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Le Ciel me permettait d'abréger un destin
Néceffaire à mon fils élevé dans mon sein,
Je vous dirais mourons; & lorfque tout fuc-
combe,

Sur les pas de nos Rois, defcendons dans la tombe.

ZAMTI.

Après l'atrocité de leur indigne fort,
Qui pourroit redouter & refufer la mort?
Le coupable la craint, le malheureux l'appelle,
Le brave la défie, & marche au devant d'elle,
Le fage, qui l'attend, la reçoit fans regrets.

IDAMÉ.

Quels font en me parlant vos fentimens fecrets? Vous baiffez vos regards, vos cheveux fe hériffent,

Vous pâliffez, vos yeux de larmes fe rempliffent; Mon cœur répond au vôtre, il fent tous vos

tourmens :

Mais que réfolvez-vous ?

ZAMTI.

De garder mes fermens. Auprès de cet enfant, allez, daignez m'attendre.

IDAMÉ.

Mes prières, mes cris pourront-ils le défendre?

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SCENE VI.

ZAMTI, ÉTAN.

ΕΤΑ Ν.

ETAN.

SEIGNEUR, votre pitié ne peut le conferver,

Ne fongez qu'à l'Etat que fa mort peut fauver:
Pour le falut du peuple il faut bien qu'il periffe,

ZAMTI.

Oui... je vois qu'il faut faire un triste sacrifice.
Ecoute: cet Empire eft-il cher à tes yeux ?
Reconnais-tu ce Dieu de la terre & des cieux,
Ce Dieu que fans mêlange annonçaient nos
ancêtres,

Méconnu par le Bonze, infulté par nos maîtres?
ÉTAN.

Dans nos communs malheurs il eft mon feal

appui ;

Je pleure la Patrie, & n'efpere qu'en lui.

ZAMTI.

Jure ici par fon nom, par fa toute-puiffance,
Que tu conferveras dans l'éternel filence
Le fecret qu'en ton sein je dois ensevelir.
Jure moi que tes mains oferont accomplir
Ce que les intérêts, & les loix de l'Empire,
Mon devoir & mon Dieu, vont par moi to
prescrire.

ÉTAN.

Je le jure ; & je veux, dans ces murs désolés

Voir nos malheurs communs fur moi feul affemblés,

Si trahiffant vos vœux, & démentant mon zéle, Ou ma bouche, ou ma main, vous était infidéle.

ZAMTI.

Allons, il ne m'est plus permis de reculer.
ÉTAN.

De vos yeux attendris je vois des pleurs couler.
Hélas! de tant de maux les atteintes cruelles
Laiffent donc place encore à des larmes nou-
velles?

ZAMTI.

On a porté l'arrêt, rien ne peut le changer.

ÉTAN.

On preffe, & cet enfant qui vous est étranger....

ZAMTI.

Etranger!lui? mon Roi!

ÉTAN.

Notre Roi fut fon pere;

Je le fçai, j'en frémis: parlez : que dois-je faire?

ZAMTI.

On compte ici mes pas; j'ai peu de liberté,
Sers-toi de la faveur de ton obfcurité.
De ce dépôt facré tu fçais quel eft l'afyle;
Tu n'es point obfervé; l'accès t'en eft facile.
Cachons pour quelque temps cet enfant pré-
cieux

Dans

Dans le fein des tombeaux bâtis par nos aïeux. Nous remettrons bientôt au Chef de la Corée Ce tendre rejerton d'une tige adorée.

Il peut ravir du moins à nos cruels vainqueurs Ce malheureux enfant, l'objet de leurs terreurs. Il peut fauver mon Roi. Je prends fur moi le refte.

ÉTAN.

Et que deviendrez-vous fans ce gage funefte? Que pourrez-vous répondre au vainqueur irrité ZAMTI.

J'ai de quoi fatisfaire à sa férocité.

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Songe au Roi que tu dois conferver: Prends mon fils... que fon fang... je ne puis

achever.

ÉTAN.

Ah! que m'ordonnez-vous ?

Tom. IV.

T

ZAMTI.

Refpecte ma tendreffe,
Refpecte mon malheur, & fur tout ma faibleffe
N'oppofe aucun obftacle à cet ordre facré;
Et remplis ton devoir après l'avoir juré.
ÉTAN.

Vous m'avez arraché ce ferment téméraire.
A quel devoir affreux me faut-il satisfaire ?
J'admire avec horreur ce deffein généreux;
Mais fi mon amitié....

ZAMTI.

C'en eft trop, je le veux, Je fuis pere; & ce cœur, qu'un tel arrêt déchire, S'en eft dit cent fois plus que tu ne peux m'en

dire.

J'ai fait taire le fang; fais taire l'amitié.

Pars.

ÉTAN.

Il faut obéir.

ZAMTI.

Laiffe-moi par pitié.

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