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J'ai comblé fes Autels & de dons. & d'encens.
Répare-t-on le crime, hélas! par des préfens?
De Memphis aujourd'hui j'attends une réponse.
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SCENE VI.

SEMIRAMIS, OTANE, MITRANE.
MITRANE.

A Ux portes du Palais, en fecret on annonce

Un Prêtre de l'Egypte arrivé de Memphis.

SEMIRAMIS.

Je verrai donc mes maux ou comblés ou finis.
Allons, cachons fur tout au refte de l'Empire
Le trouble humiliant dont l'horreur me déchire,
Et qu'Arzace à l'inftant à mon ordre rendu,
Puiffe apporter le calme à ce cœur éperdu.

Fin du premier Acte.

ACTE II.

SCENE I

ARZACE, AZÉMA,

AZÉMA.

ARZACE, écoutez-moi : cet Empire indompté

Vous doit fon nouveau luftre, & moi ma li

berté.

Quand les Scythes vaincus réparant leurs défaites,

S'élancérent fur nous de leurs vaftes retraites; Quand mon pere en tombant me laiffa dans leurs fers;

Vous feul portant la foudre au fond de leurs déferts,

Brifâtes mes liens, remplîtes ma vengeance. :Je vous dois tout; mon cœur en eft la récom

penfe.

Je ne ferai qu'à vous; mais notre amour nous

perd.

-Votre cœur généreux trop fimple & trop ou

vert,

A cru qu'en cette Cour, ainfi qu'en votre Ar

mée,

Suivi de vos exploits & de la Renommée, Vous pouviez déployer, fincere impunément La fierté d'un héros & le cœur d'un amant. Vous outragez Affur; vous devez le connaître

Vous ne pouvez le perdre, il menace, il est maître ;

Il abuse en ces lieux de fon pouvoir fatal;
Il eft inexorable... il est votre rival:

ARZAC E.

Il vous aime! qui? lui!

AZÉMA,

Ce cœur fombre & farouche, Qui hait toute vertu, qu'aucun charme ne tou- .

che,

Ambitieux, efclave, & tyran tour à tour,
S'eft-il flatté de plaire, & connaît-il l'amour?
Des Rois Affyriens, comme lui defcendue,
Et plus près de ce thrône où je fuis attendue,
Il pense en m'immolant à fes fecrets deffeins,
Appuyer de mes droits, fes droits trop incer-

tains.

Pour moi, fi Ninias, à qui dès fa naissance Ninus m'avoit donnée aux jours de mon enfance,

Si l'héritier du fceptre à moi feule promis,
Voyoit encor le jour près de Sémiramis,
S'il me donnoit fon cœur, avec le rang fuprême;
J'en attefte l'amour, j'en jure par vous même,
Ninias me verroit préférer aujourd'hui

Un exil avec vous, à ce thrône avec lui.
Les campagnes du Scythe, & fes climats fté-

riles,

Pleins de votre grand nom, font d'affez doux afyles.

Le fein de ces deferts, où naquit notre amour
Eft pour moi Babylone, & deviendra ma Cour,
Peut-être l'ennemi, que cet amour outrage,
A ce doux châtiment ne borne point fa rage,
J'ai démêlé fon ame, & j'en vois la noirceur

Le crime, ou je me trompe, étonne peu fon

cœur.

Votre gloire déjà lui fait affez d'ombrage;
Il vous craint, il vous hait.

ARZACE.

Je le hais davantage; Mais je ne le crains pas, étant aimé de vous. Conservez vos bontés, je brave fon courroux. La Reine entre nous deux tient au moins la balance.

Je me fuis vu d'abord admis en fa présence. Elle m'a fait fentir à ce premier accueil, Autant d'humanité qu'Affur avoit d'orgueil; Et relevant mon front prosterné vers son thrô

ne,

M'a vingt fois appellé l'appui de Babylone.
Je m'entendois flatter de cette augufte voix,
Dont tant de Souverains ont adoré les loix;
Je la voyois franchir cet immenfe intervale,
Qu'a mis entre elle & moi la Majefté Royale.
Que j'en étois touché ! qu'elle étoit à mes yeux
La mortelle après vous la plus femblable aux
Dieux !

AZÉMA.

Si la Reine eft pour nous, Affur en vain menace; Je ne crains rien.

ARZACE.

J'allois, plein d'une noble audace, Mettre à fes pieds mes vœux jufqu'à vous élevés, Qui révoltent Affur, & que vous approuvez. Un Prêtre de l'Egypte approche au moment même,

Des Oracles d'Ammon portant l'ordre fuprêCij

me.

Elle ouvre le billet d'une tremblante main, Fixe les yeux fur moi, les détourne foudain, Laiffe couler des pleurs, interdite, éperdue, Me regarde, foupire, & s'échappe à ma vûe. On dit qu'au défespoir fon grand cœur eft réduit, Que la terreur l'accable, & qu'un Dieu la pourfuit.

Je m'attendris fur elle; & je ne puis compren

dre,

Qu'après plus de quinze ans, foigneux de la défendre,

Le Ciel la perfécute & paraiffe outragé. Qu'a-t-elle fait aux Dieux? D'où vient qu'ils ont changé ?

AZÉMA.

On ne parle en effet que d'augures funeftes,
De mânes en courroux, de vengeances céleftes.
Sémiramis troublée a femblé quelques jours,
Des foins de fon Empire, abandonner le cours:
Et j'ai tremblé qu'Affur en ces jours de trifteffe,
Du Palais effrayé n'accablât la faibleffe.
Mais la Reine a paru; tout s'eft calmé foudain,
Tout a fenti le poids du pouvoir fouverain.
Si déjà de la Cour mes yeux ont quelque ufage,
La Reine hait Affur, l'obferve, le ménage:
Ils fe craignent l'un l'autre, & tout prêts d'é-
clater,

Quelque intérêt fecret femble les arrêter.
J'ai vu Sémiramis à fon nom courroucée:
La rougeur de fon front trahiffoit sa pensée;
Son cœur paraiffoit plein d'un long reffenti-

ment:

Mais fouvent à la Cour tout change en un mo

ment.

Retournez & parlez.

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