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Veut être rafermi jusqu'en ses fondemens.

ASSUR.

Madame, c'eft à vous d'achever votre ouvrage, De commander au temps, de prévoir fon ou

trage.

Qui pourroit obfcureir des jours fi glorieux? Quand la terre obéit, que craignez-vous des Dieux ?.

SÉMIRA MIS.

La cendre de Ninus repose en cette enceinte; Et vous me demandez le fujet de ma crainte? Vous !

ASSUR.

Je vous avouerai que je fuis indigné,
Qu'on fe fouvienne encor fi Ninus a régné.
Craint-on après quinze ans fes mânes en colére?
Ils fe feroient vengés, s'ils avoient pu le faire.
D'un éternel oubli ne tirez point les morts.
Je suis épouvanté, mais c'est de vos remords.
Ah! ne confultez point d'oracles inutiles;
C'est par la fermeté qu'on rend les Dieux fa-
ciles.

Ce fantôme inouï, qui paraît en ce jour
Qui naquit de la crainte, & l'enfante à son

tour,

Peut-il vous effrayer par tous ses vains pref

tiges ?

Pour qui ne les craint point, il n'eft point de prodiges

Ils font l'appas groffier des peuples ignorans, L'invention du fourbe, & le mépris des Grands. Mais fi quelque intérêt plus noble & plus so

lide,

Eclaire votre efprit qu'un vain trouble intimide, S'il vous faut de Bélus éternifer le fang,

Si la jeune Azéma prétend à ce haut rang....
SEMIRAMIS.

Je viens vous en parler. Ammon & Babylone
Demandent fans détour un héritier du thrône.
Il faut que de mon fceptre on partage le faix,
Et le peuple & les Dieux vont être fatisfaits.
Vous le fçavez affez, mon fuperbe courage
S'étoit fait une loi de régner fans partage;
Je tins fur mon hymen l'univers en fufpens;
Et quand la voix du peuple, à la fleur de mes

ans,

Cette voix qu'aujourd'hui le Ciel même feconde, Me preffoit de donner des fouverains au monde; Si quelqu'un put prétendre au nom de mon époux,

Cet honneur, je le fçais, n'appartenoit qu'à

vous.

Vous deviez l'espérer; mais vous putes connaî

tre

Combien Sémiramis craignoit d'avoir un mal

tre;

Je vous fis, fans former un lien fi fatal, Le fecond de la terre, & non pas mon égal. C'étoit affez, Seigneur, & j'ai l'orgueil de croire, Que ce rang auroit pu fuffire à votre gloire. Le Ciel me parle enfin, j'obéis à fa voix; Ecoutez fon oracle, & recevez mes loix. » Babylone doit prendre un face nouvelle, » Quand d'un fecond hymen allumant le flambeau,

»Mere trop malheureuse, époufe trop cruelle, Tu calmeras Ninus au fond de fon tombeau.

C'est ainfi que des Dieux l'ordre éternel s'ex

plique.

Je connais vos deffeins & votre politique: Vous voulez dans l'Etat vous former un parti; Vous m'oppofez le fang dont vous êtes forti; De vous & d'Azéma mon fucceffeur peut naf

tre;

Vous briguez cet hymen ; elle y prétend, peutêtre;

Mais moi, je ne veux pas que vos droits & les

fiens,

Ensemble confondus, s'arment contre les miens;
Telle eft ma volonté, conftante, irrévocable:.
C'est à vous de juger fi le Dieu qui m'accable
A laiffé quelque force à mes fens interdits,
Si vous reconnaissez encor Sémiramis,
Si je peux foutenir la majefté du thrône.
Je vais donner, Seigneur, un maître à Baby-
lone;

Mais foit qu'un fi grand choix honore un autre

ou vous,

Je ferai Souveraine en prenant un époux. Affemblez feulement les Princes & les Mages, Qu'ils viennent à ma voix joindre ici leurs fuf

frages

Le don de mon Empire & de ma liberté,
Eft l'acte le plus grand de mon autorité.
Loin de prévenir, qu'on l'attende en filence.
Le Ciel à ce grand jour attache fa clémence;
Tout m'annonce des Dieux qui daignent se cal-

mer;

Mais c'eft le repentir qui doit les défarmer; Croyez-moi, les remords, à vos yeux méprifables,

Sont la feule vertu qui refte à des coupables; Je vous parais timide & faible; désormais

Connaiffez la faibleffe, elle eft dans les forfaits. Cette crainte n'eft pas honteuse au diadême : Elle convient aux Rois, & fur tout à vousmême ;

Et je vous apprendrai qu'on peut, fans s'avilir S'abaiffer fous les Dieux, les craindre & les

fervir.

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Qu

SCENE VIII.

ASSUR feul.

UELS difcours étonnans! quels projets! quel langage!

Eft-ce crainte, artifice, ou faibleffe, ou cou

rage?

Prétend-elle en cédant rafermir fes deftins? Et s'unit-elle à moi pour tromper mes deffeins? A l'hymen d'Azéma je ne dois point prétendre! C'eft m'affurer du fien, que je dois feul attendre. Ce que n'ont pu mes foins & nos communs forfaits,

L'hommage dont jadis je flattai ses attraits, Mes brigues, mon dépit, la crainte de fa chute, Un oracle d'Egypte, un fonge l'exécute! Quel pouvoir inconnu gouverne les humains! Que de faibles refforts font d'illuftres deftins! Doutons encor de tout; voyons encor la Reine. Sa résolution me paraît trop foudaine,

Trop de foins, à mes yeux, paraiffent l'occuper, Et qui change aisément, eft faible, ou veut

tromper.

Fin du fecond Ade.

*****

ACTE III.

SCENE

I.

Le Théâtre représente un Cabinet du Palais.
SÉMIRAMIS, OTANE.

SEMIRA MIS.

TANE, qui l'eût crû, que les Dieux en colére

Me tendoient en effet une main falutaire ? Qu'ils ne m'épouvantoient que pour se défar

mer?

Ils ont ouvert l'abyfme & l'ont daigné fermer; C'est la foudre à la main qu'ils m'ont donné ma

grace;

Ils ont changé mon fort; ils ont conduit Arzace; Ils veulent mon hymen; ils veulent expier Par ce lien nouveau, les crimes du premier. Non, je ne doute plus que des cœurs ils difpofent.

Le mien vole au-devant de la loi qu'ils m'inpofent.

Arzace! c'en est fait ; je me rends, & je voi Que tu devois régner fur le monde & fur moi,

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SÉMIRA MIS.

Tu fçais qu'aux plaines de Scythic,

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