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ARZACE.

J'obéis. Mais j'ignore

Si je puis à fon thrône être introduit encore.

AZÉMA.

Ma voix fecondera mes vœux & votre elpoir; Je fais de vous aimer ma gloire & mon devoir. Que de Sémiramis on adore l'empire,

Que l'Orient vaincu la refpecte & l'admire, Dans mon triomphe heureux j'envîrai peu les fiens.

Le monde eft à fes pieds, mais Arzace eft aux miens.

Allez. Affur paraît.

ARZACE.

Qui? ce traître ! à sa vue

D'une invincible horreur je fens mon ame émue.

SCENE II.

ASSUR, ARZACE, AZÉMA.

ASSUR à Arzace.

UN accueil que des Rois ont vainement

brigué,

Quand vous avez paru, vous eft donc prodigué;
Vous avez en fecret entretenu la Reine;
Mais vous a-t-elle dit que votre audace vaine
Eft un ourrage au thrône, à mon honneur, au

fien;

Que le fort d'Azéma ne peut s'unir qu'au mien;

Qu'à Ninias jadis Azéma fut donnée ;

Qu'aux feuls enfans des Rois fa main eft deftinée;

Que du fils de Ninus le droit m'eft affuré; Qu'entre le thrône & moi je ne vois qu'un degré? La Reine a-t-elle enfin daigné du moins vous dire,

Dans quel piége en ces lieux votre orgueil vous attire,

Et que tous vos refpects ne pourront effacer Les téméraires vœux qui m'ofoient offenser?

ARZACE.

Inftruit à refpecter le fang qui vous fit naître, Sans redouter en vous l'autorité d'un maître, Je fçais ce qu'on vous doit, fur tout en ces

climats,

Et je m'en fouviendrois fi vous n'en parliez pas.
Vos Aïeux, dont Bélus a fondé la nobleffe,
Sont votre premier droit au cœur de la Prin-
ceffe.

Vos intérêts préfens, le foin de l'avenir,
Le befoin de l'Etat tout femble vous unir.
Moi, contre tant de droits qu'il me faut re-
connaître,

J'ofe en oppofer un qui les vaut tous peut-être : J'aime; & j'ajouterois, Seigneur, que mon fecours

A vengé fes malheurs, a défendu fes jours,
A foutenu ce thrône où fon deftin l'appelle,
Si j'ofois comme vous me vanter devant elle.
Je vais remplir fon ordre à mon zéle commis:
Je n'en reçois que d'elle & de Sémiramis.
L'Etat peut quelque jour être en votre puiffance;
Le Ciel donne fouvent des Rois dans fa ven-
geance:

Mais il vous trompe, au moins dans l'un de vos

projets,

Si vous comptez Arzace au rang de vos fujets.

ASSUR.

Tu combles la mesure, & tu cours à ta perte.

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SCENE III.

ASSUR, AZÉMA.

ASSUR.

MADAME, fon audace est trop long-temps

foufferte.

Mais puis-je en liberté m'expliquer avec vous, Sur un fujet plus noble & plus digne de nous?

AZÉMA.

En eft-il? mais parlez.

ASSUR.

Bien-tôt l'Afie entiére

Sous vos pas & les miens ouvre une autre car

riére :

Les faibles intérêts doivent peu nous frapper; L'univers nous appelle, & va nous occuper. Sémiramis n'eft plus que l'ombre d'elle-même, Le Ciel femble abaiffer cette grandeur fuprême; Cet aftre fi brillant, fi long-temps refpecté, Penche vers fon déclin, fans force & fans clarté. On le voit, on murmure, & déjà Babylone Demande à haute voix un héritier du thrône. Ce mot en dit affez; vous connaiffez mes droits Cy

Ce n'eft point à l'amour à nous donner des Rois. Non qu'à tant de beautés mon ame inacceffible,

Se faffe une vertu de paraître infenfible;
Mais pour vous & pour moi, j'aurois trop à
rougir,

Si le fort de l'Etat dépendoit d'un soupir.
Un fentiment plus digne & de l'un & de l'au-

tre,

Doit gouverner mon fort & commander au

vôtre;

Vos Aïeux font les miens; & nous les trahiffons, Nous perdons l'univers fi nous nous divifons. Je peux vous étonner; cet austére langage Effarouche aifément les graces de votre âge; Mais je parle aux héros, aux Rois dont vous fortez,

A tous ces demi-Dieux que vous représentez. Long-temps foulant aux pieds leur grandeur & leur cendre,

Ufurpant un pouvoir où nous devons prétendre, Donnant aux Nations, ou des loix ou des fers, Une femme impofa filence à l'univers.

De fa grandeur qui tombe affermiffez l'ouvrage; Elle eut votre beauté, poffédez fon courage: L'amour à vos genoux ne doit fe préfenter, Que pour vous rendre un fceptre, & non pour vous l'ôter.

C'eft ma main qui vous l'offre ; & du moins je me flatte,

Que vous n'immolez pas à l'amour d'un Sar

mate,

La Majefté d'un nom qu'il vous faut respecter, Et le thrône du monde où vous devez monter,

AZÉMA.

Repofez-vous fur moi, fans infulter Arzace,

Du foin de maintenir la fplendeur de ma race. Je défendrai, fur tout quand il en fera temps, Les droits que m'ont transmis les Rois dont je defcends.

Je connais nos aïeux : mais après tout j'ignore, Si parmi ces héros que l'Affyrie adore,

Il en eft un plus grand, plus chéri des humains, Que ce même Sarmate, objet de vos dédains. Aux vertus, croyez-moi, rendez plus de juftice;

Pour moi quand il faudra que l'hymen m'afferviffe,

C'est à Sémiramis à faire mes destins,

Et j'attendrai, Seigneur, un maître de fes mains.
J'écoute peu ces bruits que le peuple répéte
Echos tumultueux d'une voix plus fecrete;
J'ignore fi vos chefs, aux révoltes pouffés,
De fervir une femme en fecret font laffés.
Je les vois à fes pieds baiffer leur tête altiére;
Ils peuvent murmurer, mais c'eft dans la pouf

fiére.

Les Dieux, dit-on, fur elle ont étendu leurs bras.

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J'ignore fon offenfe, & je ne pense pas,
Si le Ciel a parlé, Seigneur, qu'il vous choififfe
Pour annoncer fon ordre & fervir fa juftice.
Elle régne, en un mot. Et vous qui gouvernez,
Vous prenez à fes pieds les loix que vous don-

nez:

Je ne connais ici que fon pouvoir suprême;
Ma gloire est d'obéir : obéissez de même.

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