

OROÉS.

Du Ciel, quand il le faut, la juftice fuprême
Sufpend l'ordre éternel établi par lui-même :
Il permet à la mort d'interrompre fes loix
Pour l'effroi de la terre & l'exemple des Rois.

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geurs,

Ne la rempliffez plus de nouvelles horreurs! De mon premier hymen oubliez l'infortune

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