000000000000000000000000 SCENE IV. ASSUR, CÉDAR. ASSUR. OBLIR! ah! ce mot fait trop rougir mon front; J'en ai trop dévoré l'infupportable affront. Parles, as-tu réuffi? Ces femences de haine, Que nos foins en fecret cultivoient avec peine, Pourront-elles porter, au gré de ma fureur, Les fruits que j'en attends de difcorde & d'hor reur? CEDAR. J'ofe efpérer beaucoup. Le peuple enfin com mence A fortir du refpect & de ce long filence, yous nommer. ASSUR. Chagrins toujours cuifants! honte toujours nouvelle! Quoi! ma gloire, mon rang, mon destin dépend d'elle! Quoi! j'aurai fait mourir & Ninus & fon fils, Pour ramper le premier devant Sémiramis, Pour languir dans l'éclat d'une illuftre difgrace, Près du thrône du monde à la feconde place! La Reine fe bornoit à la mort d'un époux ; Mais j'étendis plus loin ma fureur & mes coups: Ninias en fecret privé de la lumiere, Du thrône où j'afpirois m'entr'ouvroit la barriere, Quand fa puiffante main la ferma fous mes pas. C'eft en vain que flattant l'orgueil de fes appas J'avois cru chaque jour prendre fur fa jeuneffe Cet heureux afcendant que les foins, la foupleffe, L'attention, le temps, fçavent fi bien donner Sur un cœur fans deffein, facile à gouverner; Je connus mal cette ame inflexible & pro fonde; Rien ne la put toucher que l'Empire du monde. ros. Je la vis captiver & le peuple & l'Armée ; Son génie égaré semble s'éloigner d'elle. Ces oracles menteurs d'un Temple méprifable, Que les fourbes d'Egypte ont rendu vénérable. Son encens & les voeux fatiguent les Autels; Elle devient femblable au refte des mortels; Elle a connu la crainte; & j'ai vu fa faibleffe. Je ne puis m'élever qu'autant qu'elle s'abaiffe; De Babylone au moins j'ai fait parler la voix ; Sémiramis enfin va céder une fois. Ce premier coup porté, fa ruine est certaine : Me donner Azéma, c'eft ceffer d'être Reine; Ofer me refufer, fouléve fes Etats; Et de tous les côtés le piége eft fous fes pas. Mais peut-être après tout, quand je crois lą furprendre, J'ai laffé ma fortune à force de l'attendre. CEDAR. Si la Reine vous céde, & nomme un héritier Tout vous porte à l'Empire, & tout parle pour vous. ASSUR. Pour Azéma, fans doute, il n'eft point d'au tre époux. Mais pourquoi de fi loin faire venir Arzace? Environné d'honneurs, & dans la dépendance; Tout m'afflige, une amante: un jeune audacieux; Des Prêtres confultés, qui font parler leurs Dieux; Sémiramis enfin toujours en défiance, Qui me ménage à peine, & qui craint ma pré fence. Nous verrons fi l'ingrate, avec impunité, Il veut fortir. DOOD ooooooooo.........000 OOG SCENE V. ASSUR, OTANE, CEDAR. SEIGNEUR, OTANE. EIGNEUR, Sémiramis vous ordonne d'attendre ; Elle veut en fecret vous voir & vous entendre Et de cet entretien qu'aucun ne foit témoin. ASSUR. A fes ordres facrés j'obéis avec foin, Otane, & j'attendrai la volonté suprême. 200000000000000...ɑno.00 SCENE VI. ASSUR, CEDAR ASSUR. EH! d'où peut donc venir ce changement ex trême ? Depuis près de trois mois je lui semble odieux; Mon afpect importun lui fait baiffer les yeux; Toujours quel que témoin nous voit & nous écoute; De nos froids entretiens, qui lui péfent fans doute, Ses foudaines frayeurs interrompent le cours, Son filence fouvent répond à mes difcours; Que veut-elle me dire? ou que veut-elle apprendre? Elle avance vers nous; c'eft elle. Va m'attendre. SCENE VII. SÉMIRAMIS, ASSUR. SÉMIRAMIS. SEIGNEUR, il faut enfin que je vous ouvre un cœur, Qui long-temps devant vous dévora fa douleur. Quel dégré m'éleva dans ce rang où je fuis. Des Dieux dans mon bonheur j'oubliai la juftice: Elle parle, je céde, & ce grand édifice |