Quand je vengeois la Perfe & fubjuguois l'Afie, Des ennemis vaincus les dépouilles fanglantes : cœur ? Me défignât Arzace & nommât mon vainqueur. OTANE. C'est beaucoup abaiffer ce fuperbe courage, Qui des maîtres du Gange a dédaigné l'hom- › mage, Qui n'écoutant jamais de faibles fentimens, amans. Vous avez méprifé jufqu'à la beauté même, me; Et vos yeux fur la terre exerçoient leur pouvoir, Et pouvez-vous paffer de fes fombres allarmes SEMIRAMIS. Non, ce n'eft point l'amour qui m'entraîne vers lui. Mon ame par les yeux ne peut être vaincue. Ne crois pas qu'à ce point de mon rang defcendue, Ecoutant dans mon trouble un charme subor neur, Je donne à la beauté le prix de la valeur. Je crois fentir du moins de plus nobles tendref fes. Malheureuse! eft-ce à moi d'éprouver des fai bleffes! De connaître l'amour & fes fatales loix! Otane, que veux-tu? je fus mere autrefois; Mes malheureuses mains à peine cultivérent Ce fruit d'un trifte hymen que les Dieux m'enlevérent. Seule en proie aux chagrins qui venoient m'allarmer, N'ayant autour de moi rien que je puffe aimer, Sentant ce vuide affreux de ma grandeur su prême, M'arrachant à ma Cour, & m'évitant moi même, J'ai cherché le repos dans ces grands monu mens, D'une ame qui fe fuit, trompeurs amusemens. En m'embraiant d un feu par vous même inf piré! OTANE. Mais vous avez prévu la douleur & la rage, SEMIRA MIS. Je ne l'ai point trompé; je ne veux pas le craindre. J'ai fçû quinze ans entiers, quelque fût fon pro jet, Le tenir dans le rang de mon premier fujet; te; Je régnois feule alors, & fi ma faible main Mit à fes vœux hardis ce redoutable frein, Que pourront déformais fa brigue & fon audace Contre Sémiramis unie avec Arzace? Oui, je crois que Ninus, content de mes remords, Pour preffer cet hymen quitte le fein des morts. OTANE, SEMIRA MIS. Sa voix achevera de raffurer mon cœur. Il vient. OTANE. ooo ooooooooooooooooooooo SCENE II. 'SÉMIRAMIS, OROÉS. DE Zoroastre auguste successeur-, Je vais nommer un Roi: vous couronnez fa tête; Tout eft-il préparé pour cette auguste fête ? OROES. Les Mages & les Grands attendent votre choix; Je remplis mon devoir & j'obéis aux Rois : Le foin de les juger n'eft point notre partage C'est celui des Dieux feuls. SEMIRA MIS. A ce fombre langage, On diroit qu'en fecret vous condamnez mes vœux. Tom. IV OROÉS. Je ne les connais pas. Puiffent-ils être heureux! SÉMIRA MIS. Mais vous interprétez les volontés céleftes. Dans le fein de la terre il eft foudain rentré. fort, Reviennent à mes yeux du séjour de la mort? OROÉS. Du Ciel, quand il le faut, la juftice fuprême geurs, Ne la rempliffez plus de nouvelles horreurs! De mon premier hymen oubliez l'infortune |