Dans la nuit de la tombe elle eft enfevelie. Aifément des mortels ils ont féduit les yeux; Mais on ne peut tromper l'œil vigilant des Dieux, Des plus obfcurs complots il perce les aby fmes. ARZACE. Ah! fi ma faible main pouvoit punir ces crimes! Je ne fçai; mais l'afpect de ce fatal tombeau, Dans mes fens étonnés porte un trouble nou veau: Ne puis-je y confulter ce Roi qu'on y révere? ORO É S. Non, le Ciel le défend; un oracle févere Je n'en puis dire plus ; des pervers éloigné, J'ai dit ce que j'ai dû; tremblez, qu'en ces remparts, Une parole, un gefte, un feul de vos regards, La grande porte du Palais s'ouvre, & ferem Déjà le Palais s'ouvre ; on entre chez la Reine; Vous voyez cet Affur, dont la grandeur hautaine Traîne ici fur fes pas un peuple de flatteurs. A qui, Dieu tout-puiffant! donnez-vous les grandeurs? O monftre! ARZACE. Quoi, Seigneur ! OROÉS. Adieu. Quand la nuit fombre Sur ces coupables murs viendra jetter fonombre, Je pourrai vous parler en présence des Dieux: Redoutez-les, Arzace: ils ont fur vous les yeux. ARZACE fur le devant du Théâtre avec Mitrane, qui reste auprès de lui. ASSUR vers un des côtés, avec Cédar 5 sa suite. D ARZACE. E tout ce qu'il m'a dit que mon ame eft émue ! Quels crimes! quelle Cour! & qu'elle eft peu connue! Quoi, Ninus! quoi? mon maître eft mort empoifonné! Et je ne vois que trop qu'Affur eft soupçonné. MITRANE approchant d'Arzace.. Des Rois de Babylone Assur tient sa naissance Sa fiere autorité veut de la déférence : Devant lui! ASSUR dans l'enfoncement à Cédar. Metrompai-je, Arzace à Babylone? Sans mon ordre ! qui? lui! tant d'audace m'é Approchez; quels intérêts nouveaux, Vous font abandonner vos camps & vos dra peaux ? Des rives de l'Oxus, quel fujet vous améne? ARZACE. Mes fervices, Seigneur, & l'ordre de la Reine. ASSUR. Quoi! la Reine vous mande? ARZACE. Oui. ASSUR. Mais fçavez-vous bien Que pour avoir fon ordre on demande le mien? ARZACE. Je l'ignorois, Seigneur, & j'aurois pensé même Bleffer, en le croyant, l'honneur du diadême. Pardonnez; un foldat eft mauvais courtisan: Nourri dans la Scythie aux plaines d'Arbazan, J'ai pu fervir la Cour, & non pas la connaître. ASSUR. L'âge, le temps, les lieux vous l'apprendront peut-être : Mais ici par moi seul aux pieds du thrône admis, Que venez-vous chercher près de Sémiramis? ARZAC E. J'ose lui demander le prix de mon courage, L'honneur de la fervir. ASSUR. Vous ofez davantage : Vous ne m'expliquez pas vos vœux présomp tueux; Je fçais pour Azéma vos deffeins & vos feux; ARZACE. Je l'adore fans doute, & fon cœur où j'afpire, Eft d'un prix à mes yeux au deffus de l'Empire: Et mes profonds respects, mon amour.......... ASSUR. Arrêtez. Vous ne connaiffez pas à qui vous infultez. Je veux bien par pitié vous donner un avis; Vous m'avez entendu, frémiffez, téméraire Mes droits impunément ne font pas offenfés. ARZACE. J'y cours de ce pas même, & vous m'enhardiffez: C'eft l'effet que fur moi fit toujours la menace. Quels que foient en ces lieux les droits de votre place, Vous n'avez pas celui d'outrager un foldat, Qui fervit & la Reine, & vous-même, & l'Etat. Je vous parais hardi; mon feu peut vous dé plaire; Mais vous me paraiffez cent fois plus téméraire, Vous, qui fous votre joug prétendant m'acca bler, Vous croyez affez grand pour m'avoir fait trembler. ASSUR. Pour vous punir, peut-être; & je vais vous apprendre, Quel prix de tant d'audace un fujet doit atten dre. |